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Adoption : sans OAA, Nathan n’aurait pas trouvé ses parents

Rébecca et Éric Charron et leurs cinq enfants dont Nathan, à droite.

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Domitille Farret d'Astiès - publié le 04/12/20
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Alors qu’une proposition de loi visant à réformer l’adoption remet en cause le rôle des OAA (Organisme Autorisé pour l’Adoption), Rébecca Charron, mère d’un enfant handicapé adopté, raconte leur itinéraire d’adoption. “Notre famille sans Nathan, ce n’est plus possible, c’est une évidence. C’est un petit garçon tellement lumineux, rempli d’amour, de tendresse. Un don du Ciel”. En 2017, Rébecca et Éric Charron, déjà parents de quatre enfants biologiques, ont adopté Nathan, un garçonnet de 6 ans porteur d’une myopathie. Comme de nombreux autres parents, ils ont été soutenus dans leur démarche par un OAA (Organisme Autorisé pour l’Adoption).


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Avec la proposition de loi de Monique Limon (LREM) visant à réformer l’adoption, débattue le 2 décembre à l’Assemblée nationale, le sujet est en ce moment sous le feu des projecteurs. Le texte propose en effet d’ouvrir l’adoption aux couples non mariés, d’abaisser l’âge minimum des adoptants de 28 à 26 ans, ainsi que de supprimer l’activité en France des OAA. Ces organismes privés aident les parents dans leur parcours d’adoption, à l’international mais aussi en France, favorisant le lien entre les départements et les familles. Aujourd’hui, deux OAA sont encore actifs en France. Parmi eux, Emmanuel-France, qui trouve notamment des familles pour des bébés porteurs de handicap.

Nous sommes partis la fleur au fusil, sans savoir véritablement vers quoi nous allions. On était dans le monde des bisounours.

L’adoption, Rébecca et Éric Charron y avaient déjà pensé quelques années plus tôt, mais un départ aux États-Unis, la construction d’une maison et les naissances successives de leurs quatre enfants avaient pris la première place. Mais alors que le cinquième enfant tarde à venir, la question surgit à nouveau. “Si le cinquième ne vient pas, cela veut peut-être dire qu’il doit venir autrement”, pensent-ils à ce moment-là. Ils choisissent de se tourner vers l’adoption d’un enfant handicapé. Commence alors pour eux ce que Rébecca qualifie de “parcours du combattant”. “Nous sommes partis la fleur au fusil, sans savoir véritablement vers quoi nous allions. On était dans le monde des bisounours”, souligne-t-elle.

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Charron
Nathan et ses parents le jour de son baptême.

Ils obtiennent leur agrément mais le chemin est encore loin d’être terminé. Il leur incombe ensuite de se tourner vers les différents départements afin que ces derniers leur signalent les enfants à adopter. Désarçonnés, avec l’impression que leur projet de vie ne trouve pas beaucoup d’écho auprès de leurs interlocuteurs, Rébecca et Éric se tournent vers Emmanuel France. Cette OAA a été fondée par un couple, Jean et Lucette Alingrin, qui se sont consacrés à l’accueil des enfants handicapés. “On ne connaissait pas du tout la façon de procéder. Il faut être force de proposition, revenir à la charge. Sans eux, on serait resté très naïvement sagement à attendre les propositions de notre conseil départemental. Ils nous ont vraiment aidés avec les dossiers”. Ils échangent beaucoup avec Jean Alingrin sur le monde du handicap et la vie quotidienne avec un enfant handicapé. “Il nous téléphonait : “Dans tel département, j’ai un enfant qui a tel âge et telle pathologie. Acceptez-vous d’être proposé au conseil de famille ?””. Le rôle du conseil de famille des pupilles de l’État est d’examiner les différentes candidatures puis d’identifier une future famille adoptive.

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Charron
Nathan entouré de ses frères et sœur Raphaël, Ève, Thomas et Paul.

Un jour, on leur parle de Nathan, âgé de 6 ans, handicapé à plus de 80%. Il a vécu dans une pouponnière jusqu’à l’âge de 3 ans, puis dans une institution pour enfants avec un handicap moteur. Après un temps de réflexion, Rébecca et Éric rencontrent le petit garçon. Immédiatement, il les appelle “Papa” et “Maman” : le lien est créé. “Il ne nous a jamais appelés autrement”, raconte la mère de famille avec émotion. “Nous nous sommes adoptés mutuellement. C’est quelque chose de fort quand on voit un petit garçon qui est extrêmement fragile”. Pour eux, c’est évident : l’aide d’Emmanuel France a été extrêmement précieuse. “C’est une grande famille, la famille Emmanuel France”, note Rébecca. “On est intimement persuadé que sans leur aide, on n’aurait jamais mené notre projet d’adoption à bout. Grâce à eux, on s’est trouvé mutuellement”. Pas étonnant quand on sait que le prénom Nathan, d’origine hébraïque, signifie “cadeau de Dieu”.



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