Les célibataires sont-ils "trop exigeants" ? C’est un adjectif qui revient fréquemment lorsqu’il s’agit d’expliquer pourquoi Machine, 35 ans, qui a "tout pour elle", est encore célibataire. Si le niveau d’exigence est rarement la seule raison d’un célibat non choisi, il est vrai que certains mettent un point d’honneur à respecter une liste de "critères" plus ou moins légitimes. "L’humour, par exemple, revient régulièrement lors de mes entretiens !", confie Florence Escaravage, experte en accompagnement de la relation amoureuse et fondatrice de Love Intelligence. "Mais est-ce vraiment cela qui est important ? Est-ce que cela rend heureux ?", invite à s’interroger la spécialiste. Drôle, sportif, charismatique, exigeant avec lui-même… Autant de qualités très enviables, certes, mais qui relèvent plus d’un catalogue de qualités fantasmées que de la réalité. Sans compter qu’avoir en tête une liste de critères bien précis biaise les premières rencontres. "Avoir des critères va générer une posture de recherche de validation de ces critères", souligne Florence Escaravage. Une posture qui ne favorise ni la rencontre avec l’autre, ni la possibilité de se laisser surprendre.
Or, pour Florence Escaravage, "la seule chose qui compte, dans une rencontre, c’est d’être en capacité de se laisser surprendre". "Si on a des critères, ils nous amènent à choisir des personnes qui nous ressemblent. Or on est fait pour aimer quelqu’un de différent de nous, qui va nous transformer, nous ouvrir. Une relation riche se nourrit de la confrontation de deux univers. La seule valeur commune qui compte, c’est l’engagement." Si trop de critères empêchent la rencontre, il y en a néanmoins trois que Florence Escaravage considère comme primordiaux. "Avant de se lancer dans une histoire d’amour, il est important de vérifier trois critères. Les autres, on peut s’en défaire !", assure-t-elle.
1Progression de la relation
Le premier critère, selon la spécialiste, réside dans la progression de la relation. Inutile d’insister si la relation patauge, fait du surplace, ou pire, si l’autre ne répond pas à nos sollicitations. "Il faut sentir que la relation progresse, que l’autre s’y investit. Est-ce que l’on fait des choses ensemble ? Est-ce que l’on se connaît de mieux en mieux ? Est-ce que l’autre s’intéresse à moi ? Se montre-t-il curieux ? Est-ce qu’il essaie de capter en quoi je suis unique ?" Un discernement qui demande du temps, afin de vérifier s’il y a, ou non, une évolution de la relation au fur et à mesure des rencontres.
2Facilité de la communication
Le second critère concerne la facilité de la communication. "Il faut que la communication soit facile. Pas nécessairement fluide, mais saine, pas compliquée." Cela va du choix d’un restaurant à la manière d’accueillir les différences de l’autre. "C’est une communication où il n’y a pas de choses cachées, qui n’est pas louvoyante", précise Florence Escaravage. Un niveau de communication qui dépend aussi de ce que chacun donne dans la relation. "L’autre est le produit de ce que j’engage dans le lien", souligne l’experte. En effet, si l’autre ne révèle pas grand-chose de lui, c’est peut-être que je ne crée pas cet espace de communication où il peut se livrer.
"On tombe amoureux de quelqu’un non pas pour ce qu’il fait ou comment il le fait mais pourquoi il le fait."
Inviter l’autre à se livrer n’est pas évident. Et pourtant, c’est bien en se livrant, en partageant ses émotions, que l’on peut tomber amoureux. Il s’agit donc d’oser poser des questions sur ce qui anime l’autre, ce qui le rend triste, joyeux…, des questions qui commencent généralement par "pourquoi". "Ce ne sont pas des questions intimes !", précise Florence Escaravage. "Mais au lieu de demander "quel est ton job ?", c’est "pourquoi as-tu choisi ce job ?", au lieu de demander "où joues-tu au tennis ?", c’est "pourquoi joues-tu au tennis ?". C’est la seule manière de pouvoir exprimer ce qu’on a au fond de soi. On tombe amoureux de quelqu’un non pas pour ce qu’il fait ou comment il le fait mais pourquoi il le fait."
3L’ancrage de l’autre
Le dernier critère ne concerne pas la qualité de la relation mais le choix de la personne et de sa capacité à s’engager et à résister aux aléas de la vie, et notamment de la vie amoureuse. "Il est plus facile de faire perdurer une relation amoureuse avec quelqu’un qui a un certain ancrage, c’est-à-dire qui ne change pas d’avis tout le temps, qui soit fiable." L’ancrage évoque quelqu’un qui essaiera autant que possible de faire face aux difficultés de la vie : "Ce qui est important, c’est que l’autre sache ou accepte que la relation amoureuse est faite de hauts et de bas, qu’elle peut être jalonnée de difficultés, de crises, et qu'il soit capable de communiquer, d’en parler, pour trouver des solutions et rester acteur de sa vie affective."
Pratique
Love Intelligence, 10 piliers pour réussir et construire sa vie amoureuse, Florence Escaravage, Larousse, septembre 2023, 18,95 euros.