Le financement du système des retraites ne peut reposer sur la seule répartition, a fortiori sans soutien démographique. L’actionnariat salarié permet de motiver et de récompenser les employés d’une entreprise mais aussi de les aider à compléter leur retraite.Si on en juge par les débats autour de la société financière Black Rock, on ne peut pas parler en France de capitalisation sans se faire agonir ; c’est complètement stupide parce qu’elle est un axe de développement incontournable si on veut régler sur le long terme le problème de notre retraite.
Capitaliser, pourquoi pas ?
Dès qu’on s’intéresse un tant soit peu au sujet, on constate que les fonds de pension assurant la retraite de leur souscripteur par un mécanisme de capitalisation pèsent aujourd’hui 36.000 milliards de dollars, c’est-à-dire près 50% de la capitalisation mondiale totale. Autrement dit, la moitié des marchés financiers travaille pour les retraités — on ne l’explique pas assez — ce qui, au passage est loin d’être idiot si la Bourse croît plus vite que l’économie. Allons un peu plus loin, à 200.000 euros le compte, cela fait 180 millions de clients ! Dans quels pays se trouvent toutes ces personnes qui utilisent la capitalisation pour leur retraite ?
Pas très difficile de les localiser, il suffit de consulter les classements des meilleurs systèmes de retraite : en tête les Pays-Bas, l’Australie, la majorité de pays nordiques, la Suisse et Singapour. On constate que tous ont des parts importantes et croissantes de capitalisation. Quant à nous Français, nous sommes en vingt-huitième place dans le classement Mercer, performance médiocre quand on sait que nous sommes, et de loin, le pays qui consacre la plus grosse part de son PIB à la retraite (14%). C’est le résultat de la décision catastrophique de François Mitterrand de faire passer l’âge du départ à la retraite de 65 à 60 ans et de tout miser sur la répartition. Nous en payons les conséquences aujourd’hui, on ne l’explique pas non plus suffisamment.
Des obstacles à vaincre
Il était une façon très simple d’introduire la capitalisation dans notre système de retraite… c’est tout simplement de pousser l’actionnariat salarié. L’actionnariat salarié a des obstacles à vaincre. Il fait peur aux politiques qui craignent qu’on fasse prendre trop de risque à l’employé : celui de perdre à la fois son job et ses économies. L’actionnariat salarié ne plaît pas non plus forcément aux familles actionnaires qui considèrent souvent (et c’est à leur honneur) que c’est à elles de porter le risque de l’entreprise. Le marché financier enfin ne lui est pas non plus très favorable : il pense en effet que les salariés, par leur poids dans le conseil d’administration, freinent des décisions comme des restructurations nécessaires, dans certains moments critiques à la bonne marche de l’entreprise.
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En dépit de ces trois obstacles, force est de constater qu’il se développe très régulièrement partout dans le monde ; il représente 1.500 milliards aux États-Unis, en Europe 350 milliards d’euros et 50 milliards d’euros en France. Il est en croissance régulière, les études montrant d’ailleurs que les entreprises à fort actionnariat salarié présentent de meilleures performances que les autres.
Doubler sa retraite
Nous avons la chance d’avoir en France des entreprises qui le pratiquent depuis de très longues périodes. On constate grâce à elles que les employés qui ont investi fidèlement entre 5 et 10% de leur salaire disposent quand ils quittent l’entreprise d’un capital capable aisément de doubler la retraite légale.
Pour régler le problème de la retraite, il faut faire ce que tous les pays ont fait : évidemment repousser l’âge de départ et rajouter une dose de capitalisation. Cette dose peut venir de l’actionnariat salarié ou d’un investissement dans un fonds de capitalisation. On n’en a pratiquement pas parlé, mais la loi PACTE (pour la croissance et la transformation des entreprises) vient d’ouvrir la piste avec la défiscalisation des 10.000 premiers euros investis pour se constituer un complément de retraite !