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L’incroyable périple de la Couronne d’épines jusqu’à Notre-Dame de Paris

Saint Louis traverse Paris en portant les reliques du Christ.

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Mathilde de Robien - publié le 04/11/24
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Dans la perspective de la réouverture de Notre-Dame le 7 décembre prochain, Aleteia vous fait découvrir chaque semaine une page glorieuse de l’histoire de France ayant pour décor la cathédrale de Paris. Aujourd’hui, place à l’incroyable histoire de la Couronne d’épines, arrivée à Paris le 19 août 1239. (1/5)

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Il s’en est fallu de peu pour que la Sainte Couronne ne devienne propriété des Vénitiens. Sans l’intervention du roi de France Louis IX, elle ferait sans doute partie aujourd’hui du trésor de la basilique Saint Marc ! Mais grâce à la foi ardente de saint Louis, et à son désir de placer la France, et son règne, sous le regard de Dieu, il l’acquiert alors qu’elle était en gage auprès des Vénitiens, et la porte en procession jusqu’à Notre-Dame en attendant la fin de la construction de la Sainte-Chapelle.

Selon la tradition, c’est sainte Hélène, mère de Constantin Ier, qui aurait recueilli à Jérusalem, au IVe siècle, la Couronne d’épines parmi d’autres reliques de la Passion du Christ. Les récits des pèlerins se rendant à Jérusalem au IVe siècle font effectivement mention de la Couronne d’épines et des instruments de la Passion. Nul ne sait la date exacte, mais entre le VIIe siècle, qui marque le retour des invasions perses puis arabes en Terre sainte, et le Xe siècle, les empereurs byzantins transfèrent la Couronne de Jérusalem à Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. Elle rejoint le trésor des empereurs byzantins et est conservée dans la chapelle impériale de Constantinople, Notre-Dame du Phare. Sa trace y est attestée au Xe siècle grâce à un reliquaire d’or émaillé dédicacé au nom de l’"empereur Constantin VII Porphyrogénète, monté en 913 sur le trône". En 1204, les Croisés investissent Constantinople. L'empire latin, succédant à l'empire byzantin, recueille alors la précieuse relique.

L’acquisition de saint Louis

En 1238, la situation financière catastrophique de Baudouin II, empereur latin de Constantinople, le pousse à mettre la Couronne d'épines en gage auprès des Vénitiens pour obtenir des crédits. Ce sont dans ces circonstances que Baudouin II propose alors à son cousin Louis IX d’acquérir la Sainte Couronne. Saint Louis propose une énorme somme pour l’acquisition de cette relique, la première d’une importante "collection". La couronne est acquise en août 1238, moyennant la somme de 135.000 livres tournois, soit près de la moitié du budget royal annuel de l'époque. Vers Noël 1238, elle prend la route vers la France, sous la conduite de deux frères dominicains, Jacques et André de Longjumeau, chargés notamment d’authentifier la précieuse relique. Elle fait escale à Venise, afin de lever le gage qui l’affecte, et continue son périple sous une importante escorte.

Le 10 août 1239, le roi, accompagné de son frère Robert Ier d’Artois et de sa mère Blanche de Castille, va à la rencontre de la délégation et la rejoint à Villeneuve-l’Archevêque (Yonne). Il découvre, parmi une vingtaine d’autres reliques du Christ, la Sainte Couronne. On imagine aisément son émotion en ouvrant le coffre contenant le cercle de joncs tressés, piqué d’épines, que Jésus a supporté durant sa Passion.

Entrée à Notre-Dame

Ensuite, il faut imaginer toute une petite armée qui se dirige vers Paris. L’équipée fait son entrée dans la capitale le 19 août 1239 et marche en procession vers Notre-Dame, qui servira temporairement d’écrin aux reliques tant que les travaux de la Sainte-Chapelle ne sont pas terminés. Le roi délaisse ses parures royales, endosse une simple tunique et, pieds nus, en signe de respect et d’humilité, porte la Sainte Couronne jusqu’à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Deux ans plus tard, en 1241, Louis IX poursuit ses pieuses acquisitions en achetant un morceau de la Sainte Croix et de sept autres reliques dominicales (du Maître, c’est-à-dire du Christ), notamment le Saint Sang et la Pierre du Sépulcre. L'année suivante, ce sont des morceaux de la Sainte Lance et de la Sainte Éponge qui sont ajoutés à la "Sainte Collection". Afin de conserver ces objets sacrés, la Sainte-Chapelle est érigée dans l’enceinte du palais royal et la cérémonie de translation des reliques a lieu en 1248, deux mois avant le départ du roi à la Croisade. Parmi toutes les reliques, la Couronne d’épines est, aux yeux de saint Louis, la plus précieuse. Sans doute parce qu'elle n'a pas été fractionnée, mais aussi parce qu'elle possède un symbole fort : elle souligne que le roi a reçu, selon l’expression de l’office liturgique, "par élection divine", la Couronne du Christ. Saint Louis institue d'ailleurs une fête liturgique spécifique en l'honneur de la Couronne d'épines, fixée au 11 août, jour anniversaire de l’arrivée de la relique à Sens.

La Couronne aujourd’hui

De nos jours, la Couronne représente un cercle de 21 centimètres de diamètre, composé de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or. Elle ne comporte plus aucune épine. Elles ont été dispersées au cours des siècles au gré de dons effectués par les empereurs byzantins et les rois de France. Pas moins de 70 épines, éparpillées dans le monde, se réclament de la sainte couronne.

Appartenant au Trésor de Notre-Dame depuis le 10 août 1806, la Sainte Couronne est conservée depuis l’incendie d’avril 2019 à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Depuis 1896, un tube de cristal et d’or protège la Couronne. La monture ajourée figure une branche de zizyphus ou Spina Christi, arbuste épineux fréquent en Palestine. Si l'authenticité de la Couronne ne peut être scientifiquement attestée, elle demeure néanmoins le signe évident de l’amour du Christ pour l’humanité.

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