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[HOMÉLIE] “Aujourd’hui”, la Parole de vérité n’est plus un livre

Jésus dans la synagogue déroule le livre, Aquarelle de James Tissot, Brooklyn Museum.

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Marc Dumoulin - publié le 25/01/25
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Le père Marc Dumoulin, curé de la paroisse Notre-Dame de Vincennes, commente l’évangile du dimanche de la Parole de Dieu, 3e dimanche du temps ordinaire. Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture : la Parole se donne à voir et à entendre, elle donne la Vie parce qu’elle est la Vie, rendant possible ce qui était impossible.

En ce dimanche où nous prions pour l’unité des chrétiens, il est heureux que la liturgie donne à voir et à entendre le Seigneur en sa Parole. Ce dimanche est aussi le dimanche de la Parole de Dieu où dans l’Évangile, Jésus fait la lecture à la synagogue de Nazareth. Il se révèle comme déjà présent chez le prophète Isaïe et ceux de la première Alliance. Jésus trouve un passage à lire. Passage aussi à traverser, passage de vie auquel invite la lecture de cet Évangile. 

« Ils avaient les yeux fixés sur lui »

Écoutons Luc (Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21) : au début, il y eut des témoins oculaires et des serviteurs de la Parole. D’ordinaire, une Parole se donne à entendre. Or il est ici question de témoins oculaires et de serviteurs. Il s’agit d’une Parole inouïe : on la voit autant qu’on l’entend, pour en être serviteur. Cette Parole est le Verbe, le logos. Jean dit qu’il "s’est fait chair et qu’il a habité parmi nous" (Jn 1, 14). Parole qui parle pour qu’on la voie et qu’on la serve. Ainsi furent les témoins oculaires et les serviteurs de cette Parole. Parole qui est Jésus lui-même. Ces témoins l’ont ensuite transmise à ce nous dont parle Luc. Parmi eux, beaucoup ont composé un récit que Luc a reçu. Il en a écrit un exposé suivi, destiné à toi, excellent Théophile. La chaîne de transmission se poursuit au long de l’histoire et arrive jusqu’à nous, ici, ce matin.

Observons Jésus en ce passage. Poussé par l’Esprit, il revient à Nazareth en Galilée. Il entre dans la synagogue où tous fixent les yeux sur lui (Lc 4, 20), suspendus à ses lèvres, dans un silence à couper au couteau. Jésus ouvre le livre. Il trouve le passage et il l’emprunte. S’y étant engagé, il dit : "L’Esprit du Seigneur m’a envoyé, porter la bonne, l’heureuse nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la libération, la vue aux aveugles, la liberté aux opprimés, une année favorable" (Lc 4, 18). 

La Parole se fait chair

Jusque-là, la parole du prophète transcrite dans le livre consistait en une annonce pour un temps à venir, temps meilleur, temps messianique. Une distance radicale subsistait entre la parole du Seigneur et son accomplissement. La parole était enfermée dans le livre. On avait remis ce livre à Jésus, un livre qu’il avait ouvert, puis qu’il referma. Dans la synagogue, tous avaient les yeux fixés sur lui : les voilà ces témoins oculaires. Ils ont les yeux fixés sur Jésus, la Parole, le Verbe, le Logos. Le livre est refermé. Car aujourd’hui, la Parole de vérité n’est plus un livre. C’est quelqu’un, Jésus lui-même. Désormais, on ne lira plus le livre où l’on parle de Dieu. Car c’est Dieu lui-même qui nous parle en sa Parole. Plus de distance entre le message et le messager. "Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture" (Lc 4, 21). Aujourd’hui, première parole publique de Jésus dans l’Évangile de Luc. L’Écriture se fait Parole, la Parole se fait chair. Jésus lui-même. 

Aujourd’hui, la Parole de vérité n’est plus un livre. C’est quelqu’un, Jésus lui-même. Désormais, on ne lira plus le livre où l’on parle de Dieu. Car c’est Dieu lui-même qui nous parle en sa Parole.

Luc a rédigé son Évangile et les Actes des Apôtres pour l’excellent Théophile (Ac 1, 1). Jésus a dilaté cette bonne, cette heureuse nouvelle en un aujourd’hui qui embrasse et embrase toute l’histoire du Salut, et y rejoint les Théophile que nous sommes. Jésus accomplit l’Écriture en chacune de nos vies si nous avons le cœur ouvert pour l’accueillir, Dieu qui se donne. Plus que croire en l’Évangile, nous sommes appelés aujourd’hui à le vivre. Croire l’Évangile, c’est désirer le vivre et en vivre aujourd’hui d’une vie inépuisable, vie inouïe. La Vie éternelle. Passage du dedans au dehors de la synagogue.

Répandons la Parole

Tout est possible à celui qui croit, dit l’Évangile (Mc 9, 23). Nous nous obsédons souvent de notre potentiel, de ce que nous estimons pouvoir réaliser pour répondre à nos désirs. L’Évangile fait éclater la limite qui nous enferme. Il rend possible l’impossible. Ce que nous n’avions pas osé désirer devient possible aujourd’hui et s’accomplit dans la foi. À nous d’entendre la Parole, de la voir et d’en devenir les serviteurs. Non pas une Parole qui nous parle de Dieu, mais la Parole où Dieu nous parle. Parole qui donne la Vie parce qu’elle est la Vie

La Parole de vie, ne la gardons pas pour nous. Aujourd’hui, disciples du Christ, ne gardons pas pour nous l’heureuse nouvelle. Répandons-en le sel, éclairons-en de sa lumière tous ces gens au visage rincé de tristesse que nous croisons dans nos rues et nos métros. Qu’ils deviennent nos excellents Théophile. Proclamons-leur : Aujourd’hui, pour toi, pour moi, s’accomplit cette heureuse nouvelle du Seigneur. Il ne nous donne rien, sinon lui-même, tout lui-même, à chacun, si nous le recevons, comme cet amour unique et sans limite. Avec eux, nous dirons : la joie du Seigneur est notre rempart.  

Lectures du 3e dimanche du temps ordinaire (année C) :

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