Les leçons à tirer d'”Adolescence”, la série à succès de Netflix

La mini-série Adolescence enregistre pour l’heure 24 millions de vues sur Netflix. Au-delà de la prouesse cinématographique - les quatre épisodes ont été tournés en plan-séquence -, c’est la finesse du décryptage d’un fait d’actualité complexe qui marque le spectateur. En quatre épisodes, la série met en scène un adolescent de 13 ans, Jamie Miller, incarné par le talentueux Owen Cooper, accusé du meurtre d’une de ses camarades.

Créée par Jack Thorne et Stephen Graham - ce dernier offrant également une performance remarquable dans le rôle du père de Jamie, - la série brosse un portrait saisissant et finalement instructif de la jeunesse moderne. Évoquant les réseaux sociaux, les influenceurs masculinistes, le cyberharcèlement, l’intrigue amène à s'interroger sur le rôle de l'homme dans la société actuelle, l'exemple parental, l'éducation, l'isolement social, et fait découvrir le langage émoji apparemment inoffensif des adolescents d'aujourd'hui. Et bien que le récit de la série soit aussi poignant qu'intransigeant, il oblige à réfléchir à son rôle en tant que parent dans la sauvegarde de l'intégrité de son enfant, lorsqu'il navigue parmi des influences numériques qui peuvent être en contradiction avec les valeurs que ses parents cherchent à lui transmettre.

Adolescence raconte l'histoire de deux jeunes vies détruites par des influences toxiques en ligne et une colère adolescente incontrôlée. Si la série est troublante par sa description de la rapidité avec laquelle l'innocence peut laisser place à la violence, elle met également en lumière l'impact omniprésent des réseaux sociaux et de la « manosphère », communauté en ligne véhiculant valeurs masculinistes et haine des femmes, sur les jeunes esprits. L’enseignement de l’Église appelle à la protection de la dignité de chaque personne humaine. Pourtant, aujourd'hui, le monde numérique présente de nouveaux défis : des contenus explicites aux idéologies néfastes qui peuvent éroder les valeurs que des parents catholiques s’efforcent d'inculquer.

L'une des leçons les plus marquantes d'Adolescence est la nécessité d'une parentalité active et vigilante. La série nous rappelle que la vie numérique des adolescents, souvent menée derrière les portes closes de leur chambre, peut façonner leur estime de soi et leur compréhension du monde et des relations, notamment entre un homme et une femme. Même si chaque parent est convaincu que son enfant sait distinguer le bien du mal, la réalité représentée à l'écran incite à s’engager plus profondément. En s’informant sur les plateformes et les contenus qu'ils utilisent, il est essentiel de les guider et de leur montrer l'exemple en adoptant des comportements qui reflètent une véritable compréhension du respect, de la compassion et de la responsabilité.

Un thème récurrent de la série est le pouvoir destructeur d'une conception toxique de la masculinité. Le combat de Jamie ne se limite pas à la violence qu'il commet ; il s'agit aussi du conflit intérieur engendré par une culture qui assimile la force à l’agressivité. Dans la tradition chrétienne, la véritable masculinité ne se reflète pas dans la violence ou la domination sur autrui, mais dans la maîtrise de soi, la responsabilité, la douceur dans la force et l’humilité. Il est donc essentiel que les parents, et en particulier les pères, incarnent un modèle de virilité sain : un modèle qui valorise l'empathie et reconnaît l'importance de la compréhension émotionnelle.

Le point le plus important à retenir d'Adolescence est peut-être la nécessité d'une communication franche et ouverte au sein de la famille. La série met en lumière les conséquences du silence et de l'incompréhension, montrant que lorsque les enfants se sentent isolés ou incompris, ils sont plus susceptibles d'être victimes d'influences néfastes. Nous sommes donc appelés à créer un espace de dialogue sécurisant, un espace où les questions sont abordées avec patience plutôt qu'avec jugement. En parlant ouvertement des défis de la culture numérique, des relations et de la responsabilité personnelle, nous renforçons l'idée que chaque personne a une valeur intrinsèque et mérite le respect.