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Les "patros". Un concept qui peut sembler désuet de nos jours puisque l’heure de gloire des patronages se situe plutôt à la fin de la première moitié du XIXe siècle : en 1950, la France comptait 12.000 patronages qui accueillaient des millions d’enfants. Dans les années 1970, la plupart ont disparu, quand d’autres sont devenus des associations laïques. Mais depuis une dizaine d’années se dessine un réel regain d’intérêt pour les patronages. Une initiative encouragée par le pape François dans son exhortation apostolique Christus vivit (2019) : "Nous avons besoin d’offrir aux jeunes leurs propres lieux, des lieux qui les accueillent et où ils puissent se rendre avec confiance à la rencontre d’autres jeunes. Quelque chose comme cela a été réalisé par certains patronages, qui, dans de nombreux cas, constituent des lieux où les jeunes font des expériences d’amitié, où ils se retrouvent et peuvent partager la musique, les loisirs, le sport, et aussi la réflexion et la prière."
Actuellement, la France compterait près de 300 patronages, selon l’incubateur Esprit de patronage qui accompagne le déploiement des patronages dans toute la France, sans compter les nombreux projets de créations ou de réouvertures en cours. "Et les demandes ne cessent d’affluer", assure Lise-Marie Bonhomme, directrice d'Esprit de patronage. Cette année, l’incubateur a accompagné pas moins de 18 nouveaux patronages qui ont ouvert leurs portes à la rentrée de septembre 2024. Le patronage Saint Symphorien, à Nuits-Saint-Georges, dans le diocèse de Dijon, est l’un d’entre eux. Ouvert le 2 septembre, il accueille, au sein de l’école privée sous contrat de la ville, une cinquantaine d’enfants quatre jours par semaine, après la classe. "Lorsque je suis arrivé dans la paroisse en septembre 2023, je me suis rendu compte que sur les 160 enfants de l’école privée, dix seulement venaient au catéchisme ! Alors qu’il n’y avait pas de catéchèse régulière à l’école", confie le père Aurélien Fourcault, curé des paroisses de Nuits-Saint-Georges et de l'Étang-Vergy. Pour le prêtre, cela a été le déclic pour monter un patronage, alors même qu’il n’avait aucune expérience en la matière. "On avait tout sous la main ! Les locaux, et les enfants ! La directrice de l’école s’est montrée enthousiaste, et nous avons réuni une trentaine de bénévoles, des parents et des grands-parents, qui encadrent les différents ateliers."
Parmi les ateliers proposés au patronage Saint Symphorien, l’aide aux devoirs, la mosaïque et la pâtisserie rencontrent un franc succès, sans oublier l’éveil à la foi et la catéchèse. Un temps spirituel pour tous est prévu après le goûter. "Nous tenons à une annonce claire de la foi", souligne le curé qui est présent tous les soirs au patronage. Patronage paroissial qui n’est pas réservé aux élèves de l’école privée. Un tiers des enfants est scolarisé dans les écoles publiques alentour, et viennent au patronage grâce à un service de "pédibus" organisé par les bénévoles. Un bel élan missionnaire résulte de cette mixité. "Tous ces enfants, toutes ces familles, toute cette proposition explicite de la foi dans le patronage, donne un élan missionnaire à nos deux paroisses", souligne le père Aurélien Fourcault. "Cela crée des connexions entre des gens qui ne se connaissent pas forcément, qui ne fréquentent pas nos paroisses habituellement." Et la recette semble fonctionner puisque les enfants sont encore plus nombreux à s’être inscrits au patronage pour la période allant jusqu’à Noël.
"Le catéchisme n'est plus une activité isolée"
Si le souci de catéchiser les enfants apparaît bien souvent comme un élément déclencheur dans la création d’un patronage, cela n’est pas pour autant l’objectif premier. C’est un fruit. Le but, c’est d’abord de vivre la fraternité, l’amitié, de grandir à travers le jeu et les petites responsabilités qui sont confiées aux enfants. À Saint-Omer, lorsqu’une petite équipe a réfléchi à la manière d’offrir un meilleur accueil aux enfants dans la paroisse, il en a résulté deux convictions : tout ne se joue pas forcément le dimanche à la messe, et une heure de catéchèse, ce n’est pas suffisant pour grandir en tant que chrétien. "Il fallait autre chose, du jeu, de la prière, des activités, il fallait une communauté, des liens, une vie !", expliquent avec enthousiasme Valérie Durand et Lucie Hapiette, responsables du patronage Notre-Dame des Miracles, qui a ouvert en octobre 2023 et accueille une cinquantaine d’enfants une fois par mois le samedi matin et pendant les vacances de la Toussaint et de février.
"L’une des choses les plus belles, au patronage, c’est que nous sommes une grande famille."
