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Milan, 386, l’improbable Semaine sainte de Saint Ambroise

saint ambroise

Portrait de Saint Ambroise, évêque de Milan, par Mathias Stomer, vers 1633-1639 – Musée des Beaux-Arts de Rennes.

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Aliénor Goudet - publié le 12/04/22
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À l’approche de Pâques 386, la mère de l’empereur Valentinien, arienne convaincue, cherche à perdre Ambroise (339-397), évêque de Milan. Elle exige qu’il lui cède une basilique. Face à son refus, elle envoie ses soldats saisir la basilique. Mais c’était sans compter sur l’aide des fidèles.

Italie, 386. C’est le dimanche des Rameaux à Milan. Les chrétiens retournent chez eux après la messe et se réjouissent à l’approche de la Semaine sainte. Ils sont si joyeux que peu d’entre eux remarquent la mine inquiète de leur évêque. Ambroise est depuis ce matin très distrait. Il ne peut s’empêcher de penser à la missive que l’empereur lui a adressé.

Certes, ce Valentinien Ier n’est encore qu’un enfant. Mais il est sous la tutelle de sa mère, Justine. Celle-ci est fidèle à l’hérésie arienne. Cette doctrine se veut chrétienne mais elle nie surtout la divinité du Christ et rejette le lien sacré du Père et du Fils. Maintenant que son fils est assis sur le trône, l’impératrice compte bien utiliser son influence pour soutenir l’hérésie. D’où le message de mauvaise augure qu’elle a fait envoyer à Ambroise.

Un piège pour perdre l’évêque

Comme évêque de Milan, Ambroise dispose de trois basiliques. Deux à l’intérieur de la ville et une à l’extérieur. Dans sa lettre, l’impératrice exige qu’Ambroise lui cède la basilique extra muros, Portienne, afin que les homéens, c'est à dire les partisans de l’arianisme historique, puissent y célébrer Pâques. Cette demande n’est pas uniquement un ultimatum. C'est surtout un piège pour faire tomber Ambroise et redonner le pouvoir à l’arianisme. 

Il n’y a pas de bonne réponse à cette question. Si Ambroise cède à cette infâme requête, il perd de son crédit en laissant l’hérésie gagner, ce qui affaiblirait grandement l’orthodoxie. Et s’il refuse, alors il deviendrait un traître envers le pouvoir, et se présenterait comme un ennemi de l’empereur. 

Malgré cela, Ambroise connaît déjà la réponse. Il la fait parvenir à l’impératrice sans attendre. Il n’est pas question de céder quoi que ce soit à l’hérésie ! Ni la basilique Portienne, ni aucune autre. En envoyant cette lettre, l’évêque sait qu’il risque gros. Une condamnation à mort est presque certaine. Mais il ne regrette aucunement de choisir le Christ et sa véritable divinité. Aucun régent sur cette terre ne saurait le faire blasphémer ! 

Les basiliques otages

En lisant la réponse d’Ambroise, l’impératrice sourit victorieusement. Maintenant qu’Ambroise s’est publiquement opposé à l’empereur, elle peut officiellement passer à l’acte sans scrupule. Quelques jours plus tard, une centaine de soldats romains sont envoyés à Portienne afin de saisir la basilique. 

Mais qu’elle n’est pas leur surprise lorsqu’il découvre en arrivant que les chrétiens nicéens se sont barricadés à l’intérieur. En effet, en quelque jours, les rumeurs se sont répandues comme une traînée de poudre parmi les fidèles nicéens, les partisans de l’orthodoxie. En apprenant le mouvement des troupes romaines et le danger que courrait leur évêque, ils n’ont pas hésité à se rendre à la basilique pour l’occuper avant l’arrivée des soldats.  

Le mercredi saint, les basiliques Neuve et Vieille sont également occupées par les fidèles. Même Ambroise se retrouve coincé dans la basilique Vieille. Assiégés, lui et ses fidèles y passent la nuit et l’évêque guide les hymnes et les psaumes. 

Devant la volonté des fidèles, l’inflexibilité d’Ambroise et la présence de nombreux chrétiens nicéens parmi les soldats, Justine finit par renoncer à la basilique et retire ses troupes. Si l’empereur Valentinien n’oubliera pas cet affront, ce jour marque une victoire certaine de l'orthodoxie.

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