Mouvement de jeunesse mondial reposant sur l’apprentissage de valeurs comme le respect, l’entraide et la solidarité, le scoutisme (de l’anglais "scout", éclaireur), compte aujourd’hui près de 58 millions de membres, tous mouvements confondus, dans le monde. Ses origines sont cependant mal connues. Si la paternité revient à Lord Robert Baden-Powell, général britannique alors à la retraite, le rôle du père Jacques Sevin dans l'importation du scoutisme en France et surtout dans sa christianisation est parfois oublié. Pourtant, Baden-Powell lui-même a reconnu que « la meilleure réalisation de ma pensée est ce qu'a fait un religieux français ».
Une vie donnée à Dieu
Né à Lille le 7 décembre 1882, le futur prêtre jésuite comprend rapidement qu’il veut dédier sa vie à Dieu. « En 1895, le 30 juin, au cours d’une promenade de collège, je pris conscience de ma future vocation sacerdotale, que je n’envisageais pas autrement que religieuse », explique-t-il plus tard. Il ne déviera jamais de cette trajectoire. Le 3 septembre 1900, il entre au noviciat de Saint-Acheul. Deux ans plus tard, il prononce ses vœux perpétuels de jésuite. Quand le scoutisme se développe de l’autre côté de la Manche, le prêtre décide de voir « ce qu’il en est ». Il rencontre Baden-Powell en 1913 et décide d’importer le principe en France. En 1917, il entame la rédaction de Le Scoutisme : étude documentaire et applications, livre fondateur qu’il achève en 1919, et crée la première troupe catholique à Mouscron, en Belgique où il est exilé depuis le début de la Première Guerre mondiale.
Le père du scoutisme catholique français
C’est ainsi que, comme a pu l’expliquer Jean Paul II dans une lettre en 1998, « Jacques Sevin a permis d'élaborer une pédagogie basée sur les valeurs évangéliques, où chaque jeune est conduit à s'épanouir et à développer sa personnalité en faisant fructifier les talents qu'il porte en lui ». Le 12 mai 2012, soit près de 61 ans après sa mort, le pape Benoît XVI a approuvé le décret de la Congrégation pour la cause des saints reconnaissant l' « héroïcité des vertus » du jésuite. Dix citations pour mieux cerner sa pensée :
« Que la prière soit surtout vivante, adaptée, en rupture ouverte avec ces formules incompréhensibles aux enfants, qui trop souvent encombrent les paroissiens ; ayez vos prières à vous, grâce auxquelles ils comprendront qu'ils n'ont pas deux vies, une vie chrétienne qu'on revêt le dimanche matin et une vie scoute qui les pétrit le reste du temps, mais que ces deux vies n'en font qu'une... »