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Choisir l’école de ses enfants, une liberté inaliénable

école privée, enseignement catholique, enfants, primaire

Image d'illustration.

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Frédéric Gautier - publié le 10/02/25
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Opposer les choix entre école “ouverte” ou école “protectrice” n’est pas une bonne option, soutient Frédéric Gautier, ancien directeur diocésain de l’enseignement catholique de Paris. C’est la légitimité du choix qui est capitale, chaque enfant est différent, et la liberté des parents inaliénable.

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Quelle école choisir pour ses enfants ? Les conseils ne manquent pas pour orienter les parents catholiques vers la bonne option : école catholique, sous contrat avec l’État, hors-contrat, publique… Les tenants de la "protection" considèrent que les enfants écoliers ou collégiens, ont besoin, dans leurs premières années, d’un minimum d’unité de vie et de cohérence éducative entre famille et école, avant d’affronter une "altérité" par définition différente et parfois (souvent ?) opposée aux principes parentaux et aux valeurs familiales. Ceux de l’ouverture privilégient la rencontre de l’altérité dès le plus jeune âge, soit au nom du refus de "l’entre-soi", soit pour des raisons missionnaires, quitte à reprendre en famille ce qui doit l’être lorsque surgit une confrontation qui questionne l’enfant.

Une décision morale

Protection ou altérité, ce débat est intéressant, à condition que l’option défendue ne laisse pas de place à l’exclusion morale au nom de valeurs universelles ou à la dialectique médiatique qui pour être abordable oppose les choix par simplisme. L’un "ou" l’autre n’est pas l’un contre l’autre ou l’exclusion de l’un par l’autre. Or, l’intelligence est prompte à opposer ce qui ne devrait être que distingué.

Le choix d’une école relève d’une décision morale qui se joue entre jugement de conscience et jugement de prudence dans le dialogue entre parents. En tant que telle, cette décision "pratique" doit échapper à toute critique de principe, ce que confirme saint Thomas d’Aquin : "Dans les choses pratiques (qui relèvent de la vertu de prudence), deux esprits également droits peuvent avoir légitimement des avis différents".

Légitimité de la différence

Cette "légitimité de la différence" est capitale. C’est parce que cette légitimité est contestée au nom de principes idéologiques, politiques, voire évangéliques (école catholique "citadelle" ou "carrefour") que nous voyons aujourd’hui une contestation grandissante du choix de l’école à la maison, du choix de l’école hors-contrat, catholique ou non, voire du choix d’une école catholique "bourgeoise" de centre-ville. Et ce au nom d’une critique de "l’entre-soi" considéré comme contraire aux valeurs qui sous-tendent les objectifs de "mixité sociale", ou contraire à l’Évangile. Au nom de valeurs à dimension universelle, on tend ainsi à restreindre la liberté concrète des parents et à leur donner mauvaise conscience.

L’enfant, qui rappelons-le n’appartient ni à l’État ni à l’Église, devient alors l’objet d’un enjeu idéologique. On se souvient de la fameuse formule de Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, en 2012 : "Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix." Dès lors, c’est l’État qui organise la carte scolaire et les affectations. Nous y sommes pour les établissements publics.

La réalité du terrain

Gardons-nous de ces jugements de principe qui nous placent rapidement dans le camp du bien ou du mal. Je peux être en désaccord avec des parents sur les motifs qui président à leur choix, mais je ne peux contester leur choix au nom de principes universels, pas plus d’ailleurs, que je ne peux élever les critères de mon choix au niveau de valeurs universelles ("mixité sociale", "ouverture sociale") et délégitimer par contrecoup les tenants d’un autre choix, dans une formulation dévalorisante, où l’on suscite une sorte de mauvaise conscience d’élever ses enfants dans un "ghetto social" ou un "entre-soi bourgeois".

Il en va de même pour des choix qui se réfèrent à la foi. Les parents catholiques demeurent libres de leurs choix éducatifs en raison de ce qu’ils pensent bon pour leurs enfants, qu’ils décident du choix d’une école hors-contrat qui prolonge leur éducation familiale ou d’une vie dans une cité qui expose la famille à l’altérité sociale et à la mixité éducative. Dans les deux cas, la réalité de terrain est bien plus complexe et diverse que cette simplification dialectique. Ni l’une ni l’autre école ne sont des citadelles protectrices ou des carrefours ouverts à tous vents.

Une liberté inaliénable

C’est en référant systématiquement tout acte de prudence pratique "où deux esprits également droits peuvent avoir légitimement des avis différents" à des valeurs universelles que l’on a idéologisé l’école et restreint la liberté réelle et la responsabilité concrète des parents. Le "Qui suis-je pour juger ?" du pape François trouve là un terrain d’application majeur et permet de respecter, dans son ordre, une liberté et une responsabilité parentales inaliénables.

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