Mythique, dépaysant, transcendant… les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Un enthousiasme qui a poussé 500.000 personnes à se lancer sur le Camino en 2024, a annoncé le bureau d'accueil des pèlerins qui délivre les certificats de pèlerinages – le fameux compostela – en janvier. Cela représente une hausse de 12% en un an. Concernant le profil des pèlerins, 42% sont Espagnols suivis par les Américains, les Italiens, les Allemands, les Portugais, les Britanniques et les Français qui représentent un peu plus de 2%.
Mais si ce chiffre témoigne déjà d’un sacré engouement pour saint-Jacques-de-Compostelle, les experts assurent qu’il est probablement largement sous-estimé, tous les pèlerins ne récupérant pas tous leur compostela ! Ils estiment ainsi qu’ils seraient ainsi plus d’1,5 million à avoir pèleriner sur le Camino en 2024. Les statistiques ne prennent pas non plus en compte ceux qui ne parcourent pas le chemin de Compostelle en entier mais qui choisissent quelques tronçons le temps d’un week-end, d’une semaine ou d’un mois pour se ressourcer et se rapprocher de Dieu.
Un attrait de plus d'un millénaire,
Plus largement, l'attrait de Saint-Jacques-de-Compostelle remonte à plus d'un millénaire, enraciné dans les traditions rapportées à propos de Saint-Jacques. Les origines de la vénération de l'apôtre (Santiago étant une contraction de Sanctus Iacobus, Saint Jacques en latin) dans le nord de la péninsule ibérique remontent au IXe siècle. En l'an 813, la légende commence à courir en Galice selon laquelle l'apôtre évangélisateur de l'Espagne avait été enterré dans ces mêmes terres, après avoir été décapité à Jérusalem vers l'an 44. Ses restes, découverts au IXe siècle, ont attiré depuis de nombreux pèlerins depuis le Moyen Âge, avec un âge d’or aux XIIe et XIIIe siècles. Même si l’avènement des voyages modernes a menacé d’éclipser les sentiers anciens, les trois dernières décennies ont vu une résurgence remarquable de la popularité du pèlerinage de Compostelle. Le Camino attire désormais non seulement des pèlerins dévoués, mais aussi des aventuriers, des non-croyants en quête de sens, ou encore ceux qui cherchent à s'éloigner du vacarme numérique.
"La marche est un lieu d’expérience forte d’humanité, dans lequel s’éprouve, envers et contre tout, la révélation de l’Unique, du Dieu qui dans la Bible se donne souvent à rencontrer et à connaître en chemin", rappelait à Aleteia le père Jacques Nieuviarts, assomptionniste, dans son livre La marche dans la Bible. Y consentir, c’est découvrir un peu le visage et la voix de Dieu mais aussi de l’homme, dans ses quêtes incessantes et son goût d’absolu. Sur la route, le marcheur réapprend le silence. Et dans ce silence il réapprend à goûter la parole. La Parole. Une Parole qui résonne avec force sur le chemin de Compostelle où marcheurs et pèlerins se délestent petit à petit des préoccupations du quotidien pour se concentrer sur l’Essentiel.