"Des étudiants musulmans dans le nord-ouest du Nigeria ont tué par lapidation une étudiante chrétienne, puis brûlé son corps, après l'avoir accusée de blasphème contre le prophète Mahomet", a indiqué jeudi 12 mai la police locale de l’État de Sokoto, où la charia s’applique parallèlement au droit commun, comme dans d'autres États du nord musulman conservateur du Nigeria.
Des dizaines d'étudiants de l'école Shehu Shagari sont devenus furieux à la lecture d'un commentaire posté sur les réseaux sociaux par Déborah Samuel, une de leurs comparses chrétienne, le considérant comme offensant à l'égard du prophète Mahomet, a indiqué dans un communiqué Sanusi Abubakar, le porte-parole de la police de Sokoto. "Les étudiants l'ont sortie de force de la pièce où elle avait été mise en sécurité par les responsables éducatifs, l'ont tuée et ont brûlé le bâtiment", a ajouté ce porte-parole.
Une épouvantable vidéo de la scène, partagée sur les réseaux sociaux, montre l'étudiante morte, vêtue d'une robe rose, allongée face contre terre parmi des dizaines de pierres jetées par ses poursuivants. On y voit également une foule fouettant le corps tout en criant des insultes avant d'empiler des pneus usés sur le corps et d'y mettre le feu au cri de "Allah Akbar". La police a indiqué que tous les suspects identifiés sur cette vidéo seraient arrêtés, et le gouvernement local a ordonné la fermeture immédiate de l'école afin de déterminer "les causes anciennes et immédiates" de cette affaire.
Les chrétiens pris en étau
La charia a été instaurée en 2000 dans douze États du nord nigérian. Ces tribunaux islamiques, qui fonctionnent parallèlement au système judiciaire étatique, ont déjà prononcé des condamnations à mort pour adultère, blasphème ou homosexualité, sans qu'aucune exécution n'ait eu lieu jusqu'à présent. Les chrétiens se retrouvent pris en étau par les sectes islamistes qui imposent la charia et des groupes terroristes. D’après plusieurs sources, depuis 2015, ils sont plus de 12.000 à avoir été assassinés. Si de nombreuses ONG ont quitté les zones dangereuses, l’Église catholique et ses institutions se retrouvent souvent les seules alternatives fiables pour apporter de l’aide aux populations sur le terrain.