Après la période révolutionnaire, difficile pour les catholiques de France, le XIXe siècle est une longue renaissance pour l’Église hexagonale. Au point de construire de nouvelles cathédrales et d’imaginer un projet audacieux pour l’archidiocèse de Marseille : détruire un édifice roman et le remplacer par un immense bâtiment de style néo-byzantin, seule cathédrale de France entièrement construite au XIXe. Pour en poser la première pierre, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte lui-même vient visiter la cité phocéenne le 26 septembre 1852. La consécration n’aura pourtant lieu que vingt-cinq ans plus tard, en 1897.
Comme la cathédrale précédente, finalement conservée pour partie, la nouvelle église a la particularité de se situer au bord de la mer, entre le Vieux-Port et la Joliette. Une manière de rappeler que la cité et le diocèse ont une origine méditerranéenne ? La ville, fondée par les Grecs de Phocée vers 600 avant Jésus-Christ, reçoit la Bonne Nouvelle grâce aux amis du Sauveur, Lazare, premier évêque selon la tradition, et les saintes Marie. Cette proximité avec la Méditerranée lui vaut d’ailleurs le surnom de "Porte de l’Orient", un rôle qui a retrouvé toute son actualité l’an passé, lorsque Marseille a accueilli les rencontres méditerranéennes et le pape François.
Une architecture entre Orient et Occident
L’Orient et l’Occident prennent également forme dans l’architecture romano-byzantine de l’édifice imaginé par l’architecte Léon Vaudoyer. Coupoles et clochers, traditions grecques pour les premières et latines pour les secondes, surplombent des arcs néo-romans polychromes, autre héritage levantin.
Cette immense construction, longue de plus de 140 mètres, peut accueillir 3.000 fidèles. Une démesure qui s’explique par l’augmentation rapide de la population marseillaise, cinq fois plus importante en 1900 qu’en 1800. Une démesure qui correspond à l’élan apostolique de l’évêque d’alors, Eugène de Mazenod. Canonisé en 1995, cet aristocrate est considéré comme l’apôtre moderne de la Provence. Sa nouvelle cathédrale, Sainte-Marie-Majeur, habituellement surnommée "Major" par les Marseillais est le signe de l’élan qu’il a donné à l’Église locale, comme la construction de Notre-Dame de la Garde, entamée en 1853.