Le 7 octobre, l’Église fête Notre-Dame du Rosaire, qui donna la victoire à la flotte catholique lors de la bataille de Lépante en 1571. Octobre est depuis dédié tout entier à l’invocation de la Mère de Dieu sous ce vocable particulier, qui renvoie au rosaire, prière promue par saint Dominique et plus souvent appelée « chapelet ». Pour honorer la Vierge Marie, voici justement un chapelet de chants mariaux des plus grands compositeurs ou d’autres moins connus. « Chanter, c’est prier deux fois » disait saint Augustin…et écouter ? Si le beau est un attribut de Dieu, nul doute que la sélection qui suit donnera à voir, grâce à Marie, un peu de la présence divine.
Le plus monastique
Le Sub tuum praesidium grégorien
« Sous ton voile de tendresse, nous nous réfugions » dit ce chant grégorien adopté par la liturgie latine depuis au moins le IXe siècle, époque d’émergence de ce genre musical monodique qui reste aujourd’hui la référence dans l’Église catholique latine et qui est perpétué en particulier par les communautés monastiques.
Le plus « Notre-Dame »
Ô Maria, Virginei de Pérotin
Méconnu, Pérotin (vers 1160-vers 1230) est un des maîtres de l’École de Notre-Dame. Alors que le chant grégorien est alors la norme, cette école musicale parisienne est à l’origine des premières polyphonies occidentales, dès la fin du XIIe siècle. Ce chant à Marie est un bel exemple de ce genre médiéval qui marque par sérénité.
Le plus baroque
Le Magnificat de Marc-Antoine Charpentier
Alors qu’elle visite sa cousine Élisabeth, enceinte comme elle, la Vierge Marie s’exclame : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur ! » Dans sa version baroque du Magnificat, Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) fait entendre la joie qui jaillit du cœur de celle qui a cru à la parole de Dieu.
Le plus classique
L’Ave Maria de Charles Gounod
Qui ne connaît pas ce morceau du Français Charles Gounod (1818-1893) ? Reprenant le premier prélude de Jean-Sébastien Bach, le compositeur écrit au-dessus la partition d’un Ave Maria, le Je vous salue Marie en latin.
Le plus français
Les Litanies de la Vierge noire de Rocamadour de Francis Poulenc
Éloigné de la foi depuis la mort de son père, Francis Poulenc (1899-1963) renoue avec Dieu par l’intermédiaire de la Vierge noire de Rocamadour. À peine a-t-il découvert ce sanctuaire lotois, en 1936, le voilà qui compose en une semaine des litanies adressées à Notre-Dame. Une prière qui demande notamment à la Mère de Dieu « le bonheur de la France ».
Le plus doux
L’Ave Maria dit de Giulio Caccini
Très classique, ce Je vous salue Marie marque par sa douceur. Il est connu sous le nom d’Ave Maria de Caccini… mais on le doit non pas au Florentin né en 1551 et mort en 1618 mais plutôt à Vladimir Vladilov (1925-1973), compositeur russe ! Ce qui n’enlève rien à la beauté de ce morceau…
Le plus entraînant
Le Salut, reine des anges, des moines de Keur Moussa
Fondée en 1963, fondation de la Congrégation de Solesmes, l’abbaye de Keur Moussa, au Sénégal, est connue pour ses compositions musicales. Il s’est agi, effectivement, d’acculturer la liturgie et notamment le chant grégorien. Mettant au centre de leurs chants la kora, instrument traditionnel mandingue, les moines la mettent ici au service de la prière à la Vierge Marie.
Le plus cinématographique
Le Beata viscera de James Horner
Adaptation du roman du même nom publié par Umberto Eco en 1980, Le Nom de la rose est sorti en 1986. Véritable plongée dans l’Église médiévale, sous la forme d’une enquête, l’intrigue permet de ressusciter des pièces de musique sacrée très répandues à l’époque. Notamment ce Beata viscera, composé par James Horner (1953-2015) connu pour ses bandes originales : « Heureuses les entrailles de la Vierge Marie qui ont porté le Fils du Père éternel » !
Le plus tragique
Le Stabat Mater de Jean-Charles Gandrille
La prière du Stabat Mater est à l’origine la séquence, désormais facultative, de la fête de Notre-Dame-des-Douleurs, le 15 septembre. Jean-Charles Gandrille, organiste et compositeur contemporain né en 1982, en a écrit une version magnifique. Les paroles latines évoquent douleur tragique de la Mère de Dieu qui se tient au pied de la Croix. Tout aussi tragiquement, ce chant a été le dernier morceau de musique sacrée joué dans Notre-Dame de Paris, la veille de l’incendie du 15 avril 2019, en la fête des Rameaux.
Le plus récent
Le Salve Regina de Christopher Gibert
En 2013, avec son chœur Dulci Jubilo et le son de l’orgue, Christopher Gibert (né en 1995) crée ce Salve Regina, renouvelant le répertoire de musique sacrée mariale, pour une des hymnes les plus prisées des compositeurs.