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C’est en rouge, couleur du sang des martyrs, que les églises et bâtiments emblématiques de plusieurs pays vont être éclairés entre le 17 et le 22 novembre. En France, ce seront Notre-Dame de Paris, le Sacré-Cœur de Montmartre, la basilique de Lourdes et des dizaines d’autres qui s’habilleront de ces couleurs pour rappeler le sort des chrétiens persécutés à travers le monde et que l’Aide à l’Église en détresse (AED) entend mettre au cœur de l’actualité. Mais au-delà de ces sanctuaires illuminés c’est bien la “Nuit des Témoins” qui est le cœur battant de ce rendez-vous. Chaque soir va se tenir dans une ville différente de France une veillée, ponctuée de témoignages, de chants et de méditations sur les fruits du martyre et au cours de laquelle sont égrenés les noms des chrétiens tués dans l’année : "Cela fait quinze ans que nous cherchons des témoins disponibles pour nous raconter leur quotidien émaillé de violence mais aussi d’espérance", confie l’organisation à Aleteia.
Quinze années. Un temps suffisamment long pour en faire un rendez-vous incontournable auquel les fidèles et les curieux se sont habitués et qui permet, au moins le temps d’une soirée, de découvrir et mesurer les persécutions dont sont encore victimes les chrétiens aujourd’hui à travers le monde. “Oui c’est un rendez-vous annuel attendu et que nous comptons bien poursuivre mais imaginez les risques que prennent nos témoins pour venir ici”, complète Natalie Chambon, l’organisatrice de la “Nuit des Témoins” à l’AED. Car l’objectif de cette soirée est bien d’informer sur des pays où la liberté religieuse n’est pas respectée et trouver des témoins directs n’est pas une mince affaire.
Le prix à payer pour témoigner
Cette année, l’AED a choisi trois témoins : le père Hamazasp Kéchichian, prêtre mekhitariste arménien, Naeem Yousaf Gill, directeur exécutif de la Commission Justice et Paix au Pakistan, et le père Laurent Balma, du diocèse de Kaya au Burkina Faso. "Nous sommes heureux d’avoir trouver des témoins pour ces trois pays qui font régulièrement et malheureusement l’actualité ces derniers mois mais nous avons bien failli ne pas y arriver", s’inquiète l’équipe de l’AED. C’est initialement une religieuse qui vit au Burkina Faso, la supérieure des sœurs de l’Immaculée conception, qui devait venir témoigner. "Mais elle nous a appelé pour décliner l’invitation car cela mettait en danger les sœurs sur place et elle-même à son retour dans le pays." L’AED a donc dû chercher un autre témoin pour prendre le relais. C’est finalement un prêtre burkinabé fidei donum en France, à Saint-Denis, qui a accepté de venir témoigner.
Cette difficulté, que l’AED rencontre chaque année, peut avoir de graves conséquences. En 2013 c’est une religieuse venue du Laos, sœur Rose (le nom a été changé, ndlr) qui est venue témoigner. "Elle avait voulu rapporter sur une clef USB l’enregistrement de la veillée et l’avait caché sur elle", se souvient un membre de l’AED. Depuis, l'association n’a plus jamais eu de nouvelles d’elle. "On ne sait pas, peut-être qu’il ne lui est rien arrivé mais nous avons totalement perdu contact." C’est aussi le cas de ce prêtre algérien qui a demandé en 2018 à l’AED de retirer certains passages filmés de son intervention après avoir reçu des menaces de mort. L’année dernière, un évêque birman avait alerté l’AED sur les graves attaques dont était victime l’Église dans le pays et s’était mobilisé pour trouver un témoin. Malheureusement, face au risque d’emprisonnement au retour, c’est finalement un prêtre birman ayant la nationalité américaine, le père David Michael de Penha, qui s’est déplacé pour témoigner. "Il savait qu’il ne pourrait pas retourner en Birmanie après", détaille l’AED. "Mais il a quand même accepté de le faire."
L’AED avait aussi voulu parler de ce qui se passait en Corée du Nord et en Chine avec un prêtre des Missions étrangères de Paris (MEP) en mission en Corée du Sud. “Lui était d’accord pour venir mais il avait dû convaincre ses supérieurs qui craignaient qu’il ne soit emprisonné à son retour”, détaille encore l’AED. "Il était finalement venu mais lorsqu’il est retourné en Corée du Sud il n’est pas retourné en mission en Chine pendant plusieurs années car il avait eu des informations comme quoi il risquait d’être emprisonné (son rôle était de faire sortir des ressortissants de Corée du Nord par la Chine, ndlr)."
Il y a une dizaine d’années, lors des premières “Nuit des Témoins”, l’AED savait que faire venir des témoins d’Iran, d'Erythrée ou de Chine ne serait pas possible au regard des risques encourus. "Mais ces dernières années, le nombre de pays où il devient impossible de faire venir quelqu’un est en augmentation constante", reprend l’association. Venezuela, Nicaragua, Burkina Faso… "Aujourd’hui ces pays se trouvent dans l’œil du cyclone des persécutions alors qu’on ne pouvait s’en douter il y a dix ans."
Les prêtres et religieuses qui viennent témoigner lors de la “Nuit des Témoins” sont comme des funambules. Quand on les voit de loin, difficile de ne pas être admiratif de leur courage, leur abnégation, leur regard fixé vers Lui coûte que coûte. Mais le funambule ne doit pas tomber et en témoignant, c’est le risque qu’ils prennent. Un risque volontairement encouru pour que les chrétiens persécutés ne tombent pas dans l’oubli.
Pratique
Ajaccio : dimanche 17 novembre 2024 de 16h à 18h / Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption
Rennes : lundi 18 novembre 2024 de 19h à 21h / Cathédrale Saint-Pierre
Versailles : mardi 19 novembre 2024 de 20h30 à 22h30 / Église Notre-Dame
Bayonne : jeudi 21 novembre 2024 de 19h30 à 21h30 / Cathédrale Sainte-Marie
Paris : vendredi 22 novembre 2024 de 20h à 22h / Église de la Trinité
En partenariat avec l’Aide à l’Église en détresse