En première année de la faculté de médecine, Claudia n’a pas croisé un seul étudiant catho. "Cette année, j’espère que je serai moins seule. Le déménagement à Paris, alors que je viens d’une petite ville de province, ne m’a pas aidé. C’est un peu la jungle où l’on se sent parfois terriblement seule… Il faut dire que les soirées arrosées entre étudiants ne sont pas vraiment très inspirantes sur le plan spirituel…", confie-t-elle avec une certaine amertume.
Pour Mayeul, étudiant en sciences politiques, assumer sa foi auprès des camarades qui se disent souvent athées ne lui pose pas de problème. "J’aime bien débattre, discuter, présenter mes arguments et tenter même de convaincre certains. Mais ce qui me manque le plus, c’est d’avoir des amis qui partagent la même foi que moi et avec qui je pourrais échanger en profondeur de nos choix de vie, de nos visions du monde, et aussi de pouvoir prier ensemble. Quand on va étudier dans une autre ville, il n’est pas facile de trouver un cercle de personnes de confiance. Le fait de vivre dans une société où la foi se vit dans la sphère personnelle ne le facilite pas", reconnaît-il.
L’âge étudiant est un âge paradoxal où la liberté et la légèreté se mélangent avec la gravité. Car il s’agit d’un âge de conversion, celui des choix de vie importants.
Dans l’imaginaire collectif, le temps d’études est le plus souvent synonyme de liberté, de légèreté, d’amitiés et d’histoires d’amour… La réalité s’avère plus nuancée. Être étudiant signifie souvent changer de ville, de pays, se retrouver sans repère dans un univers nouveau, s’adapter aux règles qui sont loin de celles vécues au sein de sa famille. "L’âge étudiant est un âge génial mais assez grave du point de vue existentiel. Un âge paradoxal où la liberté et la légèreté se mélangent avec la gravité. Car il s’agit d’un âge de conversion, celui des choix de vie importants. Que vais-je faire de ma vie ? C’est une question angoissante. Le jeune étudiant ne trouvera pas la réponse à cette question dans les soirées trop arrosées. Au contraire, elles pourront le détourner de ses défis essentiels : mieux se connaître, trouver sa vocation, trouver sa voie dans l’Église. Si on ne se les pose pas au moment des études, elles reviendront plus tard", explique à Aleteia le père Thibaut de Rinquesen, aumônier de la Sorbonne et de différentes grandes écoles parisiennes. Il ajoute cette précision importante : "Qu’on soit pratiquant ou loin de la foi, cet âge est propice pour rencontrer le Christ."
Seulement, comment ne pas tomber dans la spirale de doute, de la déprime et même des combats spirituels ? Comment avancer sereinement et bien garder le cap ? Voici le kit de survie spirituelle pour étudiant catho :
1Rejoindre des groupes d’étudiants catho
"On ne peut pas être chrétien seul. Dans le désert, seul, on n’a pas l’équipement pour survivre. Comme tout le monde cherche de l’eau, on a besoin de celui qui a la gourde, de l’autre qui a la carte et encore d’un autre qui a la boussole. Et c’est ensemble qu’on crée une communauté solide qui pourra affronter les éléments", souligne le père Thibaut de Rinquesen. Peu importe le campus, il y a toujours non loin une aumônerie, un groupe de prière, d’adoration, d'évangélisation ou encore de formation comme, par exemple, le parcours Even, pour se ressourcer, rencontrer un prêtre ou recevoir les sacrements. Ces rendez-vous, la plupart hebdomadaires, peuvent rapidement devenir un véritable pilier spirituel indispensable de la semaine. "Il est difficile parfois de prendre la décision tout seul pour rejoindre un groupe de prière ou une aumônerie d’étudiants. Pour réussir, cela vaut la peine de chercher des alliés. Le bouche-à-oreille fonctionne d’ailleurs très bien", poursuit le religieux.
2Créer des amitiés (aussi) spirituelles
Il ne s’agit pas de faire de l’entre soi, mais de développer de belles amitiés avec ceux qui pourront vous tirer vers le haut. "Elles permettront de ne pas oublier tout ce qu’on a reçu. Dieu a forcément mis dans l’entourage de chaque étudiant quelqu’un de solide sur le plan de la foi, pour qu’il puisse aider celui qui se sent vulnérable et isolé. Ce n’est pas automatiquement un prêtre, mais plutôt l’un des camarades d’études. Il suffit d’observer pour le reconnaître : peut-être grâce à son attitude joyeuse ou à son esprit bienveillant ?
3Se laisser attirer par les bons "influenceurs"
Le premier pas à faire dès que les groupes d’étudiants commencent à se constituer, c’est de trouver ceux qui ont un charisme particulier : une joie qu’ils manifestent, une confiance qu’ils dégagent, une sérénité qui apaisent ceux qui le composent. "Cela vaut la peine de se poser la question d’où vient leur rayonnement ? Comment expliquer leur charisme ? Se laisser attirer par ces bons "influenceurs" est essentiel pour ne pas tomber dans le doute ou la déprime. "Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira" (Mt, 7,7).
4Décliner les invitations ambigües
Une soirée au thème ambigü ? Si votre petite voie intérieure vous dit de ne pas y aller, il vaut mieux l’écouter et savoir éviter les dangers. On peut très bien avoir une vie riche et bien remplie tout en refusant de temps en temps certaines invitations par prudence. Une occasion de profiter de ce temps pour travailler son mémoire, rechercher des stages ou aller se ressourcer spirituellement dans l’église la plus proche, ou enfin se décider à rejoindre un groupe de prière.
5Faire une halte spi entre deux semestres
Pourquoi ne pas profiter des vacances pour se ressourcer le corps et l’âme ! Une halte dans un monastère, une session à Paray-le-Monial, la route de Saint-Jacques de Compostelle autant d’occasions de rebooster sa foi et rencontrer le Christ à travers les personnes rencontrées à cette occasion. Une autre idée ? Suivre une retraite ou une formation en ligne. Depuis la crise sanitaire, les propositions de la part de nombreuses communautés monastiques et institutions fleurissent. Dissipant les inquiétudes, elles peuvent aider à discerner et permettre de retrouver la paix intérieure, la gratitude et la joie.
6Elever son âme en bouquinant
Il est bon de lire, entre deux thrillers et un traité de physique nucléaire, un livre spirituel que l’on aura choisi seul ou sur les conseils de son père spi. Vie de saint, traité de théologie ou commentaire des Évangiles, chacun trouvera ce dont il a besoin pour former son âme, autant que les études qui forment les esprits. La lecture de la Bible est tout aussi salutaire puisqu’elle vous rend particulièrement disponible à la parole de Dieu.
7Avoir une routine spi avant les cours
Les minutes qui suivent le réveil sont décisives pour influencer le reste de la journée. À ce compte-là, il est précieux de mettre au point une routine. Pour commencer sa journée et avant toute autre chose, rien de mieux que de prendre dix minutes pour prier en silence. C’est un peu comme remettre les compteurs à zéro. C’est se retrouver soi-même, retrouver son souffle intérieur. Il faut d’abord faire l’expérience d’un calme qui ouvre la poitrine et qui déploie la respiration. Dans son livre Les voies du silence, le frère dominicain Rémi Chéno révèle que cette descente en soi-même permet de se mettre en présence de Dieu. Lorsqu’on comprend que ce silence est la voix même de Dieu, alors on peut le goûter, l’aimer et le savourer. C’est le plus beau cadeau du matin, pour ressortir boosté et centré sur l’essentiel.