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Les drôles d’évangiles lus entre l’Épiphanie et le Baptême du Seigneur

La multiplication des pains, aquarelle de James Tissot.

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Valdemar de Vaux - publié le 06/01/25
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Entre l’Épiphanie et le Baptême du Seigneur, la liturgie fait entendre les débuts de la vie publique de Jésus. Sauf deux jours, où les évangiles narrent la multiplication des pains et la marche sur les eaux. Une idée saugrenue ? Pas tellement, puisqu’ils rappellent comment les sacrements sont une manifestation de la présence de Dieu en ce monde.

L’enfance de Jésus, de Bethléem à Nazareth et jusqu’à ses trente ans, est presque absente des quatre évangiles. Luc, qui est le seul à parler de l’Annonciation et la Visitation puis de la naissance du Sauveur dans la crèche et adoré par les bergers, est complété par Matthieu avec l’annonce à Joseph et la venue des mages d’Orient, passage lu pour la messe de l’Épiphanie. Luc évoque également la Présentation de Jésus puis son Recouvrement au Temple, mais le ministère public du Christ commence pour les quatre évangélistes avec son baptême dans le Jourdain par Jean-Baptiste, que l’Église fête le dimanche après l’Épiphanie (ou le lendemain certaines années), durant lequel est révélée par le Père l’identité de Jésus, le « fils bien-aimé ».

Assez logiquement, la liturgie fait donc entendre, durant les messes de la semaine qui sépare Épiphanie et Baptême, les premières apparitions de Jésus inaugurant son ministère. Dans saint Matthieu le lundi, après la l’arrestation de son cousin par Hérode (cf. Mt 4), dans saint Luc le jeudi et le vendredi, lorsque le fils de Marie et de Joseph prend la parole dans la synagogue de Nazareth (cf. Lc 4-5), dans saint Jean le samedi, avec le passage de témoin entre Jean-Baptiste et le Christ : « Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue » (cf. Jn 3). Et saint Marc ? Chose étonnante, le mardi et le mercredi, ce ne sont pas les commencements de la prédication de Jésus qui ont été choisis pour évangiles, mais la première multiplication des pains (Mc 6, 34-44) puis la marche sur les eaux (Mc 6, 45-52).

Un choix qui ne doit rien au hasard

Une telle décision ne doit rien au hasard, mais renseigne au contraire sur ce qu’on pourrait appeler l’atmosphère liturgique de cette semaine entre les deux manifestations de la divinité de l’Enfant-Jésus, révélée aux Nations à travers les mages, révélée à Jésus, à Jean et à ses disciples au bord du Jourdain. Si la première multiplication et la marche sur les eaux ne sont pas lues le même jour, ils se suivent immédiatement chez le deuxième évangéliste et sont à lire ensemble. Alors que Jésus pourrait renvoyer les milliers de personnes qui le suivent pour qu’ils aillent se nourrir, il choisit de leur révéler un élément essentiel de la foi : dans les sacrements, et singulièrement dans celui de l’eucharistie, le Christ demeure au milieu de son peuple et le nourrit.

L’auditeur actuel de la Parole de Dieu sait effectivement que l’événement est prophétique, il annonce le Mystère pascal, durant lequel le Christ, mort et ressuscité, se donne à tous, et livre sa chair à manger comme il l’a promis durant la Cène. La marche sur les eaux n’est pas moins prophétique, et le bibliste Camille Focant n’hésite pas à la qualifier d’« épiphanie ». Alors que les disciples sont au cœur des ténèbres dans la barque et désormais dans l’Église, Jésus vainc les eaux, forces de la mort, pour venir à leur rencontre.

Lire ces deux épisodes juste après l’Épiphanie donne l’occasion de méditer avec un regard différent sur la manière dont Dieu vient habiter au cœur de ce monde pour le relever. L’Enfant-Jésus, né au milieu de la nuit dans le village de Bethléem, est vraiment l’Emmanuel, Dieu avec nous, venu révéler au plus grand nombre, des bergers aux mages en passant par les disciples de Jean-Baptiste, qu’Il est présent corps et âme auprès de chacun dans les sacrements. Singulièrement dans l’eucharistie, qui est justement l’objet de l’adoration des fidèles comme « présence réelle » du Christ.

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