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Patrice, Valérie, Marie-Amélie et Ghislaine pèlerinent au rythme de l’escargoline

DEPART-DE-CONQUES-COMPOSTELLE

Départ de Conques.

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Bérengère de Portzamparc - publié le 21/11/24
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C’est une sacrée aventure que vivent Patrice, Valérie, Marie-Amélie et Ghislaine, un groupe d’amis septuagénaires en route vers Compostelle. Trois semaines par an, ils avancent sur le Camino et accompagnent l’une d’entre eux assise dans une escargoline. Ils ont déjà parcouru 800 kilomètres depuis leur départ, il y a trois ans.

Ne cherchez pas d’autres exemples, il n’y en a pas ! Patrice, Valérie, Marie-Amélie et Ghislaine, moyenne d’âge 70 ans, sont les premiers à réaliser cet exploit, à la fois amical, sportif et spirituel. Depuis trois ans, chaque mois de septembre, ils partent sur le Camino (ils viennent de finir la partie française en 2024) avec une escargoline qui transporte Valérie, dont la mobilité est réduite depuis un AVC en 2009. L’escargoline ? C’est un chariot à trois roues pour personnes handicapées, inventé et créé en 2016 par Jacques Clouteau, à la fois pèlerin et éditeur des célèbres guides Miam-miam Dodo. Légère, maniable, robuste et tout-terrain, cette escargoline est tirée par un âne, et se guide à l’arrière par un accompagnateur aux manettes. C’est son système de séparation d’urgence en cas de panique de l’animal qui est le véritable atout pour le chemin, assurant la sécurité des pèlerins. 

Des amis comme une famille

C’est donc grâce à la découverte de l’existence d’un tel engin que nos amis se sont décidés à partir, la première fois en septembre 2022, depuis le Puy-en-Velay, et qu’ils viennent, après 21 jours au mois de septembre dernier, de finir la partie française, soit plus de 800 kilomètres tout de même ! Tout a commencé par une rencontre, il y a plus de quarante ans, au Gabon, en Afrique, entre ces trois ménages d’expatriés français : Patrice et Valérie, Jean et Ghislaine, Christian et Marie-Amélie. "À l’étranger, les amis rencontrés deviennent comme une famille.". Et de fait, cette amitié ne va jamais se distendre malgré les déménagements, les difficultés de la vie et autres aventures familiales. Ils se connaissent par cœur, se suivent au fil du temps, et vont entourer leur amie Valérie lorsqu'elle fera son AVC, puis Ghislaine qui va se retrouver veuve. Tous connaissent aussi l’un des plus grands rêves de Valérie, adepte des treks avec son mari pendant des années, "faire le chemin de Saint Jacques". Seulement, la voilà à présent avec une mobilité limitée et ce rêve semble s’éloigner…

C’est une aventure qui nous touche tous de façon personnelle et particulière, et que nous ne ratons pour rien au monde chaque année.

C’est sans compter sur Marie-Amélie, qui réalise une première fois le chemin de Saint Jacques dans les années 2010 et découvre "un peu par hasard" l’existence de cet engin au nom engageant "l’escargoline". Elle parle alors de sa découverte à son groupe d’amis, et tous ces aventuriers, qui n’ont pas eu peur de vivre dans de nombreux pays au cours de leurs carrières, se mettent à imaginer la possibilité de partir ensemble pour accompagner Valérie et Patrice.

Une bouffée d’air frais

"Grâce à l’expérience de Marie-Amélie qui nous a recommandé la meilleure marque de chaussures et de chaussettes, nous partons chaque année sans entraînement particulier en amont, et sans aucune ampoule pendant trois semaines", se félicite Patrice, seul homme de l’équipage depuis deux ans, Christian ayant eu des problèmes de dos. Les septuagénaires vivent ces trois semaines, pourtant sportives et engageantes, avec cette escaroline de 70 kilos à diriger et l'âne à gérer, comme une "bouffée d’air frais". "On rentre reposé et apaisé", confie même Ghislaine, malgré les 20 kilomètres par jour, le confort relatif, les montées et les passages difficiles à gérer. "C’est une aventure qui nous touche tous de façon personnelle et particulière, et que nous ne ratons pour rien au monde chaque année", ajoute Marie-Amélie, particulièrement frappée par l’amour que Patrice porte à Valérie, qui elle-même ne se plaint jamais, et a toujours le sourire aux lèvres. "On le fait pour elle, avec elle et grâce à elle". "Je vis mon rêve, c’est extraordinaire", ajoute pudiquement Valérie. 

PELERINAGE-SAINT-JACQUES
Dans l’Aubrac, départ du matin.

En interrogeant ce groupe d’aventuriers dynamiques, on est frappé par la connivence, l'amitié et l’amour qui ressort de leurs échanges et réflexions. Tous partagent avec sincérité et humour ce que cela leur apporte, et les souvenirs et anecdotes sont infinies. Parmi les rencontres, toujours fortes et marquantes, ils aiment raconter ce groupe de jeunes croisés au hasard, et qui les avaient aidés dans une montée particulièrement ardue. "Quelques heures après, on les retrouve dans un autre passage difficile, ils nous avaient attendus exprès car ils savaient qu’on n’y arriverait pas tous seuls ! Ils ont cassé leur rythme de marche pour nous, c’est cela Saint Jacques, la solidarité à chaque coin de route."

Arrivée à Saint Jacques, septembre 2026

Il est certain que cette équipage de septuagénaires poussant l’escargoline marque particulièrement les pèlerins mais aussi les hôtes d’un soir. "Les gens nous confient qu’ils n'imaginent pas que c’était possible de faire le Camino avec une personne handicapée, et on voit bien qu’ils y réfléchissent…", constate Patrice, qui aimerait par dessus tout que cela donne des idées à d’autres, et faire mieux connaître l’existence de cette escarlogine "si bien conçue, si formidable."

La suite de l’aventure se précise. Cela se passera en septembre 2025. Les joyeux pèlerins viennent de trouver une escargoline et un ânier côté espagnol, "ce qui n’était pas évident !" Ils comptent donc repartir trois semaines pour faire la moitié du parcours, et visent une arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle en septembre 2026, "si on peut encore", doute l’un d’eux. Les autres rigolent : "Évidemment qu’on pourra !" Décidément rien n’arrête ces aventuriers de l’amitié.

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