Un lieu de vie, c’est aussi ce qui définit le patronage Saint Mayeul à Mâcon, créé en 2023 et dont les effectifs ont plus que doublé en un an, passant de 40 enfants en 2023 à 85 enfants en 2024. "Ce qui me tient à cœur, c’est que le patronage soit d’abord un lieu de paix, de sécurité, de gratuité", confie le père Ludovic Bard, prêtre du diocèse d’Autun et aumônier du patronage, qui a fait ses armes lors de ses six années passées au Bon Conseil, à Paris. "L’une des choses les plus belles, au patronage, c’est que nous sommes une grande famille." Une grande famille composée d’adultes, de sensibilités ecclésiales parfois très différentes, d’adolescents et d’enfants qui cheminent ensemble pour grandir dans la vie chrétienne. À Mâcon, le patronage vise en premier lieu les enfants du catéchisme. "Une heure de catéchisme par semaine, ce n’est pas beaucoup, d’autant plus si l’enfant n’entend pas parler du Christ à l’école ou à la maison. Le catéchisme ne débouche pas sur une vie de foi. Sans compter qu’après la première communion, les enfants se volatilisent ! En apprenant à un enfant à prier, à vivre en chrétien, le patronage offre la possibilité de faire grandir la foi, de l’approfondir."
"Le catéchisme n'est plus une activité isolée", confie quant à lui le père Vincent Charmet, prêtre du nouveau patronage du Sacré-Cœur à Belleville, en Beaujolais. "Ma joie est de voir combien la formule du patronage se prête à une transmission de la foi en douceur, "infusée" dans la vie ordinaire, au milieu des jeux, des histoires racontées, des goûters, et même des devoirs."
Des fruits visibles et immédiats
L’aide aux devoirs. Si ces trois mots séduisent les parents, ces derniers se rendent compte que leurs enfants bénéficient de bien plus, en allant au patronage. Car au-delà du jeu et de la joie d’être ensemble, le patronage est aussi le lieu où ils grandissent, humainement d’abord. Nombreux sont les parents qui témoignent ne plus "reconnaître" leur enfant. Parce qu’il prend goût au service, parce qu’il a la responsabilité de s’occuper de plus jeunes, ou tout simplement parce qu’il a appris à saluer en regardant droit dans les yeux. Un principe éducatif commun à de nombreux patronages. "On voit les jeunes se transformer, en faisant l’expérience de l’entraide, de la transmission, du service", témoignent encore Valérie Durand et Lucie Hapiette.
Un lieu où l’on grandit humainement, mais aussi spirituellement. Au patronage, il est possible de développer sa vie intérieure, d’approfondir sa foi. "Les enfants peuvent partager la joie d’être chrétien quand ailleurs, ils la cachent", fait remarquer Geoffrey Laurent, chargé de mission à Esprit de patronage. "Les fruits sont nombreux, et sont visibles toute de suite". Ce sont des demandes de sacrements, baptêmes, premières communions ou confirmations, de la part des enfants, mais aussi de leurs parents, qui, grâce à leurs enfants, poussent de nouveau la porte de l’Église. À Mâcon, le père Ludovic Bard a reçu quatre demandes de baptême d’enfants, à Saint-Omer, les enfants du patronage ont largement renfloué l’équipe des servants d’autel de la cathédrale et six adolescents ont demandé à se préparer à la confirmation.
Une ouverture sur le monde
Un autre secret de la réussite des patronages réside dans leur ouverture sur le monde. Il ne s’agit pas d’un petit groupe replié sur lui-même. Si dans un premier temps, il est bon de poser des habitudes éducatives enracinées dans la foi chrétienne, le patronage a pour vocation de s’ouvrir, notamment à ceux qui ne connaissent pas le Christ. Une vision chère au père Bruno Guespereau, qui chapeaute le nouveau patronage Les 12 d’Ozanam à Cergy, dans le diocèse de Pontoise, ouvert à la rentrée 2024 avec une vingtaine d’enfants. Après une expérience au patronage La Camillienne à Paris, il est pleinement convaincu de la nécessité de s’ouvrir au monde, à ceux qui sont moins proches de la religion. "Si les catholiques restent entre eux, il manque une dimension à leur vie chrétienne. Cette première année, on pose les bases, "ici, on joue, ici, on prie", mais notre préoccupation, c’est ensuite d’ouvrir à ceux qui ne connaissent pas le Christ. Les chrétiens évangéliseront ceux qui ne le sont pas !" Un désir partagé par les responsables du patronage de Saint-Omer. "La meilleure publicité, c’est le bouche-à-oreille", soulignent Valérie Durand et Lucie Hapiette. "À moyen terme, nous aimerions accueillir des enfants qui ne sont pas baptisés, qui ne connaissent pas Jésus." Une vaste et belle mission !