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Mariage ou sacerdoce ? Le marketing des vocations

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Ordination à Montpellier, 2021.

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Pierre Vivarès - publié le 26/06/21
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Tandis que 130 prêtres seront ordonnés cette année en France, le père Vivarès s’interroge sur le sens que chacun veut bien donner à sa vocation. Est-ce une façon de s’accomplir ou bien de "mourir à soi-même". Si l’on veut bien voir le Christ comme source et sommet de son existence, alors chaque chemin est un chemin d’offrande et d’oubli de soi.

Dans de nombreux diocèses en France et dans le monde, la fin du mois de juin correspond à la période des ordinations. Ce sont 130 prêtres qui seront ordonnés cette année en France, un chiffre en légère augmentation par rapport à l’an dernier. Si je m’amuse à faire des projections sur le long terme, quelques chiffres peuvent nous faire réfléchir. Disons qu’un prêtre « dure » environ 50 ans puisque la retraite d’un prêtre est à 75 ans et que l’on continue bien souvent à faire ce que l’on a fait toute sa vie après 75 ans si la santé le permet. Avec en moyenne 120 ordinations par an, cela fait un clergé de 6.000 prêtres en France pour une population de 70 millions d’habitants, soit un prêtre pour 11.600 habitants. 

Rapporté au taux de pratique religieuse catholique en France, soit 4% de la population, cela fait un prêtre pour 466 habitants. Bien sûr ce ne sont pas que les catholiques pratiquants qui ont besoin d’un prêtre. Bien sûr la répartition desdits prêtres est très inégale sur le territoire et certaines régions n’en ont pas du tout et d’autres sont au-dessus de cette moyenne. Par ailleurs certains prêtres ont des missions autres que pastorales en paroisse ou au service de communautés chrétiennes : ils n’en sont pas moins prêtres mais ne sont pas visibles pour les chrétiens ou immédiatement à leur service. 

Mais ces chiffres nous montrent que les prêtres ne peuvent naître que de communautés chrétiennes vivantes, à commencer par les familles. Avant la question du sacerdoce se pose la question de la foi : il n’y aura pas de prêtres s’il n’y a pas la foi et le nombre de prêtres correspond à la vitalité de la foi de nos communautés chrétiennes. Or la foi consiste à mettre son espérance en Dieu et non dans les sécurités ou les joies de notre monde. À partir du moment où la foi est présente, peu importe le chemin qui est emprunté, il sera toujours le chemin du service de Dieu.

Si je mets le Christ comme source et sommet de mon existence, en devenant disciple, chaque chemin sera un chemin d’offrande et d’oubli de moi.

Un jeune me posait récemment la question du discernement de sa vocation et hésitait entre la vie religieuse, le mariage ou le sacerdoce. J’aurais pu lui dresser un tableau comparatif des trois vocations susnommées un peu comme on compare des voitures avant de les acheter. Avantages et inconvénients, plaisirs et inconforts, réalisation personnelle et abnégation… vous voyez le genre de tableau que l’on pourrait dresser. Mais si l’on fait cela, on part du principe que JE choisis le chemin qui ME convient pour MON bonheur dans MA vie en priant Dieu de l’accomplir sur cette route particulière que J’ai décidée. Tout cela ne ressemble pas à l’Évangile. 

Alors je lui ai plutôt posé la question suivante : « Sur quelle route le Seigneur t’invite-t-il à mourir à toi-même ? » Car, quelle que soit la vocation chrétienne choisie, il s’agit bien d’une mort à soi-même dans le service de l’autre ou des autres. « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 16, 25). 

Dans chaque vocation, il est question d’offrir sa vie et de mourir à soi-même. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de bonheur dans ces chemins de vie, bien au contraire : ils sont même des chemins de joie mais ils le sont parce qu’ils sont des chemins d’offrande de soi. La question des vocations est bien au cœur de cette question de foi et la solidité des mariages est elle-aussi dans cette question. Si je pense d’abord à la réalisation de mon être, à mon accomplissement personnel intellectuel, social, affectif, financier, toute ma vie sera soumise à cet accomplissement. Je serai la source et le sommet de tout au service de ce que j’aurai jugé opportun pour ma vie. Si je mets le Christ comme source et sommet de mon existence, en devenant disciple, chaque chemin sera un chemin d’offrande et d’oubli de moi. 

Si nous présentons la vocation religieuse ou sacerdotale de la même manière qu’une entreprise fait du recrutement en montrant à quel point on se sent bien, on se réalise, on gagne sa vie ou on est utile, je ne crois pas que l’on soit vrai ou juste. Le marketing n’a pas sa place ici. Seule la radicalité évangélique et la joie qui l’accompagne peut susciter de vraies vocations. En cette saison des mariages, des ordinations, des vœux religieux, notre prière pour tous ces jeunes est qu’ils meurent à eux-mêmes afin qu’ils trouvent la vraie vie que promet le Christ et que lui seul peut donner. 

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