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Ce lundi 10h06, le départ est désormais prévu gare Saint-Lazare, par un train de la Région Normandie. Pourtant, tout, des dates du périple, à la destination finale, en passant par les participants, a changé depuis le 21 décembre où l’idée du pèlerinage est née chez Pierre et Antoine. Ils voulaient aller à Lourdes depuis l’abbaye de Lagrasse, ils iront finalement de Bernay à Lisieux. Une trentaine d’amis ont été invités ; beaucoup ont décliné ; seuls cinq ont manifesté leur intérêt ; finalement une seule participera : une jeune femme, prénommée Alma, salariée d’une startup. Elle a fait le choix de poser cinq jour de vacances pour accompagner les deux compères à l’initiative de la démarche, "comme une évidence". "Je vais au lieu de tous mes combats", avoue-t-elle avec simplicité, inquiète à l’idée de mendier et de découvrir la vie du Carmel.
Pierre espère "aller à la rencontre des normands pour témoigner et intercéder". Paradoxal, Antoine recherche quant à lui à "dépendre complètement du Bon Dieu, sortir de son confort, s’oublier, c’est toujours les meilleures vacances !". Tous trois ironisent avec cœur "puisque les ordres prêcheurs et mendiants galèrent dans leur boulot, on prend le relais !".
Leur entreprise nécessite une certaine docilité. La veille du départ, le dimanche, les trois amis ne savent pas encore quel train choisir. Mais à 19h, leur organisation est enfin fixée : cinq jour de marche, 50 kilomètres, de Brionne à Lisieux en mendicité totale. Seule richesse en poche : un paquet de 50 médailles miraculeuses, couleur or, de la rue du Bac à Paris, offert quelques jours plus tôt par une bienfaitrice de 95 ans acquise à leur sainte cause.
Affronter les embûches
Partir pour cinq jours d’évangélisation ne se fait pas sans combat. Les trois jeunes vont l’expérimenter avec force. Trente minutes avant leur départ, Pierre prévient de son retard dû à une panne de RER. Antoine de son côté doit courir jusqu’à la Gare car une réunion de dernière minute a désorganisé sa matinée. Tous trois sont fatigués en ce début de semaine, l’anxiété rode. Le découragement guette.
"Je suis comme un vrai petit enfant […] Je ne pense rien, je suis contente d’aller au Ciel, voilà tout !".
Finalement, seuls deux monteront à bord du train. Pierre, arrivé trop tard, reste à quai. Malheureusement aucun train ne se rend plus à Brionne. Les amis s’appellent. "Antoine, je n’ai plus que 5% de batterie, le mieux est que l’on se retrouve à Bernay". La nouvelle destination diminue le trajet de plusieurs kilomètres. Les voyageurs doutent, hésitent avec d’autres gares, se questionnent sur le tracé initial du pèlerinage et s’inquiètent de ne pas se retrouver à temps. Les téléphones se brouillent. Il pleut. L’un d’eux tranche : "Ce sera Bernay, nous t’attendront pour commencer tous les trois !".
Une prière émue devant le tabernacle
Les deux premiers arrivés se mettent en quête d’un prêtre pour faire bénir les médailles miraculeuses à destination des personnes rencontrées. Après trente minutes d’enquête et de rencontres, le presbytère est trouvé. La pharmacienne, un voisin de l’Église, tous témoignent de la merveille qu’est ce prêtre qui "donne envie de croire". L’impatience du binôme est à son comble en sonnant à la porte de la cure. La cuisinière ouvre : "Le père Nicolas est absent jusqu’à demain".
Pierre, Alma et Antoine sont finalement réunis une heure plus tard et décident de partir de Bernay pour entamer leur mission. À une fenêtre entrouverte, une famille modeste leur offre de l’eau. Parmi eux, Yumi, une petite fille au regard de Ciel. Ses joues deviendront roses lorsqu’Antoine lui offrira une médaille. "Sainte Marie veillera sur toi".
Après une prière devant le tabernacle de l’Église Sainte Croix surplombée par un vitrail de la Vierge en majesté, les voilà lancés sur une route inconnue tracée pour eux avec soin. Et sainte Thérèse de Lisieux leur murmure déjà : "Je suis comme un vrai petit enfant […] Je ne pense rien, je suis contente d’aller au Ciel, voilà tout !".