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Pape François : “Parler d’un droit à l’avortement est inacceptable”

Pope Francis presides a mass for the Epiphany in Saint Peter's Basilica at the Vatican on January 6, 2025.
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La rédaction d'Aleteia - avec I.Media - publié le 10/01/25
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Dans ses vœux aux ambassadeurs près le Saint-Siège le 9 janvier, le pape François est monté au créneau contre le "droit à l’avortement". "Parler d’un droit à l’avortement est inacceptable", a-t-il lancé.

Le pape François a assuré lors de ses vœux de Nouvel An au Corps diplomatique ce 9 janvier que parler d’un droit à l’avortement est "inacceptable". Il a une nouvelle fois dénoncé une "colonisation idéologique" qui passe par des "programmes soigneusement planifiés", et "se concentre sur les droits des individus, négligeant les devoirs envers les autres", a-t-il souligné. À ce propos, François a ainsi jugé "inacceptable […] de parler d’un soi-disant “droit à l’avortement” qui contredit les droits de l’homme, en particulier le droit à la vie". "Aucun enfant n’est une erreur ou coupable d’exister, de même qu’aucune personne âgée ou malade ne peut être privée d’espérance ni rejetée", a-t-il martelé.

"Jamais l’humanité n’a connu tant de progrès, de développement et de richesses, et jamais peut-être elle ne s’est tant retrouvée seule et perdue, préférant souvent les animaux domestiques aux enfants", a encore glissé l’Argentin, qui s’attriste souvent du déficit de natalité en Europe. En termes de manipulation des consciences, le 266e pape a aussi confié ses craintes vis-à-vis des moyens modernes de communication et de l’intelligence artificielle. À l’égard de l’expansion de celle-ci, il a plaidé pour une attention sur "les droits de propriété intellectuelle, la sécurité de l’emploi pour des millions de personnes, le respect de la vie privée et la protection de l’environnement contre les déchets électroniques".

François a souhaité "une diplomatie de la vérité", pointant du doigt la tendance à créer sa "propre vérité au mépris de l’objectivité du vrai". Dans les dialogues diplomatiques, il a appelé un langage "simple, clair et convenu", critiquant "la tentative d’instrumentaliser les documents multilatéraux – en changeant la signification des termes ou en réinterprétant unilatéralement le contenu des traités relatifs aux droits de l’homme – afin de promouvoir des idéologies qui divisent".

Dialogue avec les interlocuteurs les plus gênants

Déplorant un « climat d’insécurité » général, le chef de l’Église catholique, qui a reçu au Vatican plus de 30 chefs d’État et de gouvernement en 2024, a dénoncé « la reprise d’actes odieux de terreur, comme ceux qui se sont produits récemment à Magdebourg en Allemagne et à la Nouvelle-Orléans, aux États-Unis ».

Le Pape s’est attaqué aux fake news qui déforment les consciences et créent « un climat de suspicion qui attise la haine ». Et de lancer : « Les attentats contre le Président du Gouvernement de la République Slovaque et contre le Président élu des États-Unis d’Amérique en sont des exemples tragiques ». Des propos qui sonnent comme une main tendue à Donald Trump, dont les relations avec le pontife argentin s’annoncent difficiles, après que le président élu a proposé la nomination d’un ambassadeur près le Saint-Siège ouvertement hostile à la ligne du pape François.

Dans ce texte, le Pape a d’ailleurs réitéré la ligne de la diplomatie vaticane, demandant aux ambassadeurs « de favoriser le dialogue avec tous, y compris avec les interlocuteurs considérés comme les plus “gênants” ou que l’on ne considère pas comme légitimes pour négocier ». Il a dénoncé la tendance à « tracer de nouvelles frontières », comme « des lignes de démarcation identitaires », en plus des frontières qui divisent « l’île de Chypre depuis plus de cinquante ans » et « la péninsule coréenne depuis plus de soixante-dix ans ». Le Pape a visité ces deux pays respectivement en 2021 et en 2014.

La cartographie des foyers de conflit

Le successeur de Pierre s’est longuement adressé à la communauté internationale pour résoudre les nombreux conflits qui ravagent le globe, en prônant une « diplomatie du pardon ». Il a exhorté en premier lieu à « mettre fin à la guerre qui ensanglante depuis près de trois ans l’Ukraine torturée » et « panser les plaies infligées par l’agression », sans toutefois nommer directement la Russie.

Dans la ligne de ses appels incessants depuis plus d’un an, il a demandé un cessez-le-feu en Terre sainte et la libération des otages israéliens à Gaza, « où la situation humanitaire est très grave et ignoble », a-t-il taclé. Le pontife, qui a eu ces derniers temps des mots très durs sur les agissements d’Israël, dénonçant un « génocide » dans la bande de Gaza, a cependant condamné « fermement » les « expressions grandissantes de l’antisémitisme, […] qui touchent un nombre croissant de communautés juives dans le monde ». Il a réitéré la position du Saint-Siège en faveur de deux États israélien et palestinien, et de la préservation du statut de Jérusalem comme « ville de la rencontre où chrétiens, juifs et musulmans cohabitent en harmonie et dans le respect ».

En Syrie, François a plaidé pour la protection de l’intégrité territoriale et de l’unité du peuple syrien, y compris des chrétiens, pour permettre les « réformes constitutionnelles nécessaires ». Au Liban, il a appelé de ses vœux la « stabilité institutionnelle » reconstruire le sud du pays touché par la guerre, et « mettre pleinement en œuvre la Constitution et les Accords de Taëf ». François a dressé la liste des conflits qui persistent sur le continent africain, citant le Soudan, le Sahel, la Corne de l’Afrique, la crise politique au Mozambique, ainsi que le terrorisme dans les régions orientales de la République démocratique du Congo.

Il a mentionné également le Myanmar, avant de passer sur le continent américain, incitant de prime abord à « rétablir l’ordre démocratique et mettre fin à la violence » à Haïti. Le pape a nommé en outre les crises politique au Venezuela, demandant le respect des droits des personnes arrêtées durant les protestations sociales, en Bolivie et en Colombie. En direction du Nicaragua, le pontife a assuré de la disponibilité du Saint-Siège pour dialoguer, s’inquiétant des « mesures prises à l’encontre des personnes et des institutions de l’Église ».

Par ailleurs, l’évêque de Rome s’est élevé contre les persécutions perpétrées par des groupes terroristes contre des chrétiens en Afrique et en Asie, et contre « les formes plus ‘délicates’ de limitation de la liberté religieuse qu’on rencontre parfois aussi en Europe ». Et de viser « des normes juridiques et des pratiques administratives qui limitent ou annulent en fait les droits que les Constitutions reconnaissent formellement aux croyants individuels et aux groupes religieux ».

Sur le plan des désastres écologiques, le Pape a cité les inondations en Europe centrale et en Espagne, les cyclones à Madagascar, Mayotte et au Mozambique, les effets dévastateurs des inondations et de la sécheresse dans diverses régions d’Afrique, et le récent séisme au Tibet. Comme il l’a fait à diverses reprises, François a appelé à une réforme des instances multilatérales, citant l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), et donnant pour modèle l’esprit de la Déclaration d’Helsinki de 1975 « grâce auquel des États opposés, considérés comme ‘ennemis’, ont réussi à créer un espace de rencontre ».

François a salué en revanche quelques récents signes encourageants, comme le renouvellement de l’Accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine sur la nomination des évêques en octobre dernier, se réjouissant de « la volonté de poursuivre un dialogue respectueux et constructif pour le bien de l’Église catholique dans le pays et de tout le peuple chinois ». Ou encore la « reprise des négociations pour revenir à la plateforme d’accord sur le nucléaire iranien ».

L’esclavage moderne du travail

Si "deux mille ans de christianisme ont contribué à éliminer l’esclavage de tous les systèmes juridiques", s’est félicité François, il a pointé du doigt la persistance "de multiples formes d’esclavage". Le Pape s’est arrêté particulièrement sur "l’esclavage du travail, peu reconnu mais largement pratiqué".

Pour le Pape, le travail est un "moyen" qui ne doit pas devenir une « fin » de l’existence ni « un obstacle à l’épanouissement et à la croissance de la personne humaine ». Il a dénoncé en ce sens « des conditions inhumaines en termes de sécurité, d’horaires et de salaires » et exigé une lutte plus efficace contre le travail au noir.

Le discours du Pape a visé deux autres esclavages : celui de la toxicomanie – notamment chez les jeunes – et de « l’ignoble phénomène du narcotrafic » ; et celui du « commerce misérable » d’êtres humains. Pour ce dernier qui touche les migrants, il a souhaité des voies sûres et régulières de migration et l’élimination des causes qui poussent les gens à migrer.

Les souhaits du Jubilé

En vue de l’année jubilaire qu’il a inaugurée le 24 décembre dernier, le chef de l’Église catholique a lancé un nouvel appel à « éliminer la peine de mort dans toutes les nations » et à annuler les dettes « des pays qui ne pourront jamais les rembourser », en reconnaissant la « dette écologique » entre le Nord et le Sud. Il a également réitéré son appel à réorienter les fonds alloués à l’armement vers la lutte contre la faim.

À Rome, reconnaissant que les chantiers de ces derniers mois « ont causé beaucoup de désagréments », il a remercié les habitants pour leur « patience » face à l’afflux des pèlerins, dont plus de 30 millions sont attendus en cette année jubilaire.

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