Avez-vous déjà remarqué que les trajets en voiture avec les enfants sont souvent des moments d’intimité très précieux ? Que de choses on peut dire en voiture ! On est tout près l’un de l’autre, mais on ne se voit pas l’un l’autre. Et si le passager s’installe à l’arrière, n’importe quelle voiture vaut un confessionnal…Après des années, j’entends encore une petite voix étranglée dire d’un ton qui se voulait détaché : « À propos, les 10 euros que tu as cherchés, je crois bien que c’est moi qui les avais pris ». Cet aveu difficile, me l’aurait-on fait en face à face dans une chambre ? Amorcer une conversation se fait aussi facilement en voiture que n’importe où et si le poisson ne mord pas, il est plus facile qu’ailleurs de « laisser tomber », les incidents de parcours permettant, sans gêne pour personne, de changer de sujet. Dans les familles nombreuses où il est si rare qu’un enfant se retrouve seul avec son père ou sa mère pour une conversation qui ne sera ni entendue ni interrompue, ce type de trajets ne peut être que bénéfique.
L’art d’initier un dialogue franc avec son enfant
Les enfants qui parlent peu ne sont pas toujours ceux qui n’ont pas besoin de s’exprimer, au contraire. Ce sont souvent ceux qui ont au fond d’eux très envie d’être entendus et compris. Ils désirent échanger sentiments et idées. Ce sont aussi ceux à qui la qualité de l’échange importe le plus. C’est pourquoi, dans un groupe, ils sont souvent muets, parfois fermés, et même légèrement agressifs. Ces enfants ont besoin plus que les autres de ces voyages en voiture. Ils ont alors l’impression d’être pour quelques minutes — et tout naturellement — le centre d’intérêt de leurs parents. Encore faut-il que ces derniers sachent les approcher sans les heurter.
Certes, il est important de poser des questions, mais il n’est pas moins nécessaire d’accepter les silences et les réponses réticentes, car les enfants « fermés », à la fois soucieux de partager leur richesse intérieure et de la protéger, se révoltent devant l’indiscrétion de même qu’ils se glacent devant l’indifférence. Mais une fois mis en confiance, ils peuvent se raconter avec beaucoup ingénuité.
Une prière à faire en démarrant la voiture !
Parfois les travaux d’approche sont si difficiles qu’il faut demander l’aide de l’Esprit saint :
Flecte quod est rigidum… assouplissez en moi et en cet enfant ce qui nous raidit l’un en face de l’autre.
Fove quod est frigidum… réchauffez en moi et en cet enfant la tendresse qui nous permettra de nous comprendre.
Sana quod est saucium… guérissez en cet enfant les blessures que, sans le vouloir, nous avons pu, moi et d’autres, lui infliger…
C’est une prière à faire en démarrant la voiture !
Marie-Madeleine Martinie
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