Plusieurs chrétiens ont été blessés à Jérusalem dans une attaque dans le quartier arménien, a annoncé le Patriarcat arménien de la Ville sainte dans un communiqué publié le jeudi 28 décembre. Il dénonce "une attaque physique, massive et coordonnée (...) lancée sur des évêques, prêtres, diacres, séminaristes et autres membres de la communauté arménienne à Jérusalem." Selon le Patriarcat arménien, un groupe d’une trentaine de personnes masquées et armées se serait introduit dans le quartier, blessant plusieurs religieux et civils de la communauté arménienne, dont certains "gravement".
Les informations sur l’attaque ont été confirmées par la police israélienne. "Il y a eu un incident malheureux au cours duquel des hommes arabes musulmans et des hommes de la communauté arménienne se sont battus dans la vieille ville de Jérusalem", a indiqué au Jerusalem Post la maire-adjointe Fleur Hassan-Nahoum. Selon le journal israélien, plusieurs personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles des Arméniens et des Arabes musulmans qui auraient mené l’attaque.
Des tensions autour d'un bail litigieux
Dans son communiqué, le Patriarcat a qualifié l’attaque de "réponse criminelle" à la plainte qu’il a déposée dans le cadre d’un litige qui l’oppose à des promoteurs immobiliers. Le 1er novembre, les autorités arméniennes avaient annoncé se retirer d’un contrat de bail cédant pour 99 ans un quart du quartier arménien à la société Xana Capital qui souhaite y construire une résidence de luxe. La société immobilière est par ailleurs soutenue par l’organisation Ateret Cohanim, qui milite pour une judaïsation de la partie est de Jérusalem. Signé en 2021, le contrat avait provoqué un tollé dans la population arménienne, et le Patriarcat avait fini par le dénoncer pour vice de procédure. Quelques jours après la dénonciation de l’accord, le terrain litigieux connu sous le nom de "jardin des Vaches" avait été investi par un convoi israélien afin d’y forcer le début des travaux. Mais la police n’a pour l’instant pas établi de lien entre l’attaque du 28 décembre et la plainte déposée par le Patriarcat arménien contre les promoteurs immobiliers.
"La menace existentielle du Patriarcat arménien est maintenant une réalité physique", a assuré le Patriarcat, craignant "une destruction violente" du quartier arménien. En conclusion du communiqué, les autorités arméniennes demandent l’ouverture d’une enquête contre les promoteurs immobiliers "pour avoir organisé leurs attaques criminelles continues sur le Patriarcat arménien et la communauté". La mise en œuvre du contrat de bail et du projet immobilier pourrait priver durablement la communauté arménienne de 25% de son quartier, où elle réside depuis le IVe siècle.