Le Pape a une nouvelle fois invité à résister au règne de l’argent, de la finance et de l’individualisme, "à l'heure où les incertitudes et la précarité qui marquent l'existence de tant de personnes et de communautés sont aggravées par un système économique qui continue de se débarrasser de vies au nom du dieu argent, en inculquant des attitudes rapaces à l'égard des ressources de la Terre et en alimentant tant de formes d'inégalité".
Pour le Saint Père, la réponse à tant d’injustice se trouve dans la mise en œuvre de la doctrine sociale de l’Église, ce "trésor de la tradition de l’Église" qui devrait "être suivie, aimée et développée". Cet enseignement qui, selon le pape, repose sur trois "pierres angulaires" : la solidarité, la coopération et la responsabilité.
Synthétisée en 2004 dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Église, la doctrine "considère la personne humaine, naturellement ouverte à la relation, comme le sommet de la création et le centre de l'ordre social, économique et politique". La pensée économique et sociale de l’Église s’oppose en ce sens à une dérive "individualiste", mais aussi à la logique "collectiviste", "qui réapparaît aujourd'hui dans une nouvelle version, cachée dans les projets de standardisation technocratique", dénonce le Pape.
Trois axes pour se réaliser en tant que personne
Selon une lecture théologique, le Pape a relié cette trilogie "solidarité, coopération, responsabilité" avec "le mystère de Dieu lui-même, qui est Trinité. Dieu est une communion de personnes et nous pousse à nous réaliser par une ouverture généreuse aux autres (solidarité), par la collaboration avec les autres (coopération), et par l'engagement envers les autres (responsabilité)".
Il invite ainsi les chrétiens à mettre en œuvre cette dynamique trinitaire "dans toutes les expressions de la vie sociale, à travers les relations, le travail, l'engagement civil, le rapport avec la création, la politique: dans tous les domaines, nous sommes aujourd'hui plus que jamais obligés de témoigner du souci des autres, de sortir de nous-mêmes, de nous engager avec gratuité dans le développement d'une société plus juste et équitable, où l'égoïsme et les intérêts partisans ne prévalent pas" . En même temps, rappelle le successeur de Pierre, "nous sommes appelés à être vigilants quant au respect de la personne humaine, de sa liberté et de la protection de sa dignité inviolable".