Les quêtes de vengeance ont souvent de tristes fins, pour le coupable comme pour le vengeur. Mais il arrive qu’elles se transforment en histoire extraordinaire. En 1016, Jean Gualbert est un chevalier italien de Florence. Élevé dans la piété, il la délaisse rapidement pour une vie de plaisir. Mais une tragédie le frappe. Son frère Hugues est tué lors d’une querelle avec un gentilhomme. La coutume de l’époque exige qu’il soit vengé afin que l’honneur de la famille soit préservé. Fou de chagrin et aveuglé par la rage, Jean jure de retrouver le coupable et de lui faire payer son crime.
Un Vendredi saint, alors que Jean chevauche avec quelques compagnons, il croise au détour d’un chemin le gentilhomme. Sans hésitations, il met pied à terre et dégaine son épée. Le gentilhomme qui ne porte pas d’armes, tombe à genoux les bras en croix et attend son heure. Au moment de porter le coup de grâce, Jean se fige devant le regard résigné du gentilhomme. Soudain, c’est le Christ qui se tient devant lui. D’un seul coup, la colère le quitte. Jean lâche son épée et relève le gentilhomme sous les yeux ébahis de ses compagnons. Il l’embrasse et lui pardonne.
Ce pardon transforme Jean pour toujours. Il abandonne les armes et devient moine bénédictin, malgré l’opposition de sa famille. En 1038, il fonde l’ordre de Vallombreuse et fait construire une abbaye du même nom. Il combat toute sa vie la simonie (commercialisation de biens spirituels). Jean Gualbert s’éteint en 1073, plein de cette miséricorde qui le frappa alors qu’il cherchait à se venger.