Le désir d’être en couple est normal et sain. Dieu lui-même n’a pas voulu que l’homme soit seul. Néanmoins, à l’adolescence, nul besoin de se précipiter. Car une amourette n'est pas anodine. D'autant plus si elle conduit à l'union des corps alors que les cœurs ne sont pas prêts. C’est l’âge où l’on commence seulement à se connaître et à découvrir le sentiment amoureux. Cet aspect nouveau représente un premier piège. Papillons dans le ventre et rouge aux joues ne suffisent pas pour décréter que l’autre est l’homme ou la femme de sa vie !
1Le piège de l'état amoureux
Le sentiment amoureux est un état fort agréable, surtout lorsqu’un adolescent le découvre pour la première fois, mais il ne s’agit pas encore d’amour. Pierre Mellot, dans son livre Vivre d’amour (Éditions de l’Emmanuel), distingue cinq aspects du sentiment amoureux : l’attirance physique, le caractère obsessionnel (on pense sans cesse à l’autre), le caractère admiratif (on idéalise l’autre et ses qualités), sa durée dans le temps et le fait de désirer une relation. Cependant, si le sentiment amoureux est un bon indicateur pour se lancer dans une aventure, il ne suffit pas pour envisager une relation à long terme. Être amoureux ne veut pas dire qu'on aime. L’ambition de l’amour véritable est bien plus large. Aimer est un acte qui engage à vouloir le bien de l’autre avant son propre bien. On peut donc amener un adolescent à se demander : Est-ce que je désire vraiment le meilleur pour l’autre à chaque instant de ma vie ? Ou bien est-ce juste agréable d’être amoureux ?
2le piège de l'attirance physique
Autre nouveauté pour un adolescent : l'attirance physique. Il est attiré par le corps de l'autre, il a envie d'être proche de l'autre, il est fasciné par sa beauté, son charme, sa force... Le désir est un des premiers signes d'une relation amoureuse mais cette dernière ne peut se réduire à la satisfaction de ce désir. C'est pourquoi l'attirance physique constitue un piège si le plaisir est l'unique raison de la relation. Cela nierait les autres dimensions de la personne que sont le cœur et l'âme. C'est là que l'éducation à la vie sexuelle et affective prend tout son sens. Si l'adolescent a appris à maîtriser son corps et ses pulsions, il sera plus armé pour ne pas se laisser prendre à ce piège. "Il ne s’agit pas de refouler ni de dompter la sexualité, comme une bête sauvage et malfaisante, mais de l’intégrer en devenant capable de relation, de communion, de don et d’amitié", soulignait Inès Pélissié du Rausas dans Aleteia.
3le piège de la captation
Est-ce que j’aime ou j’utilise l’autre ? On peut "utiliser" l’autre de diverses manières, qui sont toutes très éloignées de l’amour véritable : l’autre me donne une belle image de moi-même, il me procure du plaisir, il panse une blessure, il me permet d’accéder à une autre échelle sociale… Pierre Mellot évoque le piège de la "captation", consistant à utiliser l’autre pour soi-même. Une attitude qui va à l’encontre de l’amour authentique. Un jeune est tout à fait capable de s’interroger : suis-je avec l’autre pour obtenir quelque chose en échange ? par peur d’être seul ? Est-ce que nous ne faisons que nous utiliser pour un temps ?
4Le piège de l'amour canapé
Il arrive aussi de se complaire dans une situation où l’on est entre deux eaux, entre l’amour et l’amitié, que l’on peut appeler "l’amour canapé" et qui n’a rien de très excitant. On vit une amourette pour être en couple, pour voir ce que ça fait ; cela ne remplit pas de joie mais on s’en contente. Et puis aujourd’hui tout le monde est en couple, n’est-ce pas ? "Ça ne nous fait pas vibrer, ça ne guérit pas notre cœur, mais c’est si confortable", décrit Pierre Mellot. Une relation fausse qui ne fait pas grandir, au contraire. "Ces couples de canapé, c’est la rencontre de deux égoïsmes. Il faut parfois un courage immense pour dire non à ces petits couples, alors que tant de monde semble vivre ainsi", encourage-t-il.
5le piège de l'impatience
Dans un monde où la rapidité est reine, le piège de l'impatience est grand. Mais avant de s’engager plus avant dans une relation, il est bon de la jauger à l’aune du temps. Nul besoin, donc, de faire une émouvante déclaration ou de grandes promesses avant le clap de fin des vacances. Cela vaut la peine d’être patient et de voir si l’amour naissant survit à l’épreuve du temps et parfois de la distance. Le temps est "notre meilleur allié", affirme Pierre Mellot. "Pour prendre une bonne décision, on a besoin de la laisser mûrir". On a besoin de laisser évoluer le sentiment amoureux quelques mois, afin de distinguer une simple attirance d’un désir de tout son être. En d'autres temps et d'autres circonstances, saint Ignace de Loyola invitait à cette attitude toute simple mais pleine de sagesse : "Si on n’a pas la lumière pour aller à droite ou à gauche, on reste là en attendant que Dieu veuille bien manifester sa volonté".