L’église Saint-Martin-en-Val, à Chartres, n’a décidément pas fini de révéler tous ses secrets. Construite entre le Ve et le VIe siècle dans les vestiges du plus grand sanctuaire de la Gaule romaine connu à ce jour, elle fait l’objet depuis 2013 de fouilles archéologiques. Ce mercredi 19 juin c’est un sarcophage qui n’a pas été ouvert depuis 1.500 ans qui a été découvert. S'il est impossible à ce stade de connaître l'identité de la dépouille, plusieurs éléments laissent penser qu'il pourrait s'agir d'un "personnage religieux très important à l'époque mérovingienne".
C’est là tout l’enjeu de cette découverte. Si l’on sait qu’il s’agit d’un personnage mérovingien, il est trop tôt pour pouvoir l’identifier plus précisément. Les recherches précédentes ont montré que dans l’église peuvent aussi bien des clercs que des laïcs. “Il n’y a pas d’inscription sur le sarcophage, et il n’y a pas non plus d’éléments dans la tombe qui permettent d’identifier l’individu” souligne par ailleurs après d’Aleteia Mathias Dupuis, directeur de C’ Chartres Archéologie, en charge des fouilles archéologiques.
Des indices peuvent nous guider sur la voie
Toutefois, quelques éléments indiquent qu’il pourrait s’agir d’un des premiers évêques de Chartres. “D’après la localisation du sarcophage, si proche du cœur de l’église, on peut imaginer qu’il accueille la dépouille d’un personnage religieux très important à l’époque mérovingienne”, confie ainsi Mathias Dupuis. “C’est ici qu’auraient été inhumés les tout premiers évêques de Chartres au cours des VIe et VIIe siècles après Jésus-Christ.”
En effet, les évêques de Chartres ne reposent pas dans la cathédrale de Chartres. Cette dernière étant dédiée au culte de la Vierge, “il n’a jamais été concevable que cet espace puisse être souillé par la présence de sépultures”. Par ailleurs, on sait qu’au Moyen Âge, les évêques, avant de prendre leur siège dans la cathédrale de Chartres, passaient la nuit dans la crypte de Saint Martin-en-Val. Ainsi, il existe un lien entre cette église et les évêques de Chartres.
Les textes du Moyen-Âge relatent d’ailleurs le fait que le tombeau de Saint Lubin, évêque à Chartres au VIe siècle, a été inhumé dans l’église, mais son tombeau n’a jamais été retrouvé. Cependant, tient encore à rappeler Mathias Dupuis, il serait précipité de spéculer sur l’identification de la dépouille à Saint Lubin car son corps a sans doute été déplacé au cours du Moyen-Âge dans le cadre d’une translation de reliques. Les prochains mois vont être l’occasion de faire des analyses scientifiques sur la matière organique, les ossements et les morceaux de tissus retrouvés dans le sarcophage.