Saint Thomas d'Aquin a rarement été autant à l'honneur. Depuis 2023, et jusqu’en 2025, il se trouve au cœur de trois années jubilaires : l’Église fête les 700 ans de sa canonisation (1323), les 750 ans de sa mort (1274) et les 800 ans de sa naissance (1225). Et en l’honneur de sa fête le 28 janvier, l’occasion est trop belle de revenir sur ce docteur de l’Église qui a marqué profondément ses contemporains, et dont l’héritage spirituel et les écrits continuent d’éclairer les siècles.
Eclairer plutôt que briller
"Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement", écrivait ainsi le grand saint qui a prouvé, par l’exemple, cette maxime. Thomas d’Aquin naît à Aquino en 1225, dans la région de Naples, dans une grande famille italienne. Il fait ses études chez les Dominicains et, à 19 ans, entre au noviciat de l’Ordre des Prêcheurs contre l’avis de ses parents. Il est tellement brillant que ses professeurs décident de l’envoyer se former auprès d’Albert Le Grand, à Cologne. Mais le jeune homme déplore recevoir autant de compliments, mauvais pour son humilité. Alors il décide qu’en arrivant à Cologne, il jouera au benêt et ne parlera pas. Cela fonctionne si bien que rapidement, les autres séminaristes l’affublent de ce surnom moqueur "le bœuf muet", car il est également doté d’une stature massive. Ce n’est qu’au bout de plusieurs mois qu’un séminariste, regrettant de s’être moqué de lui et voulant gentiment l’aider dans ses devoirs, découvre la grande intelligence du jeune homme et révèle aux autres le secret du bœuf, qui est bien loin d’être muet et benêt ! Avec la publication, des années plus tard, de sa grande œuvre La Somme théologique, l’Église lui donnera par la suite, en 1567, le surnom de "docteur angélique".
Chesterton à la plume
Pour se (re) plonger dans les écrits et la vie de ce grand docteur de l’Église, une nouvelle traduction du livre de Chesterton, intitulé Saint Thomas d’Aquin, Le Bœuf muet, a été ce 22 janvier. L’auteur, avec tout son génie et sa plume si vivante, y brosse à grands coups de pinceau un portrait pointilliste du philosophe, mêlant l’intime et l’épique, le personnel et l’universel, le cœur et l’intellect, la petite histoire et la grande. Chesterton, auteur très « thomiste », estimait ainsi que la grâce de Dieu défait les plans de l’homme pour leur faire vivre une aventure.