[REPORTAGE] Coup d’envoi réussi pour la Troménie de Sainte-Anne

Journée de grande joie et d'une intense ferveur au sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray. Plus d’un millier de personnes se sont rassemblées ce vendredi 7 mars 2025 pour célébrer les 400 ans de la découverte de la statue de sainte Anne par Yvon Nicolazic. Le ciel voilé n’a pas éteint le souffle des joueurs de bombarde, ni freiné l’ardeur des porte-bannières, ni empêché la prière des fidèles. Une preuve joyeuse et éclatante du miracle promis par sainte Anne en 1625 : "L’affluence du monde qui me viendra honorer en ce lieu sera le plus grand miracle de tous", avait répondu sainte Anne à Yvon Nicolazic qui lui demandait un miracle afin que les apparitions dont il était témoin depuis 1623 soient considérées comme vraies par le clergé suspicieux. Un miracle qui se renouvelle chaque année, le sanctuaire breton accueillant 300.000 à 400.000 visiteurs par an.

Ce vendredi 7 mars marque jour pour jour le 400^e anniversaire de la découverte de la statue de sainte Anne par Yvon Nicolazic dans la nuit du 7 au 8 mars 1625. "Hasard du calendrier ou clin d’œil de la Providence, le 7 mars 1625 était aussi un vendredi", fait remarquer Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes. Après le dévoilement et la bénédiction de la nouvelle bannière du sanctuaire, conçue spécialement pour le jubilé, les fidèles ont marché en procession jusqu’à la porte jubilaire.

Chants à sainte Anne entonnés en français et en breton, accueil au son de la bombarde à la Scala Sancta, bannières au vent… La procession s’étend le long de la grande rue qui longe le sanctuaire. Des enfants de chœur, en soutanelle rouge et surplis blanc, ouvrent le cortège. Des reliques de sainte Anne, celles-là mêmes qui seront scellées dans l’autel consacré le même jour, sont portées en tête du cortège. Une fois la porte jubilaire passée, les fidèles rejoignent la basilique pour une grande messe au cours de laquelle le nouvel autel est consacré.

Autre événement phare de cette matinée, l’envoi en mission de la Troménie de Sainte-Anne, ce pèlerinage hors norme qui s’étend sur quatre mois et demi et qui va visiter toutes les paroisses du diocèse de Vannes, à la suite d’une calèche tirée par un cheval de trait breton, sur laquelle trône majestueusement une statue de sainte Anne. Cette statue est bénie à l’issue de la messe par Mgr Centène, avant d’être fixée sur la calèche. "Avec la Troménie de Sainte-Anne, nous allons partir en pèlerinage pendant quatre mois. La symbolique est très forte : il y a 400 ans, sainte Anne est venue à la rencontre des Bretons. Aujourd’hui, elle revient à leur rencontre. Nous voulons en quelque sorte poursuivre l’œuvre de sainte Anne, en donnant sa statue à contempler", confie à Aleteia Mgr Centène. "Nous voulons placer nos pas dans les pas de nos ancêtres, nous voulons suivre le flambeau de sainte Anne, qui représente la lumière du Christ."

Pour l’évêque à l’initiative, avec le sanctuaire, de la Troménie, l’autre enjeu de cette troménie exceptionnelle réside dans l’évangélisation. "Le pape François appelle de ses vœux une "Église en sortie", c’est cela la mission : sortir de chez soi pour aller vers les autres. Nous voulons redonner de l’espérance, dans notre monde qui se sent menacé, c’est le grand message de sainte Anne !", souligne l’évêque du lieu.

Parmi les pèlerins qui ont suivi le départ de la Troménie, nombreux sont ceux qui vouent une profonde et intime dévotion à la sainte patronne de la Bretagne. Sainte Anne touche notamment beaucoup de grand-mères, soucieuses de transmettre la foi à leurs petits-enfants. C’est le cas d’Anne, 68 ans, bretonne d’adoption, très attachée à sainte patronne et grand-mère de trois petits-enfants qui vivent éloignés de la foi. "Cela m’est difficile de savoir que mes petits-enfants ne sont pas baptisés. Je confie cela à sainte Anne, elle a été une grand-mère comblée de ce côté-là mais je sais qu’elle demeure attentive à mes prières, et je ne désespère pas de les voir un jour se tourner vers Jésus."

Sainte Anne est aussi une figure chère aux couples en espérance d’enfant car Anne et Joachim étaient un couple stérile. Selon le Protévangile de Jacques, Anne et Joachim n’ont pas eu d’enfant les vingt premières années de leur mariage, avant de donner naissance miraculeusement à Marie. Ainsi, le père Hervé de Penfentenyo, prêtre missionnaire depuis 20 ans en Amérique Latine et présent aujourd’hui à Sainte-Anne d’Auray pour des vacances, témoigne que ses parents se sont tournés vers sainte Anne pour favoriser sa naissance : "J’ai appris par mon frère aujourd’hui même que mes parents étaient venus au sanctuaire prier pour ma naissance !", s’exclame-t-il, voyant dans le signe de sa présence aujourd’hui en ce lieu bien plus qu’un hasard. Nul doute que sainte Anne réserve encore de nombreuses grâces en cette année de double jubilé.