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Saint-Étienne-du-Mont, outre son splendide jubé, véritable rescapé architectural, possède un des ensembles de vitraux les plus complets et les plus riches des églises parisiennes. Réalisés entre le début du XVIe siècle et le premier quart du XVIIe siècle, ils présentent cette caractéristique exceptionnelle que la plupart des vitraux sont à leur emplacement d’origine.
Parmi cette belle collection qui orne Saint-Étienne-du-Mont, les vitraux de la galerie du cloître du charnier. Cette galerie a été construite au XVIIe siècle sur le petit cimetière médiéval qui lui a donné son nom. À l’origine, l’ensemble était constitué de vingt-quatre vitraux. Il en reste douze aujourd’hui, sans compter quelques fragments. Les vitraux, ce qui est peu fréquent, sont installés à hauteur d’homme, ce qui en fait un livre ouvert, particulièrement destiné à enseigner les fidèles.
Le sens de la présence réelle
Les vitraux suivent un thème commun, celui de l’Eucharistie, son annonce dans l’Évangile et ses préfigurations dans l’ancien Testament. Au lendemain des guerres de Religion, il s’agissait de réaffirmer le sens de la présence réelle du Christ dans le pain et le vin consacrés, contestée par le protestantisme. La chapelle était en effet auparavant une chapelle de la Communion. Si on parle habituellement de vitraux, peut-être serait-il plus juste de parler de peintures sur verre. En effet, contrairement aux vitraux colorés dans la masse, la peinture est ici appliquée sur du verre blanc avec des émaux recuits au four. La technique permet une grande précision des détails, les vitraux peuvent ainsi être vus de près.
Si la moitié des vitraux de la galerie a disparu, c’est que leur vie a été bien chaotique. Au cours du XVIIIe siècle, deux des vitraux sont déplacés dans la chapelle de la Vierge, sans quitter l’église. En 1794, tous les vitraux sont déposés et déplacés au centre des Petits-Augustins, qui allait devenir le musée des monuments français. La trace de deux d’entre eux est perdue. En 1802, l’archevêque de Paris réclame le retour de tous les vitraux dans la galerie des charniers. Le directeur du musée renâcle, mais finit par céder. Les vitraux retrouvent leur place, dans un ordre de présentation dont rien ne garantit qu’il est celui d’origine. La réinstallation à Saint-Étienne-du-Mont n’assure pas la sécurité des œuvres, car on constate que les fidèles enlèvent les morceaux brisés. Ne sont donc maintenus dans la galerie que les verrières complètes, les morceaux fragmentaires étant redistribués dans d’autres chapelles de l’église.
Une étonnante arche de Noé
Les vitraux ont été réalisés à partir de gravures de l’époque, choisie par le clergé de l’église. Parmi les douze que nous connaissons, l’un d’entre eux figure l’arche de Noé sur sa partie haute, et l’Église, représentée par un vaisseau dont Jésus tient le gouvernail. Il conduit saint Louis, un évêque, un magistrat, un empereur, des bourgeois et quelques grands personnages. L’église est ainsi conduite par l’Esprit saint, contre lequel le vent du mal ne peut rien. Dans son arche, Noé a embarqué, un cheval et un lion, des figurations habituelles, avec un mouton, un taureau, un dromadaire… et une licorne !
Jusqu’à la fin de la Renaissance, on a cru à l’existence de cet animal légendaire. On la retrouve même dans des encyclopédies jusqu’au XVIIIe siècle. Qu’elle apparaisse ici n’est pas incohérent avec les récits d’explorateurs à l’esprit imaginatif. Un mystérieux animal au long cou, à tête de chien, et tacheté de bleu, est visible derrière la licorne. Il doit s'agir d’une représentation d’une girafe, connue sous le nom de chameau-léopard, ou chameau-panthère au Moyen Âge. Moins connue que la licorne, l’Occident en a tellement peu rencontré qu’elle a aussi peuplé les imaginaires avec d’étonnantes images.