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Les dangers du “petit couple”

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Mathilde de Robien - publié le 23/01/25
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Des "petits couples" se forment au lycée, voire dès le collège. Une tendance qui se banalise rendant presque "anormaux" les adolescents qui préfèrent attendre. Le père Gaspard Craplet encourage au contraire à se construire avant de se lancer dans une relation amoureuse. Pour lui, c’est avant tout un gage de liberté.

"Est-ce qu’on doit l’inviter à la maison ?", "Est-ce qu’on la fait apparaître sur la photo de famille de la carte de vœux ?", "Faut-il prendre contact avec ses parents ?" etc. Autant de questionnements auxquels sont confrontés les parents dont les adolescents filent le parfait amour – si tant est que ce soit de l’amour ! – alors qu’ils sont encore au collège ou au lycée. Peut-on véritablement aimer lorsqu’on a une expérience encore égocentrée de l’amour ? Est-on vraiment libre lorsque c’est le besoin d’être aimé, ou de briller, ou de faire comme tout le monde, qui commande ? Le père Gaspard Craplet, prêtre de la Société Jean-Marie Vianney, est très engagé auprès des jeunes, que ce soit à travers les camps Spi et Cimes, en tant qu’aumônier à Saint-Bonnet de Galaure ou encore comme "influenceur" via son compte Instagram qui rassemble plus de 80.000 abonnés. Il connaît les questions, les doutes et les désirs qui animent le cœur des adolescents et s'efforce de leur montrer le chemin qui les rendra libres et heureux. Il vient de publier Libres ! Pour aimer en vérité (Artège), un ouvrage accessible et concret, invitant les jeunes à réfléchir aux fondements d’un amour solide.

L’un de ces fondements réside dans le renoncement à former un "petit couple" : "Soyez grands amis plutôt que petits copains !", exhorte-t-il. Pourquoi ? Parce que le fait de "sortir ensemble" trop tôt empêche de bien mûrir. "Ces jeunes s’empêchent de grandir, comme deux arbres trop proches qui se font de l’ombre. Le monde s’ouvre à eux, et ils sont focalisés sur leur couple au lieu de se développer à travers les relations avec les autres", déplore le père Gaspard Craplet. Se connaître à travers un groupe d’amis, ne pas poser de gestes qui entravent la liberté, rester discrets… Autant d’attitudes qu'encourage le prêtre, qui s'adresse à tous ceux qui ont la joie de faire l'expérience d'un amour naissant. Et l’enjeu est de taille ! Car il s’agit de grandir en liberté pour un jour, mieux se donner. Voici quatre dangers qui guettent le "petit couple".

1connaître l’autre uniquement sous son meilleur jour

Pour aimer librement, il convient de bien connaître la personne qui fait chavirer son cœur, d’être conscient de ses qualités, de ses talents mais aussi de ses faiblesses. Or, "il n’y a rien de mieux, pour connaître quelqu’un, que de l’observer dans ses interactions avec les autres", affirme le père Gaspard Craplet. "Dans le petit couple, on est en quelque sorte trop proche pour bien se voir." En effet, comme la relation de "petit couple" est fragile, puisque le grand "oui" n’a pas encore été prononcé, on cherche bien souvent à donner une bonne image de soi. L’un comme l’autre ont tendance à se montrer sous leur meilleur jour, à l’inverse de l’effet "groupe" où chacun est beaucoup plus naturel. "Les rencontres entre amis favorisent des échanges riches et variés qui permettent de se découvrir en douceur et en toute liberté", souligne le prêtre.

2être en couple pour les mauvaises raisons

Un autre danger du "petit couple" est d’être ensemble pour les mauvaises raisons, d’autant plus difficiles à identifier qu’elles sont bien souvent inconscientes ! Angoisse de la solitude, consolation de blessures intérieures, satisfaction du désir sexuel, besoin d’être estimé, admiré, chouchouté… Un adolescent, par définition, n’est pas encore mûr, et manque souvent de confiance en lui. Il cherche alors des signes de sa valeur dans le regard des autres. Ce besoin d’être aimé peut le pousser à se mettre en couple, en se fondant sur ses sentiments ou ses pulsions. "Le désir d’être en couple prime alors sur le choix de la personne", constate le père Gaspard Craplet. Il s’agit là d’un élan égoïste, et contraire à la définition de l’amour qui invite au contraire au don de soi. "La vie amoureuse n’a pas pour but de compenser les déséquilibres intérieurs", souligne le prêtre. "Elle est un chemin proposé pour construire quelque chose qui nous dépasse et vivre cet appel au don de soi qui nous habite tous." Il convient donc de discerner l’amourette où l’on ne pense qu’à soi, de l’amour oblatif, tourné vers l’autre, et qui demande une certaine maturité.

entraver le discernement amoureux

Il est évidemment très agréable et confortable d’être aimé. Cela répond même à un besoin vital. Mais le sentiment d’être aimé, le désir d’être comme tout le monde, ou encore le côté sécurisant de la relation de couple n’entravent-ils pas le discernement ? Difficile de se demander si c’est vraiment l’homme ou la femme de sa vie lorsqu’il est si agréable de recevoir des mots doux ! Ou encore lorsque le couple est systématiquement invité ensemble partout puisqu’il est connu qu’ils sont "ensemble". Officialiser trop tôt une relation prive de liberté. Cela donne le sentiment, plus ou moins conscient, qu’on ne peut pas revenir en arrière. En outre, cela empêche bien souvent une personne de confiance de donner son avis sur le choix de l’élu.

4entraver la liberté de l’autre

En plus d’entraver sa propre liberté nécessaire au discernement amoureux, le risque, avec le "petit couple", c’est d’entraver la liberté de l’autre si on adopte une attitude possessive. Une posture qui se révèle par exemple dans l’envoi incessant de messages et l’exigence d’une réponse immédiate. "Elle m’a lâché un vu !", entend parfois le père Craplet lorsqu’un jeune homme se plaint de ne pas recevoir de réponse de sa dulcinée. La chasteté commence déjà par là ! "Pourquoi envoies-tu ce message ?", invite à se demander le prêtre. "Est-ce pour donner une information ou pour qu’elle/il pense à toi ?" La chasteté, c'est aimer sans posséder, sans vouloir saisir et prendre pour soi. "Si l’amour n’est pas chaste, c’est-à-dire détaché et décentré de soi, un mal-être, un sentiment d’oppression s’installera, grandira, jusqu’à peut-être devenir insupportable et faire même exploser le couple, parfois des années plus tard", alerte le prêtre. "C’est seulement quand un amour est chaste qu’il est vraiment amour. L’amour qui veut posséder devient toujours dangereux in fine, il emprisonne, étouffe, rend malheureux", assure en ce sens le pape François dans la lettre apostolique Patris corde.

La plus belle preuve d’amour que l’on puisse offrir n’est-elle donc pas de faire montre de patience et de se laisser le temps de grandir en liberté afin de poser un choix mûri, libre et définitif qui rende pleinement heureux ? Car ce qui rend heureux, confie finalement le père Gaspard Craplet, c’est "la décision libre de se donner pour toujours".

Pratique

Libres ! Pour aimer en vérité, Gaspard Craplet, Artège, 22 janvier 2025, 15,90 euros.

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