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Il existe un Thésaurus (trésor en latin), paru aux Editions du patrimoine, qui rassemble tous les termes scientifiques utiles pour désigner les objets religieux du culte catholique. Dans ce lexique très pointu, la châsse est définie comme un « reliquaire en forme d’église, dans lequel est conservé une relique insigne ou parfois le squelette ou le corps entier d’un saint. Une châsse peut présenter plusieurs parois transparentes pour permettre de voir les reliques. » Ce mot est employé pour châsse-reliquaire, coffret-reliquaire ou reliquaire-chapelle. Les châsses (du latin capsa la boîte) reprennent la forme des sarcophages paléochrétiens et des cercueils. Très vite, ces coffres en bois sont ornés pour devenir de véritables chefs-d’œuvre d’orfèvrerie.
De magnifiques objets d’art sacré
Dans le top 10 des joyaux conservés in situ, on peut citer spontanément la châsse de Saint-Calmin dans l’église de Mozac (Puy-de-Dôme), la châsse dite de Pépin à Conques (Aveyron), celle de Saint-Etienne à Gimel-les-Cascades (Corrèze) ou celles du Trésor de la cathédrale Saint-Etienne d’Auxerre (Yonne). La châsse est un objet d’art qui ne se résume pas à sa valeur marchande. Il est la preuve matérielle d’une canonisation officielle menée à son terme. La châsse est avant tout un objet de dévotion présenté aux fidèles. Elle peut être portée en procession les jours de fête ou de grands fléaux, pour protéger la ville d’une invasion ou d’une épidémie. Voici quelques histoires de châsses plutôt singulières : des châsses produites en grand nombre, des histoires rocambolesques et des châsses XXXL contenant le corps entier du saint.
Une production en série
Après la canonisation de saint Thomas Beckett, archevêque de Cantorbéry, en 1173, de nombreuses reliques du saint furent distribuées dans toute l’Europe. Pas moins d’une centaine de châsses furent fabriquées pour abriter et transporter ces reliques. Il en reste une cinquantaine aujourd’hui, notamment au Louvre, au musée des Beaux-Arts de Lyon ou au musée Victoria et Albert de Londres. Au musée de Cluny, musée national du Moyen Âge, une châsse-reliquaire de saint Thomas Beckett, datée de la fin du XIIe siècle, montre le martyre et l’inhumation du chancelier d’Angleterre et archevêque de Cantorbéry, assassiné dans sa cathédrale par les émissaires du roi en 1170.
Quel trafic !
Les châsses voyagent, mais parfois quel trafic ! Les histoires rocambolesques ne manquent pas. Le Petit Journal du dimanche 27 octobre 1907 consacre sa Une à l’arrestation du « gang des auvergnats ». Les frères Thomas, écumeurs d’églises, avaient dérobé, entre autres, la magnifique châsse émaillée du XIIe siècle, dite de saint Etienne de Muret, à Ambazac (Haute-Vienne). Elle fut difficile « à fourguer » à cause de ses dimensions et de sa somptuosité… En effet, elle est richement ornée de cabochons de cristal, de pierreries et de plaques émaillées. En forme d’église, elle comporte deux étages et trois transepts et son programme iconographique figure la Jérusalem céleste. Rien que cela ! Elle se trouve de nouveau à l’église d’Ambazac après avoir été retrouvée en Angleterre, citée dans les aventures d’Arsène Lupin et exposée à New-York.
Pour le corps entier
A l’origine, les châsses étaient conçues pour contenir le corps entier du saint. A Nevers, une châsse de verre contient le corps intact de de sainte Bernadette, exposé dans la chapelle de Saint-Gildard. Le corps de Sainte Madeleine Sophie Barat (1779-1865), fondatrice de la congrégation des religieuses du Sacré-Cœur, a été rapatrié en France en 2009. Elle était morte en 1865 à Paris, boulevard des Invalides (actuel lycée Victor Duruy). Son corps avait été transporté en Belgique en 1904, en pleine période de politique anticléricale en France. La châsse en bronze doré de style néogothique a été réalisé en 1909 par un artiste de Gand. Elle repose désormais dans l’église Saint-François-Xavier (VIIe), au sein du quartier où elle avait œuvré.