Faire une erreur de communication n’est plus pardonnable. Des excuses proposées sincèrement ne sont pas acceptées. Le temps est au bûcher médiatique et les pyromanes experts en la matière ne manquent pas pour souffler continument sur la braise afin de détruire tel ou tel personnage public. Parce qu’elle a froissé la susceptibilité des syndicats d’enseignants, en déclarant maladroitement "qu’elle en avait marre des heures d’absence non remplacées dans l’enseignement public", justifiant ainsi de mettre ses fils dans une école libre, en l’occurrence le collège Stanislas à Paris, Amélie Oudéa-Castéra vient de se faire retirer le ministère de l’Éducation nationale par Gabriel Attal, moins de quatre semaines après sa nomination.
Un amalgame nauséabond
Il faut dire que la ministre a eu droit un traitement très agressif dans certains médias, et notamment l’amalgame nauséabond avec les résultats de l’enquête administrative envers Stanislas, diligentée par feu le ministre Pape N’Diaye. Si un catéchiste a eu des propos totalement déplacé (il a été remercié très rapidement avec un signalement au parquet), c’est devenu la faute de Mme Oudéa-Castéra. Est venue ensuite la critique de la politique de recrutement de Stanislas pour ses classes préparatoires, où l’enfant de la ministre aurait eu un passe-droit. Pratique parfaitement connue de nombre d’établissements qui tentent de garder leurs meilleurs éléments en terminale, pour leur garantir une place en prépa. Puis on est passé à l’attaque contre son salaire à la Fédération française de tennis (en l’occurrence au même niveau que ses prédécesseurs), pour diriger une organisation dont on oublie qu’elle est propriétaire du tournoi de Roland-Garros et qui gère donc près de 450 millions d’euros de recettes par an.
En succombant à cette vendetta médiatique sans plus d’explication, est accréditée l’idée que tout est possible pour détruire quelqu’un.
Quand les attaques touchent vos propres enfants, on sait que les coups deviennent très durs à encaisser même en politique, et on ne sait ce qui est le moins dur pour la personne concernée : renoncer pour éviter des coups à venir incessants, ou tenir bon pour montrer que le lynchage n’est pas un outil au service de la vérité. Mais le pire, c’est que rien n’est dit sur la raison véritable du choix du couple Emmanuel Macron-Gabriel Attal concernant "AOC". Et donc on laisse dire que c’est une sanction et une rétrogradation, ce qui met au supplice la pauvre ministre qui est quand même conservée comme ministre des Sports et des Jeux olympiques. Le monde sportif s’en réjouira dans son ensemble, car Amélie Oudéa-Castéra a été jusque-là une remarquable pilote, et qu’elle va continuer à mettre toute son intelligence et son immense capacité de travail au profit de la réussite de l’olympiade de juillet prochain à Paris.
Tout est possible pour détruire quelqu’un
Quelle est la morale de toute cette histoire ? L’exécutif a eu tort de créer ce méga maroquin alors que les défis des deux ministères (Éducation et Sport-Jeux olympiques) sont immenses. Et le président de la République a probablement pris beaucoup de risque en mettant fin si vite à l’élan créé par Gabriel Attal rue de Grenelle en le nommant à Matignon. Nous avions deux ministres compétents et nous nous retrouvons avec un champ d’incompréhension et d’amertume. En succombant à cette vendetta médiatique sans plus d’explication, est accréditée l’idée que tout est possible pour détruire quelqu’un. Or c’est une grande chance pour la France d’avoir une femme de ce niveau prêt à servir la collectivité nationale. On fera également allusion ici à l’affaire Dussopt, ministre accusé de trafic d’influence par Médiapart, mis en examen et innocenté. Mais qui a été discrédité et qui n’a pas été reconduit dans la nouvelle équipe gouvernementale.
Le signal envoyé est terrible pour ceux qui ont envie de suivre Amélie Oudéa-Castéra et de s’engager en politique à un moment donné de leur vie. Ce n’est plus du courage qu’il faut, c’est de l’aveuglement quand on voit ce qui peut vous arriver à tout moment. Il ne faut pas s’étonner ensuite de voir que la classe politique a tendance à baisser de niveau et de compétence, preuve à l’appui avec certains députés fraîchement élus au Palais Bourbon qui sont totalement hors-sujet. Où est passé la notion de pardon ? Est-elle devenue un gros mot ? un état d’esprit incompatible avec le Dallas politique que nous vivons ? Les excuses ne servent plus à rien et l’erreur n’est plus humaine. Quel recul ! Quel appauvrissement du rapport à l’autre !
Une bonne nouvelle pour le sport français
Enfin, et de manière un peu égoïste pour le sport français, c’est une très bonne nouvelle que nous retrouvions une ministre pleinement consacrée à son sujet. Souhaitons qu’elle retrouve très vite ses esprits après tant de méchanceté déversée, et qu’elle continue son beau parcours. Si les Jeux olympiques sont la réussite que nous espérons tous, les péripéties d’AOC en janvier seront bien loin, et elle retrouvera son sourire de championne.