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À la Saint-Hubert, la prière du chasseur

Messe de Saint Hubert en plein air. Chasse aux cornes

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Jean-Étienne Rime - publié le 04/11/24
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Tous les 3 novembre, les chasseurs fêtent la "Saint-Hubert". Honorer le "patron des grandes chasses" a-t-il encore un sens aujourd’hui ? Plus qu’on ne le croit, défend notre chroniqueur Jean-Étienne Rime : sa véritable tradition est d’inviter à la prière.

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La légende de saint Hubert est magnifique. On se souvient de la conversion du chasseur à l’apparition d’un cerf. L’animal portait une croix rayonnante entre ses bois lorsqu’il rencontra Hubert chassant avec sa meute. Il posa une question : "Hubert, chasser un jour pareil ? pourquoi ne vas-tu pas prier ?" C’était le Vendredi saint. L’appel fut foudroyant et le veneur transforma radicalement son existence en adoptant une vie monastique exemplaire. Plus tard, il fut élu évêque de Liège-Maastricht et mena une vie d’humilité en se souciant des pauvres.

Témoignages de la foi d’hier

Les chasseurs et les veneurs fêtent leur saint avec faste : messe de Saint-Hubert, sonneries des trompes et bénédiction des chiens… Quel est le sens de ce rituel ancestral dans une France qui oublie ses racines chrétiennes ? Ces signes sont pourtant très présents. Faites l’expérience suivante : comptez le nombre de rappels à notre catholicité de toujours lors d’un parcours routier. Croix, calvaires, églises se succèdent au rythme des paysages de nos campagnes. Il en est de même dans la forêt d’Hubert où le passant, le forestier, le charbonnier ou le chasseur se découvrait jadis devant une croix, la statue d’un saint local ou celle de Notre-Dame. Au-delà de ces manifestations physiques, les traditions liées à la foi demeurent et la célébration de la Saint-Hubert en est un exemple.

Ces témoignages de la foi d’hier sont nombreux et probants et l’on peut cependant se poser la question de l’opportunité de maintenir certaines traditions. Le chasseur d’aujourd’hui, souvent d’origine urbaine, pratique un sport et vit une passion pour découvrir ou redécouvrir les réalités de la nature, sans que le Bon Dieu y soit pour quelque chose, et l’on pourrait imaginer une fête de la chasse sans messe, sans prêtre et sans bénédiction. Mais s’il s’agissait d’une simple coutume célébrée autour d’une bonne table entre amis, la fête se perdrait faute de sens. L’attachement des chasseurs et surtout des veneurs à célébrer saint Hubert est une manifestation concrète de l’attachement à une tradition indissociable d’une piété populaire qui reste vivace comme le montrent la multiplication des pèlerinages, processions et autres formes ravivées d’une expression religieuse immémoriale.

Une parenthèse pour prier son créateur

Au-delà du folklore, il importe de maintenir sa vocation à la fête de Saint-Hubert et replacer la foi au centre de sa célébration. Pour cela, il faut d’abord examiner les origines et le passé : tant d’ancêtres de toutes origines géographiques et sociales l’ont célébré avant nous et ont associé Dieu à la chasse comme à toute activité humaine. En perpétuant la tradition, l’on s’associe à la grande foule intemporelle des croyants. Se pose aussi la question de l’importance de la nature dans nos vies, la nécessité de la respecter et de magnifier la Création. Nous sommes là parfaitement dans un esprit Laudato Si’. La vie dans la nature aide à prier son Créateur. 

Mais le vrai sujet, celui qui préoccupe naturellement le prêtre qui accepte de célébrer la messe de Saint-Hubert, est la question de la prière. Nous en revenons à l’interrogation du cerf : Pourquoi ne vas-tu pas prier ? Dans ce monde rapide, instantané, la chasse est une parenthèse, celle du temps lent où l’on se retrouve avec soi-même. Prier devient plus simple, plus facile parce que rien ne nous dérange si ce n’est le parcours de l’animal chassé. La célébration d’un saint est alors une invitation à la méditation et la prière. L’on ne sait jamais ce qui se passe dans l’âme de son ami, de son voisin. Si comme Claudel qui eut une conversion spontanée un jour de Noël auprès d’un pilier de Notre-Dame, un chasseur rencontrait Jésus lors d’une messe de saint Hubert ou en forêt, ne serait-ce pas suffisant pour maintenir cette belle tradition ?

Notre Seigneur au milieu de nous

Au lendemain du 3 novembre, jour de la fête de saint Hubert, nous pourrions tenir le même langage avec sainte Barbe et les pompiers, saint Vincent et les vignerons, saint Michel et les parachutistes et tant d’autres saints qui protègent telle profession ou telle passion. Ces célébrations traditionnelles doivent être entretenues, promues parce qu’elles ont deux vertus complémentaires : réunir dans la joie les mêmes passionnés et rappeler la présence de Notre-Seigneur au milieu de nous, dans les actes quotidiens. Une bonne façon d’évangéliser.

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