separateurCreated with Sketch.

Attaques terroristes, enlèvements… le Mozambique à l’heure de la peur

Intérieur de l'église vandalisée.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Maria Lozano - AED - publié le 19/09/22
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Après l’assassinat d’une religieuse italienne début septembre lors d’une attaque à mains armées contre la mission de Chipene, dans le diocèse de Nacala, les chrétiens du pays vivent dans un climat de peur et craignent d'être visés par de nouvelles attaques.

Sœur Maria de Coppi, une religieuse combonienne qui était au Mozambique depuis 59 ans, a été tuée dans la nuit du 6 au 7 septembre lors de l’attaque de la mission Chipene où elle travaillait. L’assaut a commencé à 21 heures et s'est terminé à 2 heures du matin. Non seulement l’église de la mission a été incendiée et détruite, mais aussi l’école, le centre de santé, les maisons des prêtres et des religieuses, la bibliothèque, les pensionnats pour garçons et filles et les véhicules de la mission. "Ils ont tout détruit", a déclaré par téléphone Mgr Alberto Vera, évêque de Nacala, au siège portugais de l’AED.

"Les assaillants ont volé le tabernacle et vandalisé une partie de la sacristie, à la recherche de quelque chose de valeur, probablement de l’argent", a déclaré l’évêque. L’évêque a également partagé ses doutes quant aux raisons d’une telle attaque. "C’est un grand coup pour eux parce qu’il y avait des religieux étrangers... Les terroristes sont à la recherche d’une publicité internationale", reprend-t-il. "Mais je ne suis pas certain que ce soit uniquement contre l’Église. Ce qu’ils ont fait était un acte de terreur." 

Au moment de l’attaque, au moins trois religieuses, deux Italiennes et une Espagnole, se trouvaient à Chipene, ainsi que deux prêtres italiens. Comme la situation dans la région était devenue dangereuse, les 35 garçons de l’internat avaient été évacués un peu plus tôt, de même qu’une bonne partie des 45 filles, dont la plupart étaient retournées dans leurs familles. Cependant, douze filles étaient restées dans la mission. 

Selon les derniers témoignages recueillis par l’AED auprès de missionnaires locaux, les terroristes sont arrivés chez les sœurs et les ont forcées à partir. Une autre des religieuses s’est enfuie avec les internes. Alors que Sœur Maria quittait la maison, elle a pensé aux petites filles qui devaient être derrière la maison et est revenue. C’est alors qu’ils l’ont tuée. Les lignes téléphoniques ont également été coupées, rendant impossible toute communication avec la mission pendant plusieurs heures, a expliqué l’évêque.

Le Mozambique souffre depuis 2017 d’une insurrection islamiste qui a fait près de 4.000 morts et des centaines de milliers de déplacés. Concentrées principalement dans le nord de la province de Cabo Delgado, la plus septentrionale du Mozambique, ces récentes attaques confirment que les terroristes se sont répandus plus au sud de cette région, atteignant la province voisine de Nampula. 

L’État islamique de plus en plus violent

L’attaque contre la mission catholique est survenue quelques heures seulement après que certaines villes de la province de Nampula eurent également été ciblées par la violence terroriste, faisant plusieurs morts et des dizaines de maisons incendiées.

"Depuis le mois de juillet de cette année, il semble que l’État islamique ait pris les rênes du groupe qui agit dans la région. Il y avait auparavant quelques indices à ce sujet, mais ce n'était pas tout à fait clair. Pour nous, la situation est plus sensible que l’année dernière, parce que les chrétiens commencent maintenant à être des cibles, et la guerre prend une dimension plus religieuse. [...] Avec eux, le dialogue est nul, et s’ils finissent par assimiler le groupe, nous pensons qu’il sera difficile de dialoguer avec eux", a expliqué au siège international de ACN un missionnaire de Pemba que la fondation préfère laisser anonyme, compte tenu des circonstances difficiles dans la région.

Escalade de la violence

Ulrich Kny, chef de projet de l’AED pour le Mozambique, qui a visité le diocèse de Pemba et le diocèse de Nacala à la fin de l’année dernière, lorsque le sud du diocèse de Pemba et la province de Nampula étaient encore considérés comme relativement sûrs et accueillaient des milliers de déplacés internes en provenance du nord de la région de Cabo Delgado, confirme que la situation s’est détériorée depuis. "La propagation de la terreur dans la province de Nampula ces dernières semaines et le fait que, pour la première fois depuis le déclenchement de la soi-disant "insurrection", une religieuse ait été tuée par des terroristes, augmentent notre inquiétude quant à l'extension de ce terrorisme à tout le nord du pays», a déclaré Ulrich Kny. "En outre, nous constatons que la composante religieuse devient de plus en plus importante pour les terroristes". 

Les inégalités sociales et économiques de la région constituent selon lui l’un des problèmes : "Toute la région, avec ses richesses minières et la coexistence jusque-là pacifique entre musulmans et chrétiens, devrait en fait offrir un grand potentiel de développement, mais l’abandon et l’appauvrissement de larges pans de la population constituent un dangereux terrain fertile pour la radicalisation des jeunes."

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)