separateurCreated with Sketch.

Et si vous développiez la vertu de studiosité ?

YOUNG-WOMAN-READ-BOOK-shutterstock
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Thérèse Puppinck - publié le 27/01/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
La studiosité, un nom qui sonne de façon étrange à nos oreilles. Heureusement, l’adjectif studieux est là pour nous éclairer : est studieux celui qui travaille avec application. Quelle est donc cette vertu de studiosité chère à saint Thomas d’Aquin ?

Saint Thomas d'Aquin n’a pas son pareil pour présenter et expliquer les vertus nécessaires à l’agir humain. Dans une dualité éminemment pédagogique, il oppose à chaque vertu le vice qui lui correspond. Ainsi, à la studiosité est opposée la curiosité. Il paraît surprenant de classer la curiosité parmi les vices, pourtant ce terme a un double sens dans le vocabulaire actuel. Si des parents sont heureux de voir leur enfant l’esprit toujours en éveil, "curieux de tout", ils n’hésitent pas à lui répéter que "la curiosité est un vilain défaut". Ainsi, la curiosité est considérée tour à tour comme une qualité et comme un défaut. Cette ambivalence s’explique de façon très simple : le terme "studiosité" a été oublié au fil des siècles, et on a chargé la curiosité d’un sens nouveau.

La studiosité est une vertu morale qui dépend de la vertu de tempérance et qui s’applique à la connaissance intellectuelle. La recherche de la connaissance est bonne en elle-même, il convient cependant qu’elle soit toujours orientée vers le Bien, sinon elle nous détourne de Dieu. Retrouver le sens de la studiosité aide à discerner dans quelle direction doivent se porter nos efforts. Son application est à la fois facile et utile à tous dans la vie quotidienne. Cette vertu permet de définir la finalité de la connaissance : notre soif de connaissance est-elle féconde ou stérile ? Les connaissances sont-elles utilisées pour notre sanctification, avons-nous le désir de les partager et d’en faire profiter les autres ? Ou bien sont-elles accumulées par égoïsme, par vanité, ou encore dans le bout d’acquérir un pouvoir sur les autres ?

La studiosité permet ensuite de choisir les sujets d’études réellement utiles à notre vie professionnelle, familiale et spirituelle, utiles pour l’accomplissement de notre d’état. Même si tout savoir possède une valeur en soi, il est nécessaire de ne pas perdre de vue la hiérarchie des connaissances. Il est préférable de lire une vie de saint plutôt que de se perdre sur les réseaux sociaux à la recherche des dernières actualités, ou du dernier commentaire d’un quelconque influenceur. Plutôt que de se passionner pour les philosophies orientales, on peut lire avec profit les écrits de sainte Thérèse ou de saint Jean de la Croix, qui sont faciles d’accès et qui nourrissent l’âme tout en lui apportant une profonde paix intérieure. La vertu de studiosité aide ainsi à se détourner des sujets non nécessaires et à réorienter son attention vers des sujets utiles pour notre sanctification.

Ce qu’entraîne l’absence de studiosité

L’absence de studiosité conduit l’esprit à vagabonder d’un sujet à l’autre, en choisissant uniquement ce qui lui plaît et lui apporte une satisfaction immédiate. On peut passer beaucoup de temps à rechercher une information qui apparaît indispensable sur le moment, mais qui sera immédiatement oubliée au profit d'une autre. L’esprit enchaîne ainsi les centres d’intérêt comme on enchaîne les vidéos sur Instagram, au gré de sa fantaisie, de son humeur, de ses marottes, sans chercher à construire un savoir cohérent, qui le ferait grandir et qu’il pourrait transmettre. L’esprit s’illusionne en pensant s’intéresser à tout un tas de sujets attirants, mais, en réalité, il ne fait que se rechercher lui-même à travers cette diversité de sujets. Inutile de passer des heures à rechercher sur Internet la recette de cuisine ultime, celle qui révolutionnera définitivement l’avenir culinaire de la famille, ouvrons notre bon vieux livre de cuisine, il y a encore à l’intérieur bien des recettes jamais testées… Plutôt que d’enchaîner des vidéos sur la survie en montagne confortablement installé dans notre canapé, apprenons à reconnaître les arbres, ou les champignons, et emmenons nos enfants découvrir la forêt un samedi après-midi…

La studiosité, c’est aussi vaincre la paresse intellectuelle en adoptant une régularité dans l’étude, une continuité de la recherche du savoir, une persévérance dans l’effort, une stabilité dans l’attention. Elle trouve aussi un champ d’application dans les rapports humains. Elle permet que l’observation des autres soit orientée vers un bien pour nous ou pour le prochain : enrichir son expérience, s’entraîner à la vertu, corriger ses défauts. Au contraire, la curiosité peut entraîner vers un désir malsain de tout savoir sur l’autre, une tendance délétère à décortiquer les comportements, en leur trouvant toujours des motivations inavouables.

Studiosité et curiosité illustrent à merveille l’ambivalence de l’homme : sa nature spirituelle lui fait désirer la connaissance, mais la blessure du péché originel le détourne de ce désir fécond en dispersant son esprit ou en lui rendant pénible tout travail intellectuel.

Les dix plus belles citations de saint Thomas d'Aquin

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)