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En 882, le pape Jean VIII comparaît devant son Seigneur après avoir été empoisonné et achevé à coup de marteau. Pourtant, Jean VIII avait été un grand pape, militant pour l’abolition de l’esclavage dans l'empire d’Orient et évitant un schisme entre l’Occident et l’Orient, il avait également réussi à maintenir la papauté au-dessus du pouvoir impérial.
À sa mort, la noblesse italienne entend bien prendre la main et contrôler la papauté, un jeu subtil d’influences commence alors entre la papauté et l’aristocratie romaine. La papauté soutient Arnulf de Carinthie, descendant de Charlemagne qui se lance à la conquête de l’Italie afin de la réintégrer à l’Empire. L’aristocratie italienne contraint la papauté à couronner l’un des leurs : Guy de Spolète.
À la mort de celui-ci, le Pape (qui est maintenant Formose) est contraint de couronner son fils Lambert de Spolète tout en demandant à Arnulf de descendre militairement sur Rome. Lorsqu’il l’apprend, le jeune Lambert, soutenu par sa mère Ageltrude de Bénévent, fait enfermer Formose au château Saint-Ange.
Arnulf prend Rome en 896, et délivre le pape Formose qui le sacre Empereur. Mais voilà que le destin frappe à nouveau : Formose meurt et Arnulf est frappé par une attaque cérébrale qui annule sa campagne militaire et le fait sortir de l’Histoire.
Lambert reprend alors son trône et l’influence sur la papauté. En 897, le pape est Étienne VI. Sous la coupe de l’Empereur et de sa mère, il fait exhumer Formose pour le mettre en accusation devant un synode d’évêques romains.
On retire le cadavre de sa tombe, on le vêt de ses atours pontificaux et on l’installe sur le trône pontifical et l’on tient cette parodie de procès dont l’historien regrette que les minutes aient disparu. Le cadavre reçoit un diacre comme avocat et doit répondre aux accusations de parjure. L’historien Daniel Rops donne une idée de ce que fut ce procès immonde : « Une cérémonie abominable suivit, où le mort fut dégradé, dépouillé des vêtements pontificaux auxquels collaient les chairs putréfiées, jusqu'au cilice que portait ce rude ascète ; les doigts de sa dextre [main droite] furent coupés, ces doigts indignes [selon ses juges], qui avaient béni le peuple. »
Mais Formose avait laissé le souvenir d’être un homme juste, proche du peuple. Celui-ci se révolte et ses partisans prennent le nom de Formosiens. Le pape Étienne VI est déposé, emprisonné puis étranglé dans sa cellule pour faire bonne mesure. On dit que des miracles se produisent dans la foulée, le Tibre dans lequel le corps de Formose avait été balancé s’ouvre et rend le corps. On le porte alors à nouveau jusqu’à sa tombe et les statues des saints s’inclinent sur son passage… Mais les choses ne s’arrêtent pas là : Formosiens et Spolétains, papauté et aristocratie romaine, continueront à s’opposer faisant la part belle à la calomnie, au fer et au sang. Finalement, un nouveau concile salira à nouveau la mémoire de Formose, devenu un symbole, et l’aristocratie finira par l’emporter… pour un temps.