Elles ont réussi à pardonner après une grave crise conjugale

Pardonner à son époux demande beaucoup d’humilité, être pardonné en exige tout autant. On pardonne à l’autre, parce qu’on se sait soi-même faible et pécheur. C’est humble et honteux que Jacques, marié à Laure depuis 15 ans, lui a avoué son infidélité : "Il pleure très peu habituellement, cela m’a bouleversée. Il pensait que ça allait briser notre famille car je lui avais dit par le passé que pour moi une tromperie serait impardonnable." C’est pourtant avec tout autant d’humilité que la jeune femme a réagi : "J’ai tenté de me mettre à sa place : qu’est-ce que j’attendrais de lui si j’étais coupable et lui victime. J’attendrais sans doute de lui qu’il me pardonne, j’aimerais que mon repentir soit entendu. Pour pardonner, il faut savoir mettre son orgueil de côté, reconnaître notre condition d’êtres profondément imparfaits."

Si le pardon peut être accordé, c’est dans l’espérance portée sur l’autre. Laure a été touchée par la démarche de son mari et sa contrition : "le sentir sincère et être dans tous ses états m’a aidé à le pardonner". Julie et Loïc, 27 et 28 ans, sont mariés depuis un an et demi. Leur mariage est traversé par la douloureuse addiction de Loïc à la pornographie. À chaque aveu de sa faiblesse, Julie s’efforce de trouver un nouvel élan d’espérance : "Quand je lui accorde mon pardon, cela m’aide à continuer à croire qu’il va s’en sortir. C’est lui qui se bat, qui est dans la tourmente, moi je le soutiens. Ce n’est pas une indulgence ni une tolérance de ma part, cela reste une faute qui me fait mal, il le sait. Le fait que je maintienne mon espérance l’aide à se battre."

Mariés depuis 25 ans, Geoffroy, entrepreneur, et Alix, mère au foyer, ont connu un tsunami dans leur couple lorsque l’infidélité de longue date de Geoffroy a été percée au grand jour : "Il y a eu un immense pardon que j’ai dû donner, il y a quelques années, quand j’ai découvert que mon mari me trompait. Je l’ai découvert complètement par hasard et je pense que c’est vraiment le Seigneur qui a fait en sorte que je le découvre." La mère de famille explique, non sans émotion : "je savais que derrière tout le mal qu’il faisait, il y avait quelqu’un qui avait un idéal, qui voulait être quelqu’un de bien. Il n’y arrivait pas, empêtré dans ses démons, mais si une personne pouvait lui pardonner, c’était moi. Mon défi était de préserver ce regard d’amour : il a fait du mal mais on ne va pas le réduire à ça, sinon il ne sortira jamais de ses vicissitudes".

Un pardon doit être un acte libre. Un prêtre a ainsi expliqué à Alix qu’elle avait le droit de s’éloigner, vu l’ampleur de la situation. "J’ai décidé en toute liberté que je souhaitais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour qu’on sorte de cette épreuve." La volonté revient aussi à l’offenseur : "Le psychologue qui nous suivait a demandé à mon mari s'il souhaitait que notre fille épouse un garçon comme lui, relate Alix. Évidemment, sa réponse fut non. Elle lui a répondu que cela ne tenait qu’à lui de décider de changer." Avant d’oser avouer à sa femme son infidélité d’un soir, Jacques a mis trois ans, vécus dans la souffrance, le remords. La première réaction de Laure fut de s’exclamer : "Tu vis avec ça sur la conscience depuis trois ans ! Comment, dans ton estime de toi, vas-tu te reconstruire maintenant ?"

Julie le sait, au regard de la situation difficile et encore actuelle de son mari, elle va encore à l’avenir devoir aider son mari à se relever de ses chutes : "Je les lui pardonne car elles font partie d’un long chemin de guérison et de rédemption." Plus la faute est lourde, plus le chemin du pardon peut s’avérer compliqué. Alix admet que certains jours, elle est encore en colère : "Le vrai pardon est maintenant, dans la durée. Je lui redonne l’assurance de mon amour tous les jours, même quand c’est difficile. Notre but c’est de s’amener au ciel, on s’est mariés pour cela." Elle témoigne du jour où, après de long mois, son mari a enfin réagi : "son portable a sonné dans sa poche, j’ai compris qu’il me trompait encore. Je lui ai dit que je savais tout. Il a réalisé tous les signes qui le ramenaient à la raison et a compris qu’il pouvait encore réagir. Il a tout arrêté."

Une fois la crise surmontée, le pardon peut raviver les grâces du mariage. Jacques est allé se confesser, lui qui n’y avait pas été depuis si longtemps. "Pardonné par sa femme et par le bon Dieu, il a été transformé, explique Laure. Aujourd’hui, Jacques se préoccupe beaucoup plus de moi. On a une affection qui est plus profonde, plus ancrée… parce qu’il y a eu crise."

Si les épreuves sont inhérentes à toute vie conjugale, le pardon s’y invite comme une "invitation" à durer. Le pardon témoigne que dans notre monde, l'amour est plus fort que le péché. Si donc nous aimons tant à être pardonnés de Dieu, sachons nous aussi, quand cela est possible, pardonner. "Il faut faire de toute faute un rebondissement vers un plus grand amour !", disait Guy de Larigaudie.