La joie du printemps, espérance de carême

Le printemps arrive et j’ai envie d’écrire une chronique joyeuse. Tensions dans le monde, incertitudes guerrières, difficultés économiques, diplomatiques, sociales et climatiques, le vase de l’information est plein d’angoisses et pourtant, inéluctablement, voici un nouveau printemps, ses fleurs jeunes et jaunes, les bougeons blancs, l’éclosion de la nature au chant des oiseaux, tout ce que nous attendons pour un sourire, un instant paisible, un peu de sérénité.

Quel contraste entre les préoccupations des hommes et cette nature qui éclot de mille couleurs malgré les plaies qui lui sont infligées. Les feuilles naissantes annoncent les ombres de l’été, les haies ne sont plus taillées : elles vont abriter les nids perturbés par le seul chant du coucou. Les vaches et les chevaux se régalent de l’herbe nouvelle, la nature se réveille après les longs mois d’hiver.

L’avez-vous vue, l’avez-vous regardée jour après jour reprendre cette vigueur, avez-vous senti les parfums naissants et la fleur émergeant de l’humus ? Prendre le temps de ne rien faire si ce n’est entrer dans cette nature comme un ami, un être vivant comme les autres, une création parmi la création, prendre le temps de n’être que création. Le temps s’arrête. Hier, les générations ont conjugué leurs travaux avec cette nature abondante et nourricière ; demain, nos enfants retrouveront les mêmes bonheurs, la contemplation de la création renaissante année après année, siècle après siècle.

Images idylliques alors que nous ne sommes pas encore au mitan du carême, ces moments de sacrifice, d’aumône n’ont pas de résonance directe avec le printemps alors que le carême de la prière entre en écho à cette nature qui mène vers la renaissance de Pâques.

Prions. Nous avons un message du Créateur, la brise légère souffle entre les arbres et les haies, souffle aussi dans le cœur des hommes : mettons-nous à l’écoute. Le spectacle de cette nature renouvelée est une incitation à la louange et à la méditation. Pas de panthéisme, pas de sentimentalisme béat non plus, seulement une admiration juste de l’œuvre divine, celle qui donne l’espérance dans ce carême, le sens de ce qui est simple et le sacrifice du superflu. Prions et louons.