À l’occasion de la fête de tous les saints, le Pape, devant une importante foule rassemblée sur la place Saint-Pierre, a vivement critiqué une "vision stéréotypée" de la "sainteté d’image d’Épinal" qui veut que les saints soient des êtres "parfaits, toujours droits, précis, “amidonnés”". Au contraire, a-t-il souligné, les saints connaissent "une vie à contre-courant et révolutionnaire". Pour cela, les Béatitudes sont leur "carte d’identité", a insisté le pape François, démontrant son propos en commentant celle – "très actuelle" – qui affirme : "Heureux les artisans de paix". La paix que demande le Christ, a expliqué le Pape, n’est pas celle qui est vécue, celle de l’homme qui est "en paix", mais celle de celui qui avec "engagement, collaboration, patience", va donner naissance à la paix.
La paix ne vient pas "par la force et le pouvoir" en "conquérant ou en vainquant quelqu’un, elle n’est jamais violente, elle n’est jamais armée", a insisté le pontife, qui défend depuis plusieurs mois cette ligne pour mettre fin au conflit qui déchire l’Ukraine et d’autres guerres dans le reste du monde. "Ceux qui l’emportent restent les mains vides", a-t-il prévenu. Au contraire, a-t-il affirmé, les vies de saints "nous disent que la semence de la paix, pour croître et porter du fruit, doit d’abord mourir". Ainsi, la paix "pousse dans le silence, jour après jour, à travers les œuvres de miséricorde". "Ceux qui aiment tout le monde et ne blessent personne gagnent", a-t-il insisté, et deviennent "fils de Dieu" comme l’affirment les Béatitudes.
Devenir artisans de paix signifie donc d’abord "démilitariser les champs du cœur", a souligné le pape François. Il faut pour cela enlever en nous les "pensées agressives", les "mots tranchants", les "bavardages qui empoisonnent" ou encore les "barbelés de la plainte et les murs de béton de l’indifférence" avec lesquels l’homme pense se défendre. Au contraire, chercher la paix consiste à pardonner à ceux qui nous ont offensés, à prendre soin de ceux qui sont en marge, à réparer les injustices "en aidant ceux qui ont moins", a martelé le pontife. Pour cela, il a invité à s’ouvrir à celui qui est "notre paix", Jésus, et à recevoir de lui le pardon et la paix dans la confession. Dans la grâce qu’il nous donne alors commence le chemin de sainteté, a-t-il conclu.
Après avoir récité la prière mariale de l’Angélus, le pape François a lancé un appel pour l’Ukraine " martyrisée", exhortant à ne pas oublier son sort actuel. Il a demandé à tous de prier pour que ce pays connaisse à nouveau la paix.