Les camps d’été auront duré trois, six, quinze voire une vingtaine de jours pour les plus âgés. Mais quelle que soit la durée, bon nombre de scouts rentrent métamorphosés à la maison. "Quand Gabriel, 9 ans, nous raconte tout ce qu’ils ont fait pendant son camp de louveteaux, on a l’impression que cela a duré 15 jours et non trois !", s’exclame sa mère, Marie-Camille. Honnêtement, je ne l’ai jamais vu aussi heureux !". Même son de cloche chez Marion, mère d’Alix, guide âgée de 13 ans : "Alix est revenue très heureuse de son premier camp, plus serviable, moins ronchon et moins renfermée, avec une plus grande confiance en elle, plus joyeuse !". Mais que se passe-t-il donc pour que quelques nuits sous tente suffisent à les mettre en joie ?
Un sens du service accru
Le camp permet sans doute de faire l’expérience d’une des célèbres paroles du Christ selon laquelle "il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir" (Ac 20, 35). Scouts, guides, louveteaux et louvettes ont peut-être perçu, en portant un jerrican d’eau ou en ramassant du bois pour le feu, que se mettre au service d’autrui ou de la communauté est source de joie. Et de retour à la maison, ils ont la bonne idée de continuer l’expérience, tout du moins pendant quelques jours !
En effet, nombreux sont les parents qui affirment être surpris par le bon esprit insufflé par le camp. "Depuis que Gabriel, bientôt 9 ans, est rentré de son camp de louveteaux, il tient à faire la vaisselle et prévoit de nous faire le repas du concours cuisine", raconte Virginie. Constat partagé par Marie : "Avant son camp, notre fils rendait service quand on le lui demandait. Maintenant, il rend des services spontanés et aide ses plus jeunes frères et sœurs sans que je lui demande".
La promesse représente une véritable étape, aussi bien dans la progression scoute qu’à la maison. Amélie, maman de Baptiste, 8 ans, se rend compte que depuis qu’il a prononcé sa promesse, il se sent investi d’une mission de "bien faire, avec courage", comme y encourage la devise des louveteaux : "de notre mieux".
Un nouvel esprit d’initiative
Il est certain que se sentir autonome, débrouillard, créatif est très stimulant pour un enfant ou un adolescent. Et l’avantage du camp, c’est qu’il donne l’occasion d’accomplir les choses par soi-même, de A jusqu’à Z, sans qu’un adulte intervienne. Alice, maman d’une louvette et d’un louveteau, témoigne : "Ils sont tous les deux revenus plus autonomes, avec des idées qui sortent des sentiers battus : des idées d’activité en famille, de jeux avec les plus petits, de menus… Ils cherchent les solutions par eux-mêmes là où d’habitude ils nous auraient demandé notre avis". Quant à Aurélia, elle est tombée des nues lorsque sa fille, de retour de camp de guide, lui a proposé : "Maman je fais le dîner si tu veux !".
Une plus grande confiance en soi
Le scoutisme engage chacun à prendre des responsabilités : cela va du CP responsable de son équipe au "cul-de-pat’" chargé de tenir bien droit le piquet de la tente ! Des responsabilités plus ou moins grandes selon l’âge et l’ancienneté mais qui donnent un rôle bien précis à chacun. Résultat, lorsque la mission est bien adaptée au jeune ou à l’enfant et qu’elle devient un lieu de réussite, sa confiance en soi augmente. Perrine, mère de quatre enfants, tous scouts, se rappelle du premier camp de son aîné : "Gonzague est revenu plus joyeux et moins timide. Il a osé animer un chant-jeu lors d’une soirée familiale. Nous étions très surpris car clairement il ne l’aurait pas fait avant le camp", s’était-elle alors étonnée.
"Ces adolescentes qui, de septembre à juin, ont le regard fuyant quand elles saluent, et qui, pour le dernier salut en fin de camp, vous regardent dans les yeux."
Quant à Solenn, cheftaine de guides, elle se trouve aux premières loges pour s’apercevoir des changements opérés chez les jeunes filles qu’elle encadre. Le camp agit comme un révélateur. Sa plus belle récompense : "Ces adolescentes qui, de septembre à juin, ont le regard fuyant quand elles saluent, et qui un jour, pendant le camp, animent seules la veillée, prennent des initiatives, rendent service d’elles-mêmes, lancent des chants en pleine journée et qui, pour le dernier salut en fin de camp, vous regardent dans les yeux, avec une main ferme et fraternelle, avec un sourire lumineux et sincère !".
Un sentiment de gratitude
En quelques jours, la vie au grand air fait prendre conscience du confort dans lequel nous vivons. Une prise de conscience facilitée par les heures passées à faire cuire des pâtes sur le feu de bois ou par l’inconfort des « feuillets ». Alice perçoit que ses enfants "se rendent compte que leur vie est facile finalement : l’eau sort du robinet, le déjeuner cuit vite sur le gaz". Chez certains, cela fait naître un sentiment de gratitude. Julie-Esther confie que le plus marquant chez son fils Louis, 16 ans, "c’est qu’il sait se contenter de moins, il sait vivre dans des conditions moins confortables et il offre son inconfort à Dieu".
Une belle ouverture aux autres
Le camp, c’est avant tout une aventure vécue à plusieurs : en patrouille, en équipe, en meute, en compagnie, en clairière, en sizaine… où les plus grands prennent soin des plus petits, les plus forts des plus faibles. Un des piliers de la pédagogie scoute est effectivement de prêter attention à son voisin, de ne pas le laisser seul. Les scouts apprennent ainsi à développer l’altruisme. Philippe, jeune louveteau, en a fait l’expérience cette année. Ayant une main et un pied dans le plâtre, il a effectué ses quatre jours de camp en fauteuil roulant. Armelle, sa mère, témoigne : "Par son fauteuil et sa bonne humeur, il a fédéré sa sizaine et la meute toute entière. Il est revenu transformé et grandi, son fauteuil n’était plus une contrainte mais une opportunité de rencontres et d’échanges avec les autres".
Une vraie connivence dans la fratrie
Pour des frères et sœurs qui vivent un camp scout, voire le même camp parfois, il semble que le retour à la maison marque une nouvelle complicité, faite de chants, d’anecdotes à raconter ou d’installations à comparer. Sixtine confie que ses deux filles aînées sont revenues plus proches que jamais : elles avaient pu compter l’une sur l’autre pendant le camp. Alice, elle, s’émerveille de voir la nouvelle connivence entre ses deux filles.
Seul petit bémol ajouté par les parents, - ne rêvons pas ! - il semblerait que cet esprit de service ne dure pas non plus éternellement… L’effet s’estomperait au fur et à mesure des semaines. Néanmoins, si chaque année le camp d’été vient renouveler leur sens du service, leur confiance en eux et leur ouverture aux autres, non seulement "c’est déjà ça de pris" mais cela laissera aussi de belles traces dans leur cœur !