Le 24 ou le 25 décembre, selon les traditions familiales de chacun, il est habituel de s’offrir des cadeaux. Ils font la joie des enfants, dont le regard s’illumine à la vue de ces paquets chatoyants occupant leurs chaussures. Parfois, cependant, certains, petits ou grands, sont déçus après avoir découvert ce qui emballait le papier soigneusement plié. Un vêtement que l’on ne mettra jamais, un objet de décoration qui n’est pas au goût du destinataire, un livre alors que la personne ne lit jamais… Bref, une déception qui ne peut pas vraiment s’exprimer et doit laisser la place à un sourire et à des remerciements convenus, et convenables. De gustibus et coloribus non est disputandum ( "des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter") dit ainsi le fameux proverbe latin…
Mais dès le 25 décembre, sites de ventes d’occasion et journaux s’emparent alors du sujet sous-jacent. Les "Comment revendre ses cadeaux de Noël ?", "Les Dix meilleurs sites pour revendre ses cadeaux" ou encore "Les Français de plus en plus nombreux à se débarrasser de leurs cadeaux", fleurissent un peu partout et font les gros titres. Et certains affichent même cette triste statistique: 44% de Français ont déjà soldé des présents reçus à Noël, au moins une fois dans leur vie…
Un acte d’amour
Pourtant, personne ne peut se séparer d’au moins une chose : l’affection qui sous-tend l’offrande d’un cadeau. Bien qu’il puisse y avoir une forme de mécanique ou de pression sociale à offrir quelque chose, donner un objet c’est donner une part de soi-même, a minima financière. Ce n’est pas pour rien si Gary Chapman intègre d’ailleurs les cadeaux dans Les Cinq langages de l’amour comme une preuve d’affection et de gratitude. Revendre ses présents revient dès lors à rendre mercantile un acte d’amour. Alors pour demeurer dans cet élan, conforme à l’intention du donateur, pourquoi ne pas offrir à quelqu’un d’autre, ou à une œuvre de charité, le présent reçu et décevant ? Et permettre ainsi que l’affection entraîne l’affection.
La fête des dons
Voilà qui consonne avec le sens de la fête de la Nativité. Dans son homélie de la "messe de Minuit" de 2006, Benoît XVI l’exprimait ainsi : "Dieu pour nous s’est fait don. Il s’est donné lui-même. Il prend du temps pour nous". Pour le Pape, "Noël est devenu la fête des dons, pour imiter Dieu qui s’est donné lui-même à nous", et il faudrait donc faire "en sorte que notre cœur, nos âmes et notre esprit soient touchés par ce fait". Et Benoît XVI de proposer un chemin : "Parmi les nombreux dons que nous achetons et que nous recevons, n’oublions pas le vrai don : de nous donner les uns aux autres quelque chose de nous-mêmes. De nous donner les uns aux autres de notre temps. D’ouvrir notre temps pour Dieu. […] Ainsi naît la joie, ainsi se crée la fête".