Alors que les fidèles font mémoire le 2 novembre des défunts de leur famille, Aleteia a décidé cette année de faire dire gracieusement une messe spéciale pour les proches disparus de ses lecteurs et offrir ainsi une occasion de communion et de consolation spirituelle à des millions de personnes à travers le monde. Cette messe sera célébrée le 10 novembre à 8h30 au monastère du Couvent de l’Incarnation à Ávila (Espagne). La communauté des Carmes déchaux, où sainte Thérèse d’Avila a vécu pendant trente ans, confiera les intentions des lecteurs de Aleteia.
"Les religieuses et religieux contemplatifs sont un rappel de la présence de Dieu dans notre monde sécularisé", explique à Aleteia Mgr José María Gil Tamayo, évêque d’Avila, invitant à apprécier le service que les religieux et religieuses contemplatifs rendent à l'Église et au monde. "Les contemplatifs ne sont pas seulement un moyen d'élever un cri silencieux vers Dieu pour notre monde, mais ils nous rappellent aussi que Dieu nous aime et nous pardonne, qu’Il nous a sauvés par son Fils Jésus-Christ et qu’Il nous embrasse et nous conduit à la plénitude".
Dans notre société hyperactive et hyper-technologique, quel sens cela a-t-il que des femmes et des hommes consacrent leur vie à la prière pour l'Église et le monde ?
Mgr José María Gil Tamayo : Ils sont un rappel de la présence de Dieu dans notre monde sécularisé. Malheureusement, nous voulons supprimer Dieu de tout horizon. Nous voulons réduire les croyants à la sphère de la vie privée ou les confiner à l'intérieur des sacristies. La présence des contemplatifs est un rappel de la primauté de Dieu : Il est le plus important. Nous avons besoin de ces rappels de la présence de Dieu. Nous avons besoin de défendre cette présence de la vie contemplative, des moines et des religieuses. Sans Dieu, vous n'avez rien. En nous rappelant cette vérité, les contemplatifs ne deviennent pas seulement un moyen d'élever un cri silencieux vers Dieu pour notre monde, pour les personnes, mais ils nous rappellent aussi que Dieu nous aime et nous pardonne, qu’Il nous a sauvés, par son Fils Jésus-Christ et qu’Il nous embrasse et nous conduit à la plénitude.
Pensez-vous que le monde catholique est vraiment conscient de la valeur que les contemplatifs apportent par leur prière constante pour l'humanité ?
Je pense que nous avons perdu un certain degré de conscience de la vie contemplative, peut-être à cause de la sécularisation qui a affecté jusqu’à l’intérieur de l'Église. Le pape François nous demande d'être des évangélisateurs avec esprit, en plénitude. Sans les contemplatifs, sans les monastères, nous ne verrions pas la plénitude chrétienne. Par conséquent, je crois que nous devons soutenir le rôle des moines et des religieuses cloîtrées, dans la vie réelle. C'est très important. Nous devons nous faire écho de cet appel de Dieu, dans les paroisses, dans les associations, dans les familles, dans les écoles : Dieu appelle des âmes à se consacrer à la vie contemplative.
Avec cette campagne, Aleteia invite ses lecteurs, particulièrement affectés par une année de pandémie, à déposer leurs intentions de prière à l'occasion de la commémoration des fidèles défunts. Confiez-vous également vos intentions de prière aux monastères ?
Oui, je le fais parce que je suis dans le besoin. L'évêque est la personne qui a le plus besoin de prières pour son ministère et aussi pour la vie de la communauté chrétienne. J'ai de la chance, car nous avons quinze monastères dans notre diocèse, dont cinq couvents de sainte Thérèse d’Avila. Je leur demande de prier pour intercéder pour de nombreux besoins. Cette année, nous en avons fait particulièrement l'expérience : nous avons ressenti leur aide, nous nous sommes sentis fortifiés, dans les mains de Dieu… Le Seigneur nous dit : "Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira". De plus, Jésus nous dit que lorsque deux ou plusieurs s’accordent pour demander quelque chose au Ciel, il leur sera accordé.
Le fait qu'il y ait une vie contemplative, dans les monastères, ne nous dispense pas de la pratique de la prière.
À cette époque, cette initiative en faveur des défunts est nécessaire. Les Saintes Écritures nous disent que, si nous ne croyons pas, il est inutile de prier pour nos défunts. Nous ne pouvons pas oublier nos morts. C'est un devoir de justice et de charité. Nous demandons pour nos défunts la vision de Dieu, qui est la plénitude vers laquelle nous nous dirigeons de manière complète dans la résurrection finale. Nous le demandons pour eux et en même temps nous ressentons le déchirement de la mort, le vide, le manque, qui est une forme d'affection. Tout cela est transformé non seulement par l'embellissement des cimetières, mais aussi par la prière et, surtout, par le sacrifice renouvelé du Christ.
Les contemplatifs offrent leur vie pour nous sans rien demander en retour. Comment un catholique peut-il soutenir de manière active et concrète les monastères ?
Et bien, en premier lieu, je dirais que la prière doit être réciproque. Le fait qu'il y ait une vie contemplative, dans les monastères, ne nous dispense pas de la pratique de la prière, bien au contraire ! Et la prière doit faire partie de notre vie. Jésus nous enseigne la plus belle des prières, qui est le Notre Père. Il nous dit de prier sans nous décourager. Donc, d’abord par la prière, en priant pour eux, afin que les monastères contemplatifs puissent avoir un renouvellement des vocations dont ils ont tant besoin. C'est très important. Les monastères ferment à cause du vieillissement de leurs membres. Nous avons besoin de jeunes.
Cela nous arrive quand nous vivons comme si Dieu n'existait pas, quand Dieu est exclu de la vie ordinaire, quand nous mettons au premier plan le simple fait de posséder, quand nous oublions notre raison d'être et les raisons de la foi, quand nous perdons le sens de notre vie. C'est pourquoi la contribution des familles est importante. Elles sont nécessaires dans l'éducation à la vie contemplative, je ne dis pas à titre professionnel, mais pour confier sa vie. C'est la meilleure des contributions.
Et puis il y a les donations. Elles sont certainement importantes. Ils en ont besoin. Dans la règle "ora et labora", fondamentale à la vie monastique, il y a la notion de gagner sa vie. Les aider en cela est important. Pour résumer, nous pouvons contribuer avant tout par la prière, par une culture des vocations qui encourage les autres à suivre cet appel de Dieu à se consacrer à la prière, à la contemplation, au mystère de Dieu, au témoignage de la Résurrection de Jésus Christ.
En tant qu'évêque d'Avila, quel message pensez-vous que sainte Thérèse nous laisserait si elle vivait aujourd'hui, en 2021 ?
Je changerais le temps du verbe de votre question. Je ne dirais pas si elle "vivait aujourd'hui", car elle "vit aujourd'hui". Elle vit dans les monastères, elle vit aujourd'hui dans ses filles, elle vit aujourd'hui dans ses écrits et elle vit aujourd'hui grâce à la communion des saints. Le message qu'elle nous donne est le même que toujours : celui qu'elle nous a donné dans ses écrits, en tant que maîtresse de vie spirituelle, comme l'a décrite le pape saint Jean Paul II. Elle nous dit que "Dieu seul suffit" : elle nous parle de la primauté de Dieu, de la vie de prière et de l'art de communiquer avec Dieu.
Le pape François m'a écrit une lettre à l'occasion du Congrès du cinquantième anniversaire de la proclamation de sainte Thérèse comme docteur de l'Église. Dans cette lettre, le Pape nous dit : Sainte Thérèse "continue à nous parler aujourd’hui à travers ses écrits et son message est ouvert à tous, pour qu'en le connaissant et en le contemplant, nous nous laissons séduire par la beauté de la parole et par la vérité du contenu, et que naisse en nous le désir d'avancer sur le chemin de la perfection". Le Pape a poursuivi en disant : "L'avoir comme amie, compagne et guide dans notre pèlerinage terrestre nous donne sécurité et tranquillité d'esprit. Son exemple ne s'adresse pas seulement à ceux de nos frères et sœurs qui ressentent l'appel à la vie religieuse, mais à tous ceux qui désirent progresser dans un chemin de purification de toute mondanité, et qui conduit à l'union avec Dieu, aux lieux élevés du château intérieur". Tel est le message de Thérèse, toujours.