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Des Alpes aux Pyrénées, les Premiers ministres se succèdent et nous convoquent aux pieds de l’Himalaya. Que de sommets ! Il est vrai que le vertige saisit quiconque réfléchit aux défis qui se présentent à nous. Les deux hommes qui se succèdent à Matignon ont le même âge et donnent une forme d’infléchissement à l’idéologie jeuniste qui considère qu’avoir moins de 40 ans est un gage de compétence. Ils ont en commun d’être pères de famille et de ne pas faire mystère de leur foi chrétienne. Même si pour certains ils ne le sont pas assez, il est probable que pour beaucoup ils le sont déjà trop.
Henri IV : au-dessus de lui, le bien commun
Il est toujours plaisant d’entendre sur ce point les mêmes qui désignent volontiers ceux qu’ils voient comme apostats ou comme libres-penseurs, tortiller du nez dès qu’un homme politique évoque son baptême en le trouvant trop tiède ou pas assez saint. L’évocation par l’actuel chef d’un gouvernement en train d’être composé, de la figure du roi Henri IV — "mon seul ami de toujours" a-t-il même précisé — est pourtant inspirante. Avant d’être le "bon roi", le Navarrais fut d’abord un huguenot qui échappa de peu à quelques complots et massacres. Si la postérité nous le présente comme un exemple de juste gouvernance, mais aussi finalement de martyr, il fut celui qui entreprit un travail de réconciliation qui sauva le royaume d’un chaos infernal.
Car, ne nous y trompons pas, ce n’est pas d’un gourou ou d’un bateleur, d’un charmeur ou d’un enjôleur dont nous avons besoin, mais bien d’un homme donné.
"Paris vaut bien une messe" : les festivités autour de l’inauguration de Notre-Dame nous l’ont rappelé abondamment. La formule a son petit parfum de résignation et d’abdication politicarde. N’étant pas historien, je ne me risquerais pas à trancher. Ayant été écolier, je me contente de savoir gré à celui qui accepta de mettre au-dessus de lui le bien commun. En devenant catholique, Henri, me semble-t-il rappelle que le monarque ne trouve sa légitimité que dans le don de lui-même au bien de son peuple. En langage d’Évangile on pourrait dire que le maître ne peut se prétendre ainsi que s’il est vraiment et totalement serviteur. Serviteur, n’est-ce pas la signification du mot « ministre » ?
Le ministre, ce serviteur dont nous avons besoin
Qu’il soit équipé d’un maroquin ou revêtu d’une chasuble, le ministre est celui qui est convoqué à servir. Nul n’oblige quiconque à recevoir ce titre, mais il est temps que l’on exige de ceux qui s’en revêtent qu’ils se convertissent à leur dignité. "Serviteur du bien commun" : ces mots semblent pour beaucoup désuets au point qu’on les tait ou qu’on feint de les oublier. Cela signifie que le ministre n’est pas là pour servir telle ou telle faction, tel ou tel camp. Qu’il n’est pas là pour le plaisir de ceux qui pensent être de "son parti". Mais qu’il est là pour rechercher le bien commun à tous et le servir. Il ne lui appartient pas de le définir mais de le rechercher. Il n’en est ni le créateur ni le propriétaire, mais simplement le scrutateur.
La mission est redoutable car elle oblige au renoncement et à l’humilité. Aucune pensée politique, aucune philosophie, aucune religion ne peut à elle seule dire la totalité de ce bien pour aujourd’hui. La rencontre des hommes, leur écoute et l’oreille ouverte à la voix de sa conscience, illuminées par la foi si par bonheur il croit que la Vérité a pour nom celui de Jésus et en aucun cas le sien propre : autant de conditions qui permettent au ministre d’être ce serviteur dont nous avons tant besoin. Car, ne nous y trompons pas, ce n’est pas d’un gourou ou d’un bateleur, d’un charmeur ou d’un enjôleur dont nous avons besoin, mais bien d’un homme donné.
Prier pour ceux qui nous gouvernent
Il est bon que, nous, baptisés qui aimons tant exiger de la société des droits et une reconnaissance, nous commencions avec zèle et ferveur à prier pour ceux qui nous gouvernent. L'article VIII du Concordat de 1801 déclarait : "Il est convenu qu'après l'office, on récitera dans les églises catholiques la formule de prière suivante : Domine, salvam fac Rempublicam ; Domine, salvos fac Consules – "Seigneur, sauve la République ; Seigneur, sauve les consuls". La formule s’inspirait du Domine salvam fac Regem et exaudi nos in die qua invocaverimus te – "Seigneur sauve le roi et exauce nous au jour que nous t’invoquerons".
Depuis le milieu du XIXe siècle, la formule encore en usage dans les communautés traditionalistes se contente d’un salvam fac Galliam (Seigneur sauve la France) moins engagé sur le régime. Mais dès les premières années du christianisme, Paul n’écrivait-il pas : "J’encourage avant tout à faire des prières pour les chefs d’État et ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu" (1Tm 2,1-2) ? Et si nous redoublions en ces jours de prière pour que ceux qui nous gouvernent consentent à être ceux que leurs titres disent d’eux, et qu’ainsi nous découvrions avec eux combien le bien commun s’accompagne de réconciliation et d’abnégation ? Sans nous en faire pour autant une montagne...