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Uniforme, patrouilles… Quand la méthode scoute s’applique à l’école

École-Hameau

A l'École-Hameau, l'élève manipule, observe, il est dans le concret.

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Mathilde de Robien - publié le 24/09/23
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Au cœur d’un vaste projet éducatif, social et familial lancé en 2020 dans le petit village de Bourrou, en Dordogne, une école indépendante accueille pour la première fois cette année une vingtaine d’élèves. Sa particularité ? Éduquer selon la pédagogie scoute, inspirée du père Jacques Sevin.

Une "Maternelle des bois", des badges, des patrouilles, un uniforme… Non, il ne s’agit pas d’un camp scout mais bien d’une école. Ouverte en mars dernier pour les élèves de maternelle et en septembre pour les élèves de primaire, l’École-Hameau compte actuellement 19 élèves. Un projet initié en 2020 par Pierre-Joseph Rubino, soutenu et accompagné par une vingtaine de proches et amis désireux de mener une vie simple, fraternelle, proche de la nature, et d’offrir à leurs enfants un cadre où ils puissent développer toutes les dimensions de leur être.

Un projet de longue haleine qui a démarré en mars 2020 avec la reprise et la réhabilitation du Foyer Notre-Dame des Pauvres, un ancien orphelinat transformé en pensionnat pour personnes âgées, en déshérence depuis sept ans. 3.000 m2 de bâtiment et 13 hectares de terrain au cœur du village qui abritent aujourd’hui une école, une ferme pédagogique, une chapelle ainsi que des camps de jeunes et des chantiers participatifs l’été.

L’École-Hameau
Le Foyer Notre-Dame des Pauvres s'étend sur 3.000 m2 de bâtiment et 13 hectares de terrain, au Bourrou (Dordogne).

Rémi Laroche, marié et père de famille, a ses cinq enfants, âgés de 3 à 10 ans, scolarisés à l’École-Hameau. Il est un des premiers à avoir tout quitté, son travail et sa vie bordelaise, pour rejoindre Pierre-Joseph Rubino et s’installer au Bourrou. "Nous étions scouts ensemble, et lorsqu’il nous a parlé de son projet, ma femme et moi avons été convaincus par la pédagogie scoute qu’il souhaitait mettre en œuvre ici, au quotidien. C’est un changement de vie que nous ne regrettons pas. Nos enfants sont en contact avec la nature, le réel, ils sont épanouis, et contents d’aller à l’école !", confie-t-il.

À l’initiative du projet, Pierre-Joseph Rubino, 39 ans, scout dans l’âme et fin connaisseur du père Jacques Sevin, le fondateur du scoutisme catholique français. Après plusieurs expériences en tant que graphiste en entreprise, enseignant en histoire-géographie et même hôte d’un couvent – le temps d’écrire une biographie sur le père Sevin –, il concrétise son désir de créer une école fondée sur le scoutisme au sein d’un environnement "équilibré et équilibrant". "L’objectif est de créer un contexte social favorable à l’épanouissement de l’enfant", explique-t-il à Aleteia. "Le proverbe dit qu’il faut un village pour élever un enfant. Le père Sevin évoque l’atmosphère familiale qui doit régner dans une école. A nous donc de fournir un environnement stable et de créer du lien, de l’harmonie entre les différents acteurs de l’éducation de l’enfant".

Une approche concrète et sensorielle

Outre l’aspect communautaire du lieu, c’est aussi l’approche pédagogique mise en œuvre à l’École-Hameau qui séduit les familles. À l’École-Hameau, un élève ne reste pas assis sur sa chaise toute la journée. Il manipule, il observe, il est dans le concret. Lorsqu’il s’agit d’apprendre ce qu’est l’aire d’un rectangle par exemple, les élèves se lèvent pour prendre des mesures et calculer la surface de la salle de classe. Le latin est enseigné de manière vivante dès le CE2 : ils conversent avant d’apprendre la grammaire latine.

L’histoire est enseignée de manière chronologique, à l’aide de tableaux synoptiques (qui font correspondre les rois de France, les saints, les faits politiques…). La géographie se découvre à l’appui de cartes, dessinées ou réalisées en relief par les élèves. "Aujourd’hui, les enfants vivent bien souvent entre quatre murs, sur leurs écrans. Éveiller les sens, s’ancrer dans le réel, cela nourrit l’imagination et stimule la mémoire. Il faut connaître les choses par les sens pour nourrir l’intelligence", souligne Pierre-Joseph Rubino.

ECOLE HAMEAU
Maternelle des Bois, mars 2023.

À l’école maternelle, la grande majorité de l’enseignement se fait à l’extérieur. Hugues P., ancien maraîcher, marié et père de trois filles, a abandonné son activité pour se rapprocher de l’école. Il avait entendu parler du projet par la paroisse. Leurs deux aînées fréquentent la "Maternelle des Bois" depuis mars dernier. "Le projet pédagogique nous a convaincus. Nous avons très vite constaté un bond dans le développement de leur imagination, de leur créativité. Elles sont plus enclines qu’avant à jouer dehors, à inventer des jeux à partir de rien", témoigne-t-il.

L'esprit scout

L’âme du père Jacques Sevin n’est pas loin ! L’École-Hameau, dénommée aussi la Maison Jacques Sevin, applique les méthodes éducatives du fondateur du scoutisme français, qu’il a lui-même transposées à l’école qu’il a créée en 1948, la Maison Française. La pédagogie scoute se manifeste ici à travers l'enseignement concret évoqué plus haut, une loi positive - plutôt qu'un règlement rempli d'interdits - et une devise : "Francs du cœur".

À l’instar de la progression scoute, un système d'organisation vise à souder et responsabiliser les élèves. Ces derniers sont organisés en équipes, notamment pour les services tels que le ménage, le service de la table etc… Chaque enfant reçoit une responsabilité à sa hauteur. "Comme dans la pédagogie scoute, il y a une bienveillance des plus grands envers les plus petits", souligne Louis Millet, directeur général de l’École-Hameau. Les élèves passent également des "badges" plusieurs fois dans l’année. Une manière de célébrer un résultat obtenu, une compétence acquise, la réalisation d’un ouvrage…

L’uniforme de l'Ecole-Hameau comprend un béret, une veste d’artisan et une chemise-vareuse traditionnelle.

Enfin, le port de l'uniforme, cher à Jacques Sevin, garantit la modestie et renforce le sentiment d'appartenance au groupe. Sa confection est en cours pour les élèves de l'École-Hameau. "Nous avons voulu adapter les costumes traditionnels périgourdins en les rendant actuels, pratiques et portables au quotidien par les enfants", explique Pierre-Joseph Rubino. L'uniforme comprend notamment un béret, couvre-chef typique du Sud-Ouest, une veste d'artisan et une chemise-vareuse traditionnelle. Il est prévu un uniforme très simplifié pour le quotidien, et un uniforme de cérémonie.

Un rayonnement spirituel

En s’inscrivant dans ce projet, les familles sont invitées à vivre et à grandir dans la foi catholique. Le Foyer possède une chapelle. Des cours de catéchisme, des pèlerinages, des messes hebdomadaires, des temps de prière sont proposés, en lien avec des prêtres de la Fraternité Saint Pie X (FSSPX). Les familles désirent partager une vie à la fois fraternelle et spirituelle. Elles y voient aussi une manière d'offrir une certaine cohérence entre la foi vécue à la maison et la foi vécue à l’école. Un aspect qui a été décisif pour Hugues P. : "En premier lieu, c'est vraiment la transmission des valeurs chrétiennes qui nous a poussés à inscrire nos filles à l’École-Hameau."

L’École-Hameau
Les familles sont invitées à vivre et à grandir dans la foi.

Et Louis Millet de constater de nombreux fruits apostoliques. "Nous sommes témoins de belles progressions spirituelles, chez beaucoup de personnes, plus ou moins éloignées du projet. Il y a eu, dans le sillage de l’œuvre, des conversions, notamment chez de jeunes adultes. Je pense à une jeune fille de 21 ans, très éloignée de la religion, qui a demandé à faire un stage parmi nous, puis qui nous a accompagnés lors d’un pèlerinage et a été marquée par la beauté de la messe, le bon moral des pèlerins, l’entraide… Elle disait venir d’un monde "vide". Elle a depuis fait sa première communion et sa confirmation."

Un projet qui n’est pas encore terminé. Des travaux sont nécessaires afin d’agrandir l’école et restaurer l’ensemble du bâtiment pour y loger des activités annexes. A terme, l’idée est en effet de créer un écosystème autour de l’école, afin que des projets tels que la ferme, le portage de repas, le logement de personnes âgées… puissent soutenir financièrement l’école.

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