Aliénor et Emmanuel frôlent le divorce, et se retrouvent en décidant de “vivre leur foi à deux”

Au départ, il s’agissait d’un simple portrait. Le portrait d’une "maman catho" qui met ses talents d’illustratrice au service de la mission et de la transmission de la foi, notamment à travers l'entreprise qu’elle vient de créer, À Tire d’Ailes. Mais très vite, Aliénor nous confie avec une grande sincérité et beaucoup d’humilité la genèse de son projet et le chemin chaotique qui l’a conduit d’un burn out total à la reconstruction de son couple, puis au lancement de son entreprise. "Ah non! Vous ne pouvez pas faire un portrait de moi dans Aleteia ! J’ai eu un parcours compliqué ces dernières années, on a frôlé le divorce, je ne suis pas du tout un modèle !", s’exclame-t-elle. Cela tombe bien. Aleteia n’a pas pour vocation d’ériger des modèles de perfection mais plutôt de révéler dans le quotidien de nos vies l’œuvre de l’Esprit saint, la présence de Dieu et l’immensité de son amour. Et c’est exactement ce dont témoigne Aliénor.

Mariée depuis 15 ans, mère de deux enfants, Aliénor est très investie dans sa paroisse et dans l’école dans laquelle elle fait le catéchisme. Élevée dans une famille pratiquante, elle s’est un peu éloignée de la pratique religieuse depuis son mariage. Mais au baptême de leur deuxième enfant, elle réalise soudain toute la mission qui leur incombe en tant que parents de transmettre la foi à leurs enfants. "Je suis retournée à la messe le dimanche, et j’ai commencé à m’investir dans l’éveil à la foi", confie-t-elle. Douée pour le dessin, elle crée des livrets de coloriages pour les plus jeunes. Quelques années plus tard, au fur et à mesure que ses enfants grandissent, elle monte un groupe d’aumônerie et prépare des adolescents à la confirmation. Fidèle à sa passion, elle fabrique des sweats pour les jeunes de l’aumônerie, ainsi que d’autres supports d’évangélisation. Puis elle devient animatrice en pastorale scolaire dans un collège et lycée, s’efforce de dynamiser la pédagogie, en imaginant notamment des activités créatives. Dans cette effervescence d’idées et de missions, elle "explose" au bout de la troisième année en tant qu’animatrice en pastorale. "J’ai pété un plomb, j’ai eu envie de tout envoyer balader, à commencer par mon mariage, je vivais ma foi dans mon coin, mon mari partageait peu cet aspect-là de ma vie, cela nous a éloignés, on vivait sur deux routes parallèles, j’ai remis en question notre sacrement de mariage qui, pour moi, ne voulait plus dire grand-chose à ce moment-là".

Il y a eu deux aides très précieuses dans le cheminement d’Aliénor et Emmanuel. D’abord le film de Steven et Sabrina Gunnell, Une seule chair, sur le couple et la sexualité. "Mon mari a insisté pour qu’on regarde ensemble ce film, je n’en avais aucune envie parce que je ne reconnaissais pas chez nous le mariage chrétien. Finalement, bien plus tard et après d’autres grandes difficultés, les témoignages entendus dans ce film me sont revenus, et cela nous a aidés à avancer, on n’était pas seuls", se souvient Aliénor. Quelques mois plus tard, le couple décide de participer à un parcours Tobie et Sara organisé par la communauté des Béatitudes. "Une sœur nous a accompagnés, elle a été notre ange-gardien, mais surtout, la session nous a donné à tous les deux un socle commun sur la vision du mariage."

Outre le film et la session pour les couples, le plus miraculeux, aux yeux d’Aliénor, c’est le chemin de conversion de son mari. "Jusqu’à il y a peu, la foi n’était pas un sujet entre nous, et pendant que je pétais un plomb, il a vécu une véritable conversion intérieure, ça nous a sauvés !" Depuis la session, Aliénor et Emmanuel ont décidé de "vivre leur foi à deux", d’avancer ensemble et de conserver quelques habitudes conseillées et mises en pratique lors du parcours Tobie et Sara : "On essaie de prier à deux le soir, on va à la messe ensemble le dimanche, et désormais, on choisit ensemble à quelles associations reverser une partie du bénéfice d’À Tire d’Ailes. Avant je décidais seule, maintenant, ça fait sens pour nous deux."

Avec le lancement, l’été dernier, d’À Tire d’Ailes, Aliénor a le sentiment d’un renouveau, pour elle et pour son couple. "Avec mes expériences en tant que graphiste pour l’Église et catéchiste, j’avais créé plein de supports qui dormaient dans les placards, j’avais envie de les mettre à la disposition d’un maximum de personnes, et pas seulement des chrétiens !", confie cette passionnée de la transmission de la foi. "Évangéliser, les jeunes notamment, me parle depuis longtemps. Et depuis toute petite, j’aime dessiner et j’ai toujours eu envie, grâce à la parabole des talents d’ailleurs, de faire fructifier ce don qui m’a été donné. J’ai à cœur de faire grandir la foi des autres, d’actualiser les codes et les supports de la transmission de la foi pour que les jeunes puissent vivre une vraie rencontre avec le Christ."

Un nouveau démarrage pour leur couple également. "Dans ce projet, Emmanuel me donne un coup de main, notamment pour la partie technique et commerciale", souligne-t-elle. Désormais, ils avancent main dans la main, posant "pierre après pierre". À l’instar du nom et du logo de sa nouvelle entreprise, Aliénor entend bien déployer les ailes de son couple, pour se tirer l’un l’autre vers le haut, en s’appuyant sur les ailes de l’Esprit saint.