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La communauté catholique va-t-elle sortir de sa discrétion ?

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Première édition du "Dîner des Bâtisseurs", 30 novembre 2023.

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Hubert de Boisredon - publié le 04/12/23
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Le chef d’entreprise Hubert de Boisredon revient sur la première édition du "Dîner des bâtisseurs" à l’Élysée-Montmartre, auquel il a participé comme "ambassadeur" avec 400 autres décideurs et dirigeants catholiques.

Le projet du "Dîner des bâtisseurs", comme l’explique le journal La Croix du 1er décembre dernier, est né de quatre jeunes catholiques, âgés de 30 à 35 ans : Jérémie Berthon, responsable de la transformation et de l’engagement chez Axa France ; Louise Chaulin, conseillère en communication d’entreprise ; Stanislas Billot de Lochner, cofondateur d’Obole et de la Nuit du bien commun ; et Jonathan Langlois, créateur du podcast "Les Lueurs", soutenu par le diocèse de Paris. Ils ont rassemblé une cinquantaine d’ambassadeurs et de nombreuses autres personnes catholiques cherchant à incarner leur foi chrétienne engagées dans différents pans de la société : entreprise et économie, politique, santé, éducation, associations caritatives, sportives ou culturelles, institution de l’Église… L’objectif ? "Faciliter la rencontre des décideurs catholiques français, engagés au service du bien qui ne fait pas de bruit." 

Rendre visible les catholiques dans la sphère publique

Quel est l’enjeu ? Tout d’abord, rendre visible dans la sphère publique et encourager l’engagement parfois discret, mais essentiel, des catholiques en France. En effet, autant les juifs de France (Crif) ou la Fédération protestante de France organisent chaque année un dîner de ce type, autant les catholiques ne l’avaient jamais réalisé. L’un des organisateurs, en ouverture du dîner, clamait une évidence : "Imaginons de retirer l’ensemble des décideurs catholiques en France, cela créerait un grand vide dans l’économie et la politique française. L’impact négatif serait immédiat." Mais la communauté catholique étant discrète, parfois complexée, peu sont conscients de l’apport des catholiques dans la société française aujourd’hui.

Ce n’était pas un rassemblement des catholiques de droite, ni de gauche, mais une tentative de rassembler des personnes d’horizons divers.

Il ne s’agit pas pour autant de faire du bruit, tambour battant, pour imposer une reconnaissance. D’ailleurs, l’académicien François Sureau a interpellé les participants en expliquant que s’ils cherchaient à conquérir un quelconque pouvoir par un tel dîner, ils se trompaient. "Nous sommes les disciples de celui qui a tout raté, Jésus…", rappelait-il.  Le journal Le Figaro du 1er décembre, complète l’affirmation de l’écrivain : "La singularité des chrétiens c'est d'être en route, en chemin. Il s'agit de compléter par nos actions microscopiques l'œuvre invisible du Salut."

La diversité des participants

Ayant animé l’une des cinquante tables de la soirée, j’ai été frappé par plusieurs choses : tout d’abord, la diversité des participants. Ce n’était pas un rassemblement des catholiques de droite, ni de gauche, mais une tentative de rassembler des personnes d’horizons divers. Le témoignage oral de François Hollande, suivi par Nicolas Sarkozy sur leur vision du rôle des catholiques en France a donné le ton. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire était présent, tout comme Cécile Duflot, directrice générale de l’ONG Oxfam France et ancienne candidate écologiste à l’élection présidentielle de 2007. De même, si l’Église de France était représentée par le président de la conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, diverses sensibilités spirituelles se complétaient, des Scouts de France à la Fraternité Saint-Pierre, avec des représentants des communautés Saint-Martin, de l’Emmanuel, du Chemin-Neuf, de Fondacio, des Entrepreneurs et Dirigeants chrétiens, et de tant d’autres... Le père abbé de Cîteaux, en nous invitant à "respirer ce grand souffle du silence", a rendu présent les moines, témoins de ce bien invisible.

Un dîner n’est pas grand-chose en soi, mais c’est un signe pour rendre visible ce "bien qui ne fait pas de bruit".

Beaucoup ont été par ailleurs saisi par les témoignages de plusieurs jeunes. Sœur Albertine, qui rejoint la soif de la jeunesse par les réseaux sociaux, nous a invités à être témoins d’espérance, tout comme Janvier Hongla, fondateur de Fide, association de jeunes catholiques issus de milieux populaires. Personnellement, j’ai été bouleversé par le témoignage d’une jeune infirmière de la maison de soins palliatifs Jeanne-Garnier : "Je ne promets pas aux malades que la fin de leur vie sera facile, mais je leur dis qu’ils peuvent compter sur ma présence à leur côté jusqu’au bout."

Sans arrogance ni complexe

Que retenir de cette soirée ? D’abord sans doute la joie de rencontres gratuites entre décideurs. Chaque tablée, dont les participants étaient choisis au hasard, a été l’occasion pour chacun de partager son chemin humain et spirituel, sa foi en Jésus et la raison de sa présence à ce dîner. Et puis, combien touchante a été la qualité du service du traiteur Biscornu, créé par Olivier Tran, qui rassemble des personnes handicapées.

Un dîner n’est pas grand-chose en soi, mais c’est un signe pour rendre visible ce "bien qui ne fait pas de bruit". C’est une invitation à l’audace des décideurs catholiques pour être pleinement eux-mêmes sans peur, sans arrogance ni complexe, en mettant leur foi avec humilité au cœur de leur engagement sociétal. Notre monde a besoin je crois, que nous, chrétiens, "rendions témoignage de l’Espérance qui est en nous", comme nous y invitait le pape Jean Paul II. Cet événement ponctuel sera reconduit l’automne prochain : voici une bonne nouvelle ! J’ai déjà hâte d’y participer à nouveau. 

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