Ils sont à Bordeaux depuis le XIIIe siècle ! Mais ce n'est que depuis 1992 que les Dominicains occupent leur couvent situé en plein centre-ville du port de la Lune. Accolé à l'église Saint-Paul-Saint-François-Xavier, autrefois église des Jésuites, ce couvent est composé de trois bâtiments de style Renaissance, dont l'un d’eux fut autrefois la mairie et est inscrit au titre des Monuments historiques. Un cadre des plus agréables, mais dont la viabilité pourrait bien être compromise si rien n'est fait. "Il y a une véritable urgence quant à l'entretien du bâtiment. Il y a six mois, il pleuvait dans ma cellule… Et Dieu sait qu'à Bordeaux, il pleut beaucoup", fait remarquer avec humour le frère Jean-Thomas.
Afin de sauver leur couvent du délabrement, les Dominicains de Bordeaux se lancent dans un grand chantier d'une durée de cinq ans, qui verra la création d'un cloître et la rénovation de leur impressionnante bibliothèque contenant près de 40.000 ouvrages. Les trois bâtiments adjacents à l'église dans lesquels vivent les frères n'étant initialement pas conçus comme un couvent, la frontière entre espaces communautaires et ceux ouverts aux visiteurs est floue. Ces travaux permettront donc non seulement la mise aux normes des bâtiments, mais aussi la rationalisation de l'espace. Et de l'espace, il faut en créer : à Bordeaux, l'ordre des frères prêcheurs ne connaît pas la sécheresse des vocations. "Nous avons la chance d'avoir beaucoup de vocations ces temps-ci, c'est une grande grâce", explique le frère Jean-Thomas, "nous accueillons entre cinq et dix novices par an depuis quelques années, et cela implique de pouvoir loger convenablement ce petit monde". Le chantier doit permettre de créer de nouvelles cellules, mais aussi de rénover celles déjà existantes.
5 millions d'euros nécessaires
Autre défi de taille : augmenter les capacités d'accueil pour les visiteurs, notamment les étudiants et les groupes. Un foyer et deux salles de conférences (d'une capacité respective de 80 et 20 places) seront modernisés. "Une partie de notre apostolat réside dans l'accueil et l'enseignement. Tous les mardis, nous avons entre 50 et 150 jeunes qui viennent bénéficier d'un temps de prière et d'enseignement, l'idée est de pouvoir les recevoir dans les meilleures conditions possibles", ajoute le frère Jean-Thomas.
Prévus pour débuter en avril 2025, ces travaux doivent coûter près de cinq millions d'euros, dont une majorité sera récoltée via les dons. Une partie des bâtiments étant classée au titre des Monuments historiques, les frères bénéficieront également d'une subvention de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). "Nous sommes un ordre mendiant", rappelle le frère Jean-Thomas, "même si cela ne se traduit plus par du porte-à-porte comme le faisaient nos prédécesseurs, il est important pour nous que ce projet puisse avoir lieu grâce aux gens auxquels notre charisme s'adresse."
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