Le vol de la couronne de la Vierge de Fourvière il y a cinq ans avait été un traumatisme pour les Lyonnais. Il faut dire qu'au-delà de l’objet de valeur, il s’agissait surtout d’un objet très symbolique puisque la couronne était intégralement sertie de pierres de toutes tailles et toutes valeurs, offertes par les femmes de la ville en remerciement à la Vierge. Une fois le choc passé, les Lyonnais se sont de nouveau mobilisés, organisant une collecte pour offrir une nouvelle couronne à celle qui domine la ville sur la colline qui prie.
C’est donc en présence du nonce apostolique Mgr Célestino Migliore et de Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, que la Vierge a de nouveau été sacrée, au cours d’une messe ce 1er décembre, avec une nouvelle couronne réalisée des mains de l’artiste Goudji, devant près de 900 personnes. Si l’artiste a choisi les seize pierres qui ornent cette couronne d’argent, royale à cinq fleurons comme celle de l’époque médiévale, en son cœur a été insérée une toute petite pierre de la couronne originale, qui avait été retrouvée par hasard dans les débris de verre lors de son vol dans le musée de Fourvière en 2017.
Une symbolique qui bouleverse notamment Marie, 65 ans, Lyonnaise de toujours. "Mes aïeux avaient participé à la première couronne en donnant une pierre, pour moi il était donc évident d’y participer à mon tour, et ce soir je suis très émue car je sens la continuité de l’attachement de ma famille à la Vierge Marie". Un attachement qui a effectivement traversé les générations, comme le confirme Marine-Sophie, 29 ans, présente également à la messe. "Si j’avais su qu’une collecte pour la nouvelle couronne avait été lancée, j’y aurai participé avec joie car pour moi, c’est extrêmement symbolique et en tant que Lyonnaise, je suis très attachée à Notre-Dame de Fourvière et très heureuse de participer ce soir à cette célébration qui me semble historique".
Un immense "Merci Marie" au-dessus de la ville
Symbolique, cette soirée du 1er décembre à Fourvière l’était à plusieurs niveaux. Les Lyonnais ont pu également assister à l’allumage de l’immense "Merci Marie" qui surplombe la ville chaque soir de décembre ainsi qu’à la bénédiction par le Nonce de la crèche des Lyonnais, installée dans la crypte de la basilique, et qui représente en santon des personnalités de l’église lyonnaise comme sainte Blandine, saint Irénée ou encore le saint curé d’Ars. Cette année, trois nouveaux personnages, réalisés par l’artiste Estelle Reverchon, étaient présentés : Alice Munet, Henri de Lubac et l’Abbé La Mache.
A l’issue de la messe, Mgr Olivier de Germay en a profité pour envoyer en mission tous les Lyonnais actifs pour la fête du 8 décembre à venir, rappelant que Fourvière est un lieu de passage et de prière pour les chrétiens mais pas seulement. "Ils sont nombreux à venir, de toutes les religions, pour se recueillir ou mettre une bougie dans ce lieu qui apaise et appelle à la transcendance". Et ce n’est pas Djibrill, 29 ans, qui dira le contraire. Venu par hasard avec un ami pour découvrir le site, arrivant tout juste de Bordeaux pour commencer un nouveau travail à Lyon, le voilà qui découvre la ferveur de Lyonnais et leur attachement à Marie. "Si je suis plutôt de religion musulmane, j’avoue que ça me touche de voir tous ces gens ce soir et cette fête autour de Marie, Myriam pour nous." Djibrill a assisté aux premières loges au feu d'artifice lancé pour annoncer cette entrée en Avent, vers la fête du 8 décembre, si chère au cœur des habitants. Le sacre de Marie en ce 1er décembre 2022 restera marqué assurément dans les mémoires. "C’était si beau cette messe, demain je montrerai les photos à mon travail, puisque l'archevêque nous a envoyé en mission", sourit la Guadeloupéenne Magguy, agent d’entretien à l'hôpital, qui redescend en funiculaire après cette soirée lumineuse.