"À votre avis, le président Macron va-t-il aller au bout de son mandat ? — Mon père, on ne fait pas de politique à l’église, encore moins en chaire ! — Parce que je le sens un peu ébranlé par cette dissolution. Son trône est fragile, il ne tiendra pas jusqu’au bout, encore quelques mois peut-être…" Ce qui est vrai d’Emmanuel Macron, est vrai de tous nos politiques, ils sont tous assis sur des sièges éjectables. Il n’y en a qu’un qui soit assis sur un siège solide, un seul dont "le trône tient bon", le psalmiste nous l’affirme : "Dès l’origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es" (Ps 92). Le seul, c’est Dieu ! C’est lui notre roi, c’est lui que nous fêtons aujourd’hui, le Christ roi de l’univers. Roi de l’univers, rien de moins, car c’est un Dieu jaloux nous dit l’écriture, un Dieu qui veut tout prendre sous sa royauté, il ne veut pas d’un petit royaume, il ne peut se contenter de régner sur la France ou sur l’Europe, c’est trop peu et d’ailleurs, "son royaume n’est pas de ce monde". Non, il veut régner sur l’univers tout entier et l’univers se découpe en trois zones, trois lieux sur lesquels il veut régner sans partage : le ciel, la terre et ton cœur.
Le ciel, c’est le royaume de Dieu !
Il y a un lieu où il règne parfaitement, un lieu où il règne déjà : le ciel. Le ciel, c’est le royaume de Dieu ! C’est ce qu’affirme Jésus à Pilate quand il dit : "Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs" (Jn 18, 36). Le ciel c’est le royaume de Dieu, ce lieu où il a établi la paix, ce lieu où il rassemble tous ceux qui l’aiment. Ce lieu où l’harmonie originelle est rétablie, ce lieu où le péché est vaincu définitivement, ce lieu où nous vivrons en compagnie des saints et de ceux qui ont cru en Jésus, qui ont cherché à le suivre, lui qui est le chemin, à le croire, lui qui est la vérité. Ce lieu auquel nous aspirons de toutes nos forces pour vivre éternellement avec lui, c’est la promesse qu’il fait au bon larron : "Aujourd’hui, tu seras avec moi en paradis." "Avec moi," c’est cela le royaume !
Régner sur la terre
Il y a donc le ciel où Dieu règne déjà et il y a la terre où il veut régner. C’est le deuxième lieu. C’est ce que nous affirmons chaque fois que nous récitons le Notre Père : "Que ton règne vienne sur la terre comme au ciel." Nous voulons que le règne de Dieu advienne sur la terre et pour cela nous avons besoin d’armes, d'outils, de stratégie. Car pour régner aujourd’hui, pour vaincre aujourd’hui, il faut des armes, il faut de l’argent, il faut de la ruse, il faut de la violence, il faut du mensonge, de la duperie, il faut de l’entregent… mais ces armes-là, de qui sont-elles ? Elles ne sont pas de Dieu. Elles sont celles dont les hommes se servent pour vaincre, mais ces armes sont celles de Satan, l’ennemi de Dieu et nous ne voulons pas nous en servir. Car nous servir de ces armes, c’est servir le démon et c’est donc faire advenir son règne.
Le diable a perdu le combat du ciel [...] alors il se rabat sur le combat de la terre pour essayer de remporter le combat du cœur.
C’est le deuxième sens de la phrase de Jésus à Pilate : "Ma royauté n’est pas d’ici" (v. 36b). Nous ne voulons pas nous servir de ces armes, car nous savons qu’elles ne sont pas de Dieu. Et le royaume de Dieu ne peut advenir qu’avec les armes de Dieu, les moyens de Dieu. C’est pourtant tentant de nous servir des armes des hommes, car elles sont efficaces, elles ont fait leurs preuves, elles sont plus efficaces que les paroles doucereuses des curés qui n’ont aucune prise sur la réalité. Elles sont efficaces, si efficaces qu’elles peuvent établir le royaume de Satan sur terre et qu’en même temps, elles peuvent détruire les cœurs. Car c’est la tactique du diable de commencer par te donner les armes pour régner sur le monde ; il te fait miroiter, le succès, la richesse, la gloire (et parfois même, il te les donne). Pour cela, il te susurre à l’oreille "utilise mes armes", et c’est ainsi qu’il règne sur ton cœur. Si Dieu veut régner sur la terre, on se dit que c’est un énorme échec : il suffit d’allumer nos télévisions pour nous en rendre compte, Dieu ne règne pas sur terre.
Le combat du cœur
Et c’est vrai, Dieu ne règne pas sur terre. Parce qu’il n’a pas choisi la tactique du diable. Le diable a perdu le combat du ciel, là où il n’a jamais régné et il ne régnera jamais ; alors il se rabat sur le combat de la terre pour essayer de remporter le combat du cœur. Dieu, lui, mène le combat du cœur pour ensuite remporter le combat de la terre, pour que son règne vienne sur la terre comme au ciel. Et son unique stratégie, c’est toi, son unique stratégie, c’est de gagner les cœurs, de régner sur les cœurs, un cœur après l’autre, un par un. Dieu veut régner sur les cœurs. Dieu veut régner sur nos cœurs. Jésus veut régner sur ton cœur.
Jésus veut qu’à la question de Pilate : "Alors tu es roi ?" (Jn 18, 33), nous répondions : "Oui Jésus, tu es roi, tu es mon roi." Cette réponse, c’est sa victoire. Si ce matin, tu peux dire dans le secret de ton cœur : "Jésus, tu es mon roi", alors la victoire du Christ devient ta victoire, alors il va commencer à régner sur ton cœur.
Écouter la voix de la Vérité
Cela implique trois choses, nous dit l’Évangile. Premièrement, écouter sa voix plutôt que toutes les autres voix, car "quiconque appartient à la vérité écoute ma voix" (Jn 18, 37). Écouter la voix de Jésus plutôt que celle du diable qui susurre à notre oreille. Si le diable susurre, sache qu’il n’a aucun pouvoir sur ton cœur, ton cœur est à Jésus, c’est lui qui y règne. Le diable ne peut que susurrer, il ne peut pas entrer car la place est prise et Jésus veut toute la place, pas un petit morceau de ton cœur, pas juste une heure le dimanche, il veut tout, donne-lui tout.
Deuxièmement, reconnaître Jésus comme la Vérité et lui appartenir ("quiconque appartient à la vérité écoute ma voix"). La vérité pour nous n’est pas un discours, ce n’est pas un argumentaire, des idées ou une morale, la vérité, c’est une personne et nous ne devrions jamais dire que nous avons la vérité, que nous possédons la vérité, nous ne pouvons que proclamer que nous appartenons à la vérité, que nous appartenons au Christ, qu’il a tout pouvoir sur notre cœur et c’est la troisième conséquence : Je veux pour ma vie n’utiliser que les armes du Christ, aucune autre ! Les armes qu’il me propose dans son enseignement, celui que j’écoute, les armes dont Jésus s’est servi, les armes dont il a nous a montré le pouvoir.
Les armes de mon roi
Elles sont déroutantes ces armes. Elles sont les seules que nous avons pour faire advenir le règne du Christ sur la terre. Elles sont les seules et nous n’en voulons pas d’autres. Et pour nous enseigner leur maniement, nous ne voulons pas d’autre maître d’armes que Jésus. Tout l’Évangile nous donne de le contempler les utilisant. Nous contemplons notre roi, nous imitons notre roi.
Pour régner, il choisit de servir alors je servirai. Pour éclairer, il choisit la vérité alors je serai vrai. Pour enrichir, il choisit la pauvreté du cœur alors je me simplifierai. Pour n’être prisonnier de rien, il vécut sobrement alors je donnerai. Pour me libérer, il écrase le serpent alors je le refuserai. Comme chemin, il choisit l’humilité alors je m’abaisserai. Pour vaincre, il choisit de pardonner alors je pardonnerai. Pour aimer, il choisit de donner sa vie alors je me donnerai. Pour vivre comme toi, je t’ouvrirai mon cœur, je t’accueillerai. Car tu es mon roi. Jésus, mon roi.
Lectures de la solennité du Christ Roi de l’univers